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Déchets nucléaires : un rapport d’experts sonne l’alerte sur les risques de saturation en France et dans le monde


Greenpeace France a publié fin janvier un rapport intitulé « La crise mondiale des déchets nucléaires ». Nous republions ici le communiqué de l’association qui alerte sur les difficultés de gestion et de traitement de ces déchets dont le volume augmente constamment.

Rédigé par plusieurs experts internationaux et indépendants, ce texte propose un tour d’horizon des politiques à l’œuvre en matière de gestion et de stockage des déchets en mettant l’accent sur les déchets de haute activité. S’appuyant sur le cas de sept pays fortement nucléarisés (Belgique, France, Japon, Suède, Finlande, Grande Bretagne et États-Unis), le rapport analyse la chaîne du combustible du nucléaire dans ces différents pays et met en lumière la quantité colossale de déchets produits à chaque étape, ainsi que l’absence totale de solution satisfaisante et sûre pour gérer ces déchets dans chacun des pays.

Pour Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France : “Il n’existe pas de solutions sûres pour gérer les déchets nucléaires, en particulier les plus radioactifs, de façon définitive. Pourtant, la France continue à en produire en masse, sans remettre en question le modèle nucléaire qui s’essouffle toujours plus et pollue aux quatre coins du globe. Un nucléaire sans solution pour ses déchets c’est comme un avion sans piste d’atterrissage”.

Trois facteurs principaux contribuent à l’urgence de la crise mondiale des déchets nucléaires :
• L’accumulation continue de ces déchets : depuis soixante ans, de l’extraction de l’uranium au retraitement, le combustible génère des stocks de déchets qui s’accroissent d’année en année. On estime qu’actuellement dans le monde entier, il y a 2,4 milliards de tonnes de résidus de traitement d’uranium et 370 000 tonnes de métal lourd (tML) de combustible usé [Voir page 34 du rapport].
• La présence, parmi ces déchets particulièrement toxiques pour la santé et l’environnement, de « déchets de haute activité à vie longue » qui resteront radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d’années.
• Les coûts liés à la gestion et au stockage de ces déchets qui ne font qu’augmenter à mesure que les exigences de sûreté nucléaire se renforcent.

En 2019, ces questions seront au centre du débat national sur la gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR). Dans ce contexte, le rapport apporte un éclairage spécifique sur la situation française qui fait face à un double problème : la saturation du stockage à l’usine Orano de la Hague, mais également les limites du projet Cigéo à Bure.

Concernant la France, le rapport démontre qu’elle est de plus en plus isolée dans sa politique de retraitement des combustibles, les autres pays ayant abandonné cette option trop coûteuse et à l’efficacité douteuse [2]. Dans les faits, en moyenne moins de 1% des 1200 tonnes de combustibles usés produits chaque année en France sont réutilisés, produisant des déchets toujours plus radioactifs venant s’ajouter à la masse déjà existante [3].
De même, le rapport rappelle les nombreuses failles du stockage de type géologique qui reste pourtant l’option privilégiée dans les sept pays à des stades plus ou moins avancés (risques d’incendie, d’explosion, de contamination des eaux etc.)

Pour Yannick Rousselet : “Nous savons aujourd’hui que le retraitement des déchets est un leurre et que dans les faits, les plus dangereux s’accumulent au fil des années sur tout le territoire français. La vérité c’est que nous arrivons à une situation critique liée à la saturation des piscines de stockage. Pour autant, opter pour l’enfouissement profond serait une erreur grave car on ne pourrait pas revenir en arrière. Pour l’heure, l’urgence est d’engager la France vers une sortie du nucléaire et de sécuriser ces déchets en choisissant une option réversible”.

Pour toutes ces raisons, Greenpeace France demande :
• L’abandon des projets Cigéo à Bure et de la piscine centralisée d’EDF au profit d’un entreposage à sec en sub-surface.
• L’abandon immédiat de la politique de retraitement des déchets.
• La requalification de certaines matières comme le MOX et l’URT (uranium de retraitement) en déchets radioactifs.
• L’arrêt du cercle vicieux de la production de déchets nucléaires par une sortie définitive du nucléaire.

Consulter le rapport dans son intégralité ici :

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