La situation de la faune sauvage en Martinique préoccupe les scientifiques puisqu’une publication récente montre que 15 % de 427 espèces étudiées présentes sur l’archipel sont menacées d’extinction. Cette conclusion émane de la Liste Rouge des espèces menacées de la faune martiniquaise établie par le Muséum Nationale d’Histoire Naturelle (MNHN) et le Comité Français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Cette mise à jour de la liste rouges des espèces menacées de Martinique montre l’ampleur de l’érosion de la biodiversité sur ce département d’Outre-Mer, en particulier en ce qui concerne la faune sauvage.
« Les protections réglementaires, les programmes de conservation du Parc Naturel Régional de la Martinique et des associations ont permis de limiter l’aggravation du phénomène », affirme Florian Kirchner, chargé de programme « espèces » au Comité français de l’UICN. Mais, malgré ces mesures, la pression sur les écosystèmes locaux s’accentue en raison de l’urbanisation, de l’assainissement des marais, de l’expansion des activités agricoles et touristiques, de la pollution par le chlordécone, de la pollution lumineuse ou encore de la pêche. De fait, selon cette mise à jour de la Liste Rouge pour la Martinique, 15 espèces ont déjà disparu, 62 sont menacées et 56 autres sont quasi-menacées sur ce territoire.
« Certaines espèces qui vivent seulement en Martinique sont aujourd’hui au bord de l’extinction », commente Florian Kirchner. Certaines espèces sont très connues comme la tortue verte (Chelonia mydas) et d’autres moins, alors qu’elles sont pourtant uniques. Parmi ces espèces endémiques figurent le moqueur gorge-blanche, (un petit oiseau), le pleurodonte déprimé (un escargot) et l’allobate de la Martinique (une petite grenouille vivant uniquement sur les pentes de la montagne Pelé). Toutes les 3 sont en danger critique d’extinction. « « Ces 3 espèces et d’autres particulières ne doivent pas disparaitre de la Martinique, sinon elles disparaitront de la planète » rappelle le spécialiste de l’UICN qui note que 13 % des espèces de la Martinique sont endémiques.
Pour dresser cette liste, les scientifiques ont ainsi passé en revue les oiseaux, les mammifères, les reptiles, les amphibiens, les mollusques terrestres et d’eau douce, les poissons et les macro-crustacés d’eau douce, les libellules, les papillons de jour, les mantes, les phasmes et une partie des coléoptères.
« Les personnes qui ne sont jamais allées en Martinique ne sont pas forcément sensibilisées au fait que des espèces très rares et menacées y vivent », répond Florian Kirchner interrogé sur la difficulté d’aborder le sujet à cause de l’éloignement géographique avec la métropole sans inciter dans le même temps les touristes à se rendre sans garde-fous sur l‘île avec donc un impact conséquent sur l’environnement. « Notre travail avec l’UICN et le MNHN consiste à identifier les espèces les plus menacées pour que l’État et les acteurs locaux mettent en place des actions de protection. Nous voulons aussi faire prendre conscience à chacun que nous avons un patrimoine naturel remarquable en France. C’est vrai dans l’hexagone et encore plus en Outre-Mer. C’est notre responsabilité d’agir et de protéger ces espèces ».
Julien Leprovost
Article édité et modifié le 4 mai 2020 afin d’y remplacer la mention d’un parc national qui n’existe pas en Martinique, mais en Guadeloupe, par celle du Parc Naturel Régional de Martinique
3 commentaires
Ecrire un commentaire
Méryl Pinque
Conclusion : l’humanité est incompatible avec le vivant.
Nous sommes la mort. Nous la donnons et nous la semons.
Vila Marcel
On ne parle jamais du bruit parmi les pollution qui nuisent à la biodiversité .j’ai constaté depuis le confinement un retour des poissons en bordure de côte et je l’attribue au silence du a la bien moindre fréquentation de la mer avec des engins motorisés .
Qu’en pensez vous ?
lefevre
Méryl Pinque, je suis contre l’autoflagellation, changer son comportement et prendre conscience que nous ne formons qu’une seule espèce, celle de la vie est une bonne chose, diaboliser l’humain est contre productif, non?