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Climat : quand la finance engage Total à aller plus loin

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Mer du Nord (Est Shetland) Plateforme offshore Total Oil Marine © Yann Arthus-Bertrand

Meeschaert Asset Management, un des pionniers de l’investissement responsable en France et partenaire de la Fondation GoodPlanet a pris la tête d’une initiative visant à « envoyer un signal fort » au groupe Total (bailleur d’un projet d’amélioration de l’accès à l’énergie porté par le programme Action Carbone Solidaire de la fondation GoodPlanet) afin que celui-ci renforce ses efforts pour lutter contre le changement climatique. En pratique, Meeschaert, associé à onze autres sociétés de gestion actionnaires du groupe Total, a utilisé ses droits de vote pour déposer le 15 avril dernier, une « résolution climat » auprès du conseil d’administration de l’entreprise. Censée être présentée à l’Assemblée Générale de Total le 29 mai prochain, la résolution demande concrètement au groupe pétrolier « d’aligner ses activités avec les objectifs de l’Accord de Paris » en fixant des buts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, directes mais aussi indirectes, liées à ses activités.

Cette initiative, qui constitue une première en France en termes d’engagement actionnarial, – une approche en général plus prisée par les investisseurs anglo-saxons – ouvre un débat majeur sur le périmètre de la responsabilité sociale des entreprises. Selon la coalition d’investisseurs emmenée par Meeschaert, Total doit étendre ses efforts de réduction de son empreinte carbone au-delà de ses engagements pris sur ses activités de production, de transformation et d’achats de produits énergétiques, et inclure dans sa stratégie climat des objectifs et des mesures de réduction des émissions de CO2 liées à l’utilisation des carburants (émissions indirectes dites de « scope 3 »). Pour les dirigeants de Total en revanche, c’est aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités et d’envoyer un « signal fort » susceptible de réduire durablement l’usage des carburants. Ce qui revient bien entendu à « enterrer » la question puisque l’épisode des gilets jaunes a démontré combien il est délicat pour le gouvernement d’imposer de nouvelles taxes climat sur les carburants.

La sortie de crise du Covid-19 devrait exacerber cette question clé du périmètre de responsabilité dans un contexte où la plupart des acteurs économiques appellent à renoncer ou suspendre la fiscalité environnementale effective ou en projet afin de compenser les effets de la crise et de faciliter la reprise économique. Une option que rejette la Fondation GoodPlanet qui estime que les entreprises, comme les États doivent au contraire combiner et redoubler leurs efforts pour engager l’économie dans une transition énergétique et écologique juste. Loin de réduire l’urgence écologique, le drame planétaire du Covid-19 met au contraire en lumière le lien étroit entre les crises écologiques et sanitaires. Les responsables en sont notamment la déforestation qui met l’homme au contact d’espèces et de bactéries nouvelles, la pollution de l’air (les émissions de SOx pour oxydes de soufre, Nox pour oxydes d’azote et particules fines augmentent la viscosité du sang qui aide à fixer les virus) qui tue déjà environ 50 000 personnes chaque année en France seulement), la pollution électromagnétique qui interfère avec la physiologie humaine et bien sûr le changement climatique qui est un accélérateur des pandémies tropicales qui devraient toucher plusieurs milliards de personnes au XXIème siècle. La crise actuelle ouvre l’opportunité de repenser à la fois nos modes de vie et nos modèles économiques et d’aller plus vite et plus loin dans la transition climatique.

Stéphane Voisin, membre du conseil scientifique de la Fondation GoodPlanet, enseignant-chercheur sur la finance durable

Un commentaire

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    • SOLINHAC

    Bonjour,
    J’ose intervenir car je pense qu’il est injuste de s’en prendre uniquement au Groupe Total, qui a lui seul ne peut résoudre tous les maux de la planète. Total fait déjà de nombreux efforts pour une reconversion vers des énergies nouvelles et plus respectueuses. Je pense qu’il serait temps que tous les gouvernements de la planète ainsi que les plus riches qui oeuvrent uniquement pour leur portefeuille entreprennent des actions humaines et responsables pour sauver notre planète. Quite à laisser un peu de leur argent pour cela. Il y a bien des choses à dire et à faire….

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