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Léopoldine Charbonneaux, directrice du CIWF France : « il est temps de changer notre système d’élevage »


Léopoldine Charbonneaux, directrice du CIWF France (Compassion in world farming)

Léopoldine Charbonneaux, directrice du CIWF France (Compassion in world farming) alerte sur les dangers sanitaires de l’élevage industriel et intensif. Dans cet entretien, elle explique en quoi l’élevage industriel devrait être remis en cause.

Dans une tribune publiée sur le site du CIWF, vous vous élevez pour dénoncer un système d’élevage devenu dangereux pour la santé humaine. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, nous nous sommes enfermés dans une course à la productivité qui est devenue un cercle vicieux. Après la guerre, nourrir toute la population était compliqué, certes, mais au fil des années, la consommation de viande n’a cessé d’être encouragée, plusieurs fois par jour. La production a été soutenue à coups de subventions. La consommation d’engrais, de terres et d’eau a depuis sans cesse augmenté, pour fournir soja et maïs à un bétail de plus en plus nombreux. Et nous avons fait de tels progrès en productivité qu’on a créé des truies qui donnent naissance aujourd’hui à plus de porcelets qu’elles n’ont de mamelles ! On a éliminé des dizaines de races rustiques pour obtenir des animaux moins résistants mais capables d’avoir 3 portées par an. Tant pis s’ils ne vivent que deux ou trois ans.

Vous expliquez que ce schéma n’est pas viable économiquement…

Non, et je vais vous donner deux exemples. Pour 100 calories végétales produites et données à l’animal, on retire seulement 17 à 30 calories animales pour l’humain. Autre exemple : alors qu’autrefois les vaches pouvaient donner du lait et de la viande, on les a spécialisées, soit viande, soit lait, retirant la moitié de ce qu’elles peuvent offrir à l’homme. Nous avons appauvri l’immense diversité que nous offrait la nature – les poulets par exemple sont majoritairement produits par 3 grands groupes à partir d’une dizaine de croisements alors qu’il existait des  milliers de races. En fait nous produisons plus en nombre, mais nous perdons énormément de la richesse que pourrait nous apporter la diversité des animaux. Et en se concentrant sur le nombre, nous engendrons des catastrophes, comme les virus qui trouvent de formidables clusters dans les élevages intensifs. Aux Etats-Unis, les CDC (Centers for disease, control and prevention) estiment que 3 nouvelles maladies infectieuses sur 4 proviennent  des animaux.

Pensez-vous que le Covid-19 va provoquer un sursaut chez les décideurs politiques ?

Je le souhaite. La crise actuelle rend envisageables des changements drastiques dont nous avons besoin. Par exemple, il ne faut plus verser de subventions publiques aux industriels de la volaille, inscrire plus fortement la question du bien-être animal dans la nouvelle version  de la PAC (Politique agricole commune, en Europe). Pour l’instant, la France ne consacre pas un euro spécifiquement à cet enjeu. Il faut renverser les logiques. En France, nous conseillons également de lancer une politique volontariste de remaillage territorial pour les abattoirs, restaurer les races rustiques, cesser les moratoires sur les questions clés. Quand vous voyez à quel point il faut se battre pour obtenir ne serait-ce qu’une meilleure information du consommateur ! L’étiquetage des œufs (de O à 3, selon qu’ils sont bio ou proviennent de poules élevées en plein air, au sol ou en cage), par exemple, n’a été obtenu que pour ceux vendus en boîte. Il a été refusé pour tous les produits qui utilisent des œufs dits « ingrédients » : les gâteaux, les pâtes… Or ces œufs-là proviennent de poules en cage, qui représentent plus de 50% des poules en France. Le consommateur ne le sait pas. Pas plus qu’il ne connaît le coût réel de la viande : il ne voit pas les coûts engendrés par les subventions ou les frais de santé. C’est pourtant lui qui paie, in fine. Je ne peux qu’espérer que les petits pas que nous avons faits jusque-là se transformeront en une vraie politique volontariste.

 

Propos recueillis par Sophie Noucher

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La disparition des vaches, reflet de l’érosion de la biodiversité domestique

11 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Michel CERF

    Les choses ne peuvent changer qu’avec la volonté des consommateurs , on ne produit pas ce qui ne se vend pas .

    • Chaumien Maurice

    Quand nos théoriciens auront compris, la vie naturelle pourra à nouveau être vécue. Les boulimiques de la fausse monnaie en crèveront

    • Méryl Pinque

    C’est surtout notre alimentation qu’il faut changer.
    Le CIWF est une association spéciste, et donc honteuse.
    La moindre des choses que nous devons aux animaux nonhumains, êtres doués de sentience et donc pourvus de droits fondamentaux inaliénables, c’est de ne pas les consommer.
    Une seule solution : le véganisme.
    Un végan épargne les animaux, mais aussi la planète et sa santé.
    Quelle dose d’idiotie faut-il, d’inconséquence, de lâcheté, de cynisme, d’égoïsme, d’irresponsabilité, pour ne pas l’être – a fortiori quand on est une asso comme le CIWF.
    Devenons végans et sensibilisons notre entourage au véganisme.

    • Christine Mayor

    Merci pour cet article!! C’est vraiment bien que GoodPlanet prenne en considération l’impact et les conséquences de l’élevage intensif!

    • Hervé Goube

    Nous séquestrons, torturons et dévorons les bêtes par vengeance de notre mort promise par des dieux cannibales.

    • Albert Masson

    Ces remarques intéressantes dénoncent une situation réelle, on ne reviendra pas au passé, mais nous pourrions trouver un compromis acceptable. Un peu moins de productivité, davantage de qualité et moins de risque mais des prix plus élevés. Tout cela dépend des consommateurs, accepteront t’ils de consommer moins de viande plus chère? mais aussi des gouvernants, vont t’ils continuer à protéger les loups qui hypothèquent de plus en plus l’élevage en plein air favorisant indirectement l’élevage confiné ? Ne parlons pas des écologistes et de leur propagande contradictoire plus de loups et plus de plein air. Ils peuvent parler à l’aise, ils ne subissent pas les pertes et le stress, leur revenu ne dépend pas des théories qu’ils défendent !

    • Marie-Christine VERAART

    Ceci n’est pas nouveau Madame, tous ce qu’on fait aux animaux revient sur vos assiettes, trop d’animaux, très mal entretenus antibiotiques nourriture pas approprié plus aucun moyen de bouger.Les vaches dont on enlève le veaux pour le lait une vache qui a son veau a plus de lait argent argent MISERE

    • Claude Courty

    Comment seront nourris les 200 000 Terriens (soit le nombre de victimes du coronavirus pendant environ 3 mois), qui viennent s’ajouter quotidiennement à la population mondiale ?

    • MULWA TANZI CELESTIN

    NOUS SOUTENONS VOTRE INTERVENTION CAR NOUS SOMMES DEJA PARTIE PRENANTE DE LA CAMPAGNE MONDIALE THE MEAT SUR LA REDUCTION DE LA CONSOMMATION DE VIANDE ET DE LA TRANSFORMATION DES HABITUDES ALIMENTAIRES INITIEE PAR SLOW FOOD

    • Héaume Danielle

    J’aime moi aussi tous les animaux, mais votre énergie ne pourrait-elle pas etre mise au service de tous les enfants qui sont sur des bateaux pourris en Méditerranée et qui meurent chaque jour ainsi que leurs parents . ce serait peut-être plus utile que le sort des moutons qui perrissent en allant rejoindre la Turquie ou autres pays ??????????????????

    • Michel CERF

    Mr. Masson vous n’aimez pas les animaux sauvages et ne voyez que votre intérêt personnel et financier , quand au stress , celui des brebis que vous envoyez à l’abattoir vous laisse indifférent .