Les lobbies surfent sur la pandémie pour faire reculer les décisions politiques visant à limiter les plastiques. Les pouvoirs publics, les consommateurs et certaines entreprises semblaient pourtant séduits par le zéro déchet. Le virus a-t-il changé la donne ?
En France, on n’a pas de masques, mais on a des plastiques ! Certains, à usage unique, sont interdits depuis le 1er janvier (pailles, couverts, gobelets…). Or, si les matériels plastique jetables sont nécessaire aux soignants dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus, d’autres objets, pas forcément utiles, ont fait leur grand retour partout dans nos vies de confinés – suremballages, barquettes, gants… Oubliés, le million et demi d’animaux marins qui meurent chaque année après en avoir ingéré, la nature souillée et les décharges à ciel ouvert dans les pays pauvres.
Surfant sur la vague de l’inquiétude et l’impératif d’hygiène, les lobbies se sont activés. En France, Elipso, représentant les fabricants d’emballages, se réjouit que la demande d’emballage ait augmenté de 20 à 30% depuis le début du confinement et présente son matériau comme un « partenaire essentiel dans la lutte contre le virus ». « Il garantit un effet barrière, c’est la première protection des produits », écrit sa présidente le 8 avril dernier.
Heureusement, la secrétaire d’Etat à la Transition écologique, Brune Poirson, a rétabli les faits devant le Sénat : « Même si c’est contre-intuitif, les plastiques ne protègent pas contre le virus ; au contraire, puisqu’ils y restent actifs plus longtemps que sur d’autres matières ». Plusieurs études montrent en effet que le virus survit entre 2 et 6 jours sur des surfaces plastiques, notamment une provenant du Haut conseil de la santé publique et celle-ci, publiée par la revue scientifique médicale britannique « The Lancet ».
Aux États-Unis, même opportunisme. Une lettre adressée au département de la santé par la Plastic Industry Association n’hésite pas à affirmer que les interdictions des plastiques « mettent les consommateurs et les travailleurs en danger ».
Le lobby a également demandé la levée des interdictions. Le fait est que certains états, comme le New Jersey par exemple, ont autorisé un retour des sacs aux caisses des supermarchés. Et d’après un article de « Bloomberg Green », deux des grands fabricants, l’allemand Ineos Styrolution et l’américain Trinseo, ont constaté une « augmentation à deux chiffres » de leurs ventes dans les secteurs de l’emballage alimentaire et des soins de santé.
En France, le gouvernement résiste. Au sénat, Brune Poirson a confirmé avoir reçu des demandes: « Le Medef et l’Association française des entreprises privées (AFEP) ont en effet plaidé en faveur d’un moratoire sur l’ensemble de la loi (…) Bruno Retailleau (président du groupe Les Républicains au Sénat, NDLR) nous a également adressé un courrier pour suggérer un moratoire sur certains articles de la loi, en particulier sur le décret fixant des objectifs d’interdiction des emballages en plastique jetables pour la période 2021-2025 ». Pour l’instant, la secrétaire d’Etat tient bon. L’interdiction du suremballage plastique est toujours prévue pour 2022.
Sophie Noucher
4 commentaires
Ecrire un commentaire
Dehousse Marc
On n’a qu’à faire des plastiques totalement recyclables via une filière de production/recyclage vertueuse. Pas de filière pseudo écologique qui utilise nos champs pour produire spécifiquement la matière première. Si on ne sait pas faire, alors pas d’emballage du tout et on revient aux paniers , cabas, filets, cageots… de nos grands-mères. Cela relancera ces petits métiers ( Vannier, laceur-mailleur, layetier, … ) et diminuera le chômage.
Méryl Pinque
Le monde d’après ?
C’est le monde d’avant. En pire.
Basse
《L’interdiction du suremballage plastique est toujours prévue pour 2022》. Il FAUT maintenir cet objectif et l’atteindre. Ne lâchons rien!
Watumean
On pourrait si il y avait des normes quand à la forme des bouteilles qui seraient standardisées dans in format d’embriquettement pour en faire des assemblages de structures flottantes ou autre…