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Le cri d’alarme d’une Libanaise sur le projet de barrage de Bisri

Vallée de Bsiri Crédit Photo : save the bisri valley association

Le soulèvement populaire sans précédent d’octobre 2019 a réveillé le Liban d’une longue torpeur. Depuis 30 ans, et face à une classe politique corrompue, incompétente, ayant fourbi ses armes pendant la guerre civile, le peuple semblait résolu à accepter le visage d’un pays ravagé à plusieurs titres, économique, social et d’un environnement de plus en plus défiguré par des constructions sauvages, souvent exécutées au prix de pots de vin à peine voilés.

Pourtant, riche d’un littoral méditerranéen à l’ouest, de deux chaînes de montagnes dont les sommets culminent à plus de 3000 mètres, de terres fertiles, de rivières et de fleuves dans une région où l’eau est devenue plus précieuse que le pétrole, le Liban recèle encore de nombreux joyaux naturels. Parmi eux, la vallée de Bisri, au Sud-Est de Beyrouth.

Un projet de barrage, financé en très grande partie par un prêt de la Banque Mondiale, approuvé en 2015, a stigmatisé les revendications de cette révolte et symbolise aujourd’hui la lutte contre la corruption et l’avidité politique.

La vallée de Bisri est l’un des plus beaux écosystèmes au Liban, exceptionnelle à plusieurs égards :

  • Elle est l’habitat naturel et le passage des migrations de nombreuses espèces d’oiseaux, comme la cigogne noire, le moineau blanc, la grue ou le pélican dalmatien…
  • Elle possède des trésors culturels, archéologiques et historiques, traces des passages de nombreuses civilisations. Ces vestiges vont de l’âge de Bronze à la période ottomane, en passant par la période phénicienne. Elle abrite également un temple romain, des églises et des monastères, un pont mamelouk et cet héritage a été reconnu par des équipes à la fois libanaises et internationales.
  • C’est enfin une plaine extrêmement fertile, assez profonde mais également relativement large qui permet une culture variée.

Or, ce projet de barrage vient non seulement menacer cet environnement immédiat, exproprier 57% des agriculteurs et balayer un héritage unique mais il entérine une construction hautement dangereuse puisqu’elle est prévue dans une région sismique. En effet, selon une étude récemment publiée dans le Journal of Engineering Geology, le barrage se situerait à l’intersection de deux failles ayant engendré en 1956 un tremblement de terre ravageur. De nombreux rapports géologiques publiés depuis avaient confirmé cette menace. Il a fallu attendre une analyse mandatée par un gouvernement failli pour clamer la parfaite sécurité du lieu.

Comment justifier aujourd’hui ce projet, dans un pays officiellement en faillite, où les scandales de corruption se multiplient, où la très grande majorité des barrages construits sont inefficaces, inopérants voire franchement défaillants ?

Comment accepter que plus de 620 millions de dollars, dont plus de 500 millions prêtés par la Banque Mondiale, soient investis dans un barrage supplémentaire alors qu’il existe d’autres solutions moins coûteuses pour alimenter en eau Beyrouth et sa région ? Par exemple, la réhabilitation des réseaux de distribution existants qui sont déficients à 50%, la meilleure captation de l’eau dans des sources déjà exploitées, comme celle de Jeita et dont le coût serait de 30 à 50 millions de dollars.

Comment se taire face à ces prêts alloués à des gouvernements successifs qui ont tous brillé par leur incompétence et la dilapidation de l’argent public ?

Le Liban a besoin d’un plan réaliste, inscrit dans un respect de l’environnement et qui se base sur des atouts naturels et des réseaux existants. De nombreuses propositions ont été faites par des ingénieurs et des groupes d’activistes (Save the Bisri Valley) ont alerté la Banque Mondiale plusieurs fois sur la nécessité d’arrêter le projet.  Des parlementaires allemands se sont également saisis de ce scandale pour dénoncer l’utilisation de l’argent des contribuables européens qui sert indirectement à financer ce projet et la corruption qui en découlerait ; ils ont appelé à l’abandon du barrage au vue également de l’échec des projets précédents.

Le seul droit qu’il reste aux Libanais est de réclamer la protection et le respect des quelques environnements naturels qui sont encore préservés, pour eux et pour les générations futures. Et de demander en conséquent l’arrêt immédiat de ce projet de barrage de Bisri.

Quand la Banque Mondiale finance un projet de barrage décrié au Liban, par Alia Atieh

La pétition Sauvez la vallée de Bisri

À lire aussi sur GoodPlanet Mag’ « Sauvez Bisri »: au Liban, l’écologie s’invite dans la contestation

2 commentaires

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    • Charbel Fakhoury

    Bisri Dam should be the start to stop the violent destruction of Lebanon nature. I passed yesterday by Msailha dam in North, another wrongly planned project, it has just been completed, but I guess it was done only to create a transaction, it was dry empty in a year where Lebanon had a lot of rain and snow…Lebanon need International friends, World Bank and donors to help Lebanese people, not the politicians.

    • Pauline

    Mais il faut arreter tout de suite cette mascarade de barrages et ce systene politique archaique qui revoit ce dossier mais qu il se reveille de leur ignorance???