Sorti le mois dernier, ce journal de bord d’Hugo Clément met en lumière quelques batailles écologiques livrées aux quatre coins de monde et présente les militants qui consacrent leur temps et leur énergie, parfois au péril de leur vie, pour les causes auxquelles ils croient.
C’est un ouvrage qui rend hommage à ceux qui chaque jour agissent pour une cause environnementale. Au-delà des portraits qui forcent le respect, l’intérêt de l’ouvrage réside également dans les exemples choisis. Il raconte par exemple le drame qui se joue en mer de Cortès, au large du Mexique, où le totoaba, gros poisson qui peut atteindre 2 mètres, est la cible de braconniers et de la mafia. Il est pêché à outrance pour sa vessie natatoire, recherchée sur le marché asiatique car dotée de prétendues vertus curatives ou aphrodisiaques. Séchées, ces vessies se monnayent jusqu’à 50 000 euros le kg. C’est pourquoi on appelle le totoaba, classé en danger critique d’extinction, « la cocaïne de la mer ». Hugo Clément raconte le courage des militants de Sea Shepherd qui ramassent les filets dérivants dans lesquels les poissons s’enferrent. À bord du Sharpie, les militants surveillent également les braconniers et doivent parfois les affronter… « Chaque année dans le monde, environ 150 protecteurs de l’environnement sont tués », rappelle un militant de Sea Sheperd. [Sur ce sujet lire aussi Chronique bande-dessinée : embarquez avec Sea Shepherd]
Du Mexique aux pôles en passant par l’Afrique, Hugo Clément s’arrête aussi en France, dans le Jura avec des défenseurs du lynx ou en forêt de Montmain, dans le Morvan où Lucienne Haese, 80 ans, se bat pour sauver les feuillus. Chênes, hêtres, bouleaux, charmes ou châtaigniers sont peu à peu rasés pour planter une monoculture de pins de Douglas. On appelle ce phénomène « l’enrésinement ». Les propriétaires de forêts y cèdent car les Douglas sont plus rentables que les feuillus : ils poussent vite. On peut les couper et vendre le bois au bout d’une quarantaine d’années quand il faudra attendre au moins le double pour un chêne. Lucienne Haese, dite Lulu, et ses amis ont donc créé le Groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan (GFSFM) et acquièrent des hectares depuis près de 20 ans. Ainsi, le groupement en a sauvés près de 300.
[voir aussi À écouter, le beau témoignage des défenseurs des forêts naturelles du Morvan]
Ces combats localisés nous rappellent qu’en matière d’écologie, il faut se battre sur tous les fronts : éducatif, politique, associatif. Et qu’aucun combat n’est inutile. Même si certains sont très très ciblés et dans des endroits inconnus du grand public, comme l’archipel glacé du Svalbard, dans l’Arctique, où deux femmes vivent neuf mois d’isolement pour relever régulièrement le phytoplancton du grand nord et permettre l’étude de son évolution. Hugo Clément l’écrit, la victoire de ces militants « sera la nôtre, leur défaite aussi ».
Sophie Noucher
Journal de guerre écologique, Hugo Clément, Fayard, 18 euros.
8 commentaires
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Michel CERF
Merci à Hugo pour son noble combat .
Jean Grossmann
Je n’ai pas encore lu son livre mais j’espère qu’il n’a pas oublié les lutins thermiques
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LT.htm
Vincent
Hugo Clément est un journaliste très controversé. Il est à l’origine de nombreuses querelles et situations polémiques pour ses propos et ses échanges avec bon nombre de ses cibles.
Il alerte sur nombre de sujets importants bien sûr, mais son absence de nuance, son incapacité à prendre du recul et son refus de tenir des propos mesurés font qu’il vaut mieux accueillir ses propos et ses reportages avec prudence et toujours garder un esprit critique face à ce qu’il veut bien nous faire montrer.
Guy J.J.P. Lafond
Bravo à tous ceux et celles qui ont compris que l’avenir n’est plus dans la combustion excessive des énergies fossiles!
Nous poursuivons le combat chacun comme nous le pouvons. À Montréal par exemple, je dénonce à intervalles réguliers les embouteillages, les congestions monstres et polluantes en me positionnant à des carrefours critiques avec une pancarte et avec mon vélo. Les conducteurs seuls à leur volant ne peuvent plus détourner les yeux.
Autrement, j’aime aussi lire les pages de Monsieur Grossmann.
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/planete-bleu.pdf
J’aime tellement notre Terre et notre lune qui nous procurent marées et courants marins. Et l’ancienne civilisation romaine continue de me fasciner.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Énergie_marémotrice
La victoire, seulement la victoire, attend les lucides de la rectitude et les respectueux de la nature.
@:-)
Guy J.J.P. Lafond
Désolé.
Je voulais dire « la Lune ».
La majuscule est importante pour tous les Astres sans exception. @:-)
Jean Grossmann
Vous avez raison monsieur Lafond les majuscules sont très importantes
http://www.infoenergie.eu/lex/lexique.htm#abréviation
Bousquet
Salut Avaaz, Voilà de nombreuses années que je suis vos actions, vos alertes. Pour l’anecdote, je viens de m’engueuler avec mon épouse (marié depuis 46 ans). Donc, ce n’est pas la première fois. Ni ? La dernière ! Le sujet de dispute était » Le nettoyage des toilettes » . nous sommes; tous les deux, avides de propreté. Mais ? Les moyens pour y parvenir sont radicalement opposés. Elle ? Le fait de mettre un truc de marque Harpic appelé « Eau bleue » suffit à rendre l’endroit apparemment propre par cette belle couleur bleue. Mais très nocive pour les rivières, les fleuves et les mers et océans.
Imaginez les milliards de chasses d’eau qui déversent ces produits chimiques qui n’ont rien de propres. Les pécheurs auront bien du mal à pêcher dans des eaux propres si les cinq continents déversent ces produits dans leurs eaux. D’ici à ce qu’ils ramènent dans leurs filets des poissons « Schtroumphs », il n’y a pas loin.
Merci de diffuser partout (votre organisation mondiale devrait vous y aider) pour que ce genre de produits soit plus sain pour l’environnement. Bien cordialement. J.M.B.
grossmann
OUI merci Bousquet
pour moi aussi le dialogue avec ma femme concernant notre transition énergétique est parfois difficile mais concernant la pollution des rivières nos deux vues convergent et sont en accord avec votre propre vision. Voir
http://rivieres.info/patri/propre.htm
Avec les locataires indélicats qui ne font rien pendant de trop nombreux mois nous utilisons parfois de l’acide chlorhydrique pour nettoyer les WC faute de pouvoir les nettoyer à l’eau. Ceci en espérant que la rivière n’en prend pas un mauvais coup