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L’alimentation, première source d’exposition aux néonicotinoïdes

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Agriculture - Rizières en terrasse (nord Tarlac) © Yann Arthus-Bertrand

Une étude scientifique conduite aux Philippines vient de montrer qu’une partie importante de l’exposition aux pesticides de la famille des néonicotinoïdes provient de l’alimentation. Les scientifiques ont observé la présence des néonicotinoïdes dans les cheveux de 81 % des personnes testées, y compris dans des régions éloignées des champs où ces pesticides ont été pulvérisés.

« Qu’ils soient paysans ou citadins, on retrouve des néonicotinoïdes dans les cheveux des Philippins, ce qui montre bien que ce n’est pas une pollution locale, mais une pollution généralisée au travers de l’alimentation. Il ne faut pas imaginer que c’est parce que ça se passe loin que c’est différent de ce que nous vivons ici », commente Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, spécialiste en biophysique moléculaire et reconnu notamment pour son expertise sur les effets des néonicotinoïdes sur les abeilles. Il a pris part à cette recherche et ajoute : « quand les néonicotinoïdes ont été homologués, l’hypothèse qui avait été faite était qu’on ne serait pas exposé par l’alimentation. Or, notre étude démontre exactement le contraire. » Il pointe du doigt le fait que cette exposition est chronique du fait de l’absorption de petites doses régulières dont les effets sur la santé sont délétères à terme.

En effet, selon les auteurs de l’étude, « 97 % de l’alimentation mondiale en contient, et jusqu’à  42 % à des taux supérieurs aux seuils acceptables pour les humains ». Jean-Marc Bonmatin explique ce chiffre par le succès commercial des néonicotinoïdes, leur usage systématique à titre préventif et leur dissémination car « une fois dans l’environnement, ces molécules ne disparaissent pas. » Avant de souligner que le problème ne concerne pas que les pays en développement « nous avons beaucoup utilisé les néonicotinoïdes par le passé en Europe, on continue, et les échanges commerciaux font qu’il y a de fortes probabilités que les produits alimentaires qu’on achète soient contaminés. »

Pour obtenir ces résultats publiés dans la revue Science of The Total Environment, les scientifiques du Centre de biophysique moléculaire (CBM, CNRS), de l’Université de Neuchâtel (Suisse), de l’Université De La Salle de Manille (Philippines), de l’Université de médecine de Tokyo (Japon) et de l’Université de Sydney (Australie) ont prélevé des échantillons du sol, de l’eau et des cheveux, dans trois régions des Philippines. Leurs travaux prouvent que la contamination par les néonicotinoïdes passe essentiellement par la consommation d’aliments traités au travers des graines enrobées de produits phytosanitaires ou par l’épandage sur les cultures.

Julien Leprovost

Pour aller plus loin et à lire sur GoodPlnaet Mag’
Jean-Marc Bonmatin : « l’immense majorité des pesticides ne servent pas à grand-chose »

La page du CNRS Étude de cas aux Philippines : l’alimentation, principal vecteur d’exposition aux néonicotinoïdes 

Les semences traitées aux pesticides sous-évaluées aux États-Unis

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2 commentaires

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    • michel CERF

    Pas besoin de faire un séjour dans une exploitation agricole pour comprendre l’impact des pesticides ( produits phytosanitaires c’est plus joli ) tous les poisons que vous cherchez se trouvent dans votre assiette .

    • Mona

    L’Entreprise Novamont en Italie produit un très bon engrais à partir d’une magnifique « mauvaise herbe » violette, le Chardon !