Le photographe Jonk propose de superbes images de sites laissés à l’abandon par l’être humain où la Nature a repris ses droits. La sortie de son dernier ouvrage Naturalia II est l’occasion de revenir avec Jonk sur son travail. Images et entretien.
Vos photographies d’endroits réels évoquent les imaginaires du post-apo et de la collapsologie, qu’est ce qui nous fascine dans ces visions de lieux laissés à l’abandon ?
Il y a d’abord ce qui saute aux yeux : la fascination esthétique née de la nature qui revient, de ces murs qui se fissurent, des peintures qui s’écaillent ou du fer qui rouille. Vient ensuite la réflexion avec l’aspect philosophique qui pose des questions sur la place de l’Homme sur Terre et sa relation avec la Nature.
Justement, que voulez transmettre comme message avec vos photographies de lieux abandonnés ?
La nature reste la plus forte, elle sera toujours là quoiqu’il advienne aux êtres humains. L’Homme devait se montrer plus humble.
Pensez-vous que nous sommes conscients que la Nature peut reprendre aisément ses droits rapidement ?
Je pense que nous en sommes conscients, du moins une partie d’entre nous. Les confinements récents nous ont permis de voir le vivant revenir dans des endroits qu’il désertait en raison des activités humaines, comme des canards sur le périphérique. Le but de mes photos est d’aider les gens à prendre conscience et à réfléchir sur le rapport entre l’humain et l’écologie.
Parmi les sites que vous avez arpentés, lequel vous a le plus marqué ?
Je me suis rendu 8 fois à Tchernobyl où depuis 35 ans la nature a reconquis du terrain dans un milieu hostile. La menace de la radioactivité a conduit les habitants à partir du jour au lendemain en laissant sur place leurs vies comme figées. Il y reste plein de reliques et de vestiges de l’URSS.
Enfin, y a-t-il un endroit que vous aimeriez photographier ? pourquoi ?
L’île de Hashima au Japon où se trouve une mine de charbon abandonnée depuis les années 1970. La végétation luxuriante semble avoir repris le dessus sur de nombreuses structures en béton. Il existe d’autres iles minières dans l’archipel nippon, j’en ai d’ailleurs visité certaines, mais celle-ci attise aujourd’hui ma curiosité.
[hyperlien prix goldman 2021 la japonaise qui lutte contre le charbon]
Propos recueillis par Julien Leprovost
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Naturalia II de Jonk, Jonk Éditions
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