Les émissions de gaz à effet de serre diminuent en France, mais leur baisse demeure insuffisante pour atteindre les objectifs fixés, affirme le Haut Conseil pour le Climat dans son dernier rapport dévoilé le 30 juin. En 2019, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 1,9 % sur le territoire français. Toutefois, la France doit redoubler d’efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, le Haut Conseil note que « en raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler, pour atteindre au moins 3,0 % dès 2021 (-13 Mt éqCO2) et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget carbone (2024-2028). » L’ambition française et européenne est de réduire d’ici 2030 de 55 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 1990. Or, la France n’est pas encore à mi-parcours. En effet, « par rapport à 1990, les émissions territoriales de la France ont diminué de 19,9 % en 2019. La France poursuit ainsi la baisse de ses émissions territoriales et atteint son niveau historique », affirment les auteurs du rapport.
Une réduction dans presque tous les secteurs et toutes les régions
Le 3e rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat observe une amélioration des rejets de gaz à effet de serre partout sur le territoire sauf en Normandie (+0,3 %), en Guadeloupe (+1,4 %) et en Guyane (+4 %). De plus, « des progrès ont été réalisés, dont certains d’ordre structurel, dans les secteurs du bâtiment, de l’industrie, et de la transformation d’énergie. Les émissions des transports stagnent de façon préoccupante, alors que le secteur agricole, porté par une faible ambition, voit ses émissions diminuer lentement », selon le rapport.
« Un Français émet en moyenne 6,5 tonnes de CO2 par an. »
Un panorama des émissions françaises
En 2019, la France a émis 436 millions de tonnes équivalents CO2 sur son territoire. Ce chiffre ne prend cependant pas en compte les émissions importées, qui représentent près de la moitié de l’empreinte carbone du pays, ni les changements d’affectation d’usage des sols.
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Un Français émet en moyenne 6,5 tonnes de CO2 par an. En regardant les émissions selon leur origine, le transport compte pour près d’un tiers (31 %) des émissions en raison notamment de l’usage important de la voiture individuelle et de la prédominance du transport routier de marchandises. Sur les 136 millions de tonnes de CO2 rejetés par le transport, la circulation des voitures représente 53 % de ce total et celles des camions 25 %. Corinne Le Quéré, présidente du Haut-Conseil pour le climat, explique que les émissions des transports stagnent : « la hausse de la demande de transport en voiture ou en camion compense les améliorations de l’efficacité énergétique et climatique de ces modes de transport. ». Il faut par contre attendre de voir les répercussions de la pandémie et du télétravail sur la mobilité pour jauger des évolutions du futur impact climatique des transports. Afin de réduire l’impact des déplacements, elle estime que « le développement des transports en commun, les mobilités douces comme le vélo et l’électrification du parc automobile seront incontournables. ». Elle regrette néanmoins « le retard pris sur le système de recharge. Il faut faire plus d’efforts pour la mobilité électrique. De nouvelles réglementations et incitations ont permis d’accroitre la proportion de véhicules électriques neufs mis en circulation de 3 % en 2019 à 10 % en 2020. »
Après les transports, l’industrie et l’agriculture représentent chacun 19 % des gaz à effet de serre français. Tandis que l’industrie est parvenue à diminuer ses émissions, le secteur agricole fait figure de moins bon élève. Ses émissions ont diminué, mais dans une moindre mesure. 48 % des 83 millions de tonnes de CO2 de l’agriculture proviennent de l’élevage, 40 % des cultures et les 12 % restants ont pour origine les engrais azotés. Corinne le Quéré déplore que « la stratégie nationale bas carbone propose de faibles ambitions de réduction à l’agriculture. Le secteur agricole respecte ses objectifs. Il est pourtant possible de faire mieux car il faudrait accélérer la réduction des émissions du secteur agricole. » Elle pointe les difficultés : « C’est complexe car cela concerne de nombreux acteurs et filières sur tout le territoire. Les enjeux sont systémiques, c’est délicat de changer car il y a différents niveaux qui entrent en compte, de l’Union européenne à l’État en passant par les régions, les producteurs, les distributeurs, les consommateurs et l’agro-industrie. Enfin, la Politique Agricole Commune ne se montre pas en phase avec l’objectif de réduction de 55 % ».
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Première estimation de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les émissions de gaz à effet de serre
Même si toutes les données ne sont pas encore disponibles pour faire le bilan carbone 2020 de la France, le Haut Conseil pour le Climat évalue provisoirement la réduction des rejets de gaz à effet de serre à 9 % en raison notamment du fort ralentissement de l’activité économique.
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Quel avenir climatique ?
Le Haut Conseil pour le Climat préconise de renforcer les efforts et d’affiner la stratégie nationale bas carbone et de ne pas négliger l’adaptation et l’atténuation face au changement climatique. Celle-ci concerne déjà une grande partie des Français puisque l’écrivent les auteurs du rapport « les deux-tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique. L’adaptation au changement climatique ne peut plus se réduire à des réponses ponctuelles et réactives ». Face à ce défi à relever en parallèle de la lutte contre le réchauffement, Corinne le Quéré plaide pour réévaluer la stratégie nationale bas carbone afin qu’elle prenne en compte les changements dus au réchauffement, notamment ceux qui affectent les puits naturels de carbone c’est-à-dire ces écosystèmes comme les forêts qui ont la capacité d’absorber une partie du CO2 émis par les activés humaines. En effet, les forêts de l’est de la France, victimes du réchauffement et de l’assèchement seront moins en mesure de jouer de rôle. La Présidente du Haut Conseil pour le Climat appelle à « un véritable plan d’action pour connaitre et sensibiliser. Le changement climatique est déjà en cours. Son impact est réel, il faut donc faire entrer dès à présent l’adaptation dans les plans de risques nationaux et régionaux. »
Julien Leprovost
Pour aller plus loin
Consulter le rapport RENFORCER L’ATTÉNUATION, ENGAGER L’ADAPTATION du Haut Conseil pour le Climat
Loi Climat: le Haut Conseil invite à « rectifier le tir »
Loi Climat: les engrais azotés minéraux sous la menace d’une redevance
6 commentaires
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Balendard
Vu nos chàînes energétiques actuelles, il est tout de meme regrettable que ne soit pas fait mention dans ces pourcentages d’émissions de GES dans notre pays de la part relevant du chauffage de l’habitat.
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/2consommation.pdf
Guy J.J.P. Lafond
Les Français et leurs cousins québécois peuvent devenir de meilleurs modèles pour d’autres régions de la planète dans le combat contre la pollution et le réchauffement accéléré de l’atmosphère.
Nous n’avons plus le choix. La solution, pour s’en sortir tous, viendra de chacun d’entre nous. Ça fait seulement 150 ans environ que nous avons développé une dépendance aux véhicules à combustion fossile. Ne pouvons-nous pas revenir un peu en arrière alors que nos ancêtres ont su fonctionner autrement pendant des millénaire? Conservons et développons les technologies qui ont fait leurs preuves. Remisons les autres.
Je vis en ville et je me déplace à vélo, à pied ou bien en transport en commun.
J’évite de prendre l’avion.
J’ai réduit de beaucoup ma consommation de viande.
Je génère très très peu de déchets.
Ma famille prendra de plus en plus exemple sur moi.
t: @GuyLafond @FamilleLafond
À nos vélos, à nos espadrilles de course, à nos équipements de plein air!
Francis
La France émet à peine 1% des GES au niveau mondial. De plus, le seul vrai gaz à effet de serre est la vapeur d’eau . Concernant les CO2, CH4 et N2O, leur caractère GES n’a jamais été prouvé expérimentalement. L’augmentation du taux de CO2 dans l’air est une conséquence de l’augmentation de la température par le dégazage des océans et non pas la cause.
michel CERF
La France à elle seule ne peut régler tous les problèmes , par ailleurs la généralisation de l’électrique , voitures , éoliennes ect génère un impact négatif sur l’environnement , si l’on tient compte de la fabrication des batteries , du pillage des métaux rares occasionnant déforestation , pollution des terres et rivières , tout cela est soigneusement caché au grand public .
Serge Rochain
sur 4 commentaires avent le mien je vois déjà 2 négationnistes, pour l’un « c’est pas moi c’est la nature elle même » de plus il se prend pour un climatologue dont les confrères seraient des ignorants qui n’auraient pas vu l’incidence de la vapeur d’eau. Pour l’autre, supporter inconditionnel du nucléaire bien connu, parmi les responsables on trouverait les éoliennes…. évidemment.
Francis
Serge, avant de râler, répondez à la question = existe-t-il une preuve expérimentale du caractère gaz à effet de serre des CO2, CH4 et N2O ?