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Selon les calculs de chercheurs, fabriquer des protéines à partir d’air et d’électricité permettrait d’économiser 90 % d’espace sur Terre par rapport à l’agriculture, et ainsi de diminuer la pression environnementale sur la Planète. Vraie solution ou miroir aux alouettes ?
Après la viande sans bœuf fabriquée in vitro, voici le soja sans plante, généré en laboratoire. Et si la perspective de voir disparaître les immenses champs de céréales de la Beauce ne vous réjouit pas trop, sachez que c’est pourtant la meilleure option pour sauver la Planète, affirme une équipe de chercheurs allemands, italiens et israéliens. Selon eux, produire de la nourriture à partir de bactéries et d’air serait 10 fois plus efficace que de planter un champ équivalent. Autrement dit, un champ de un hectare de terrain, destiné à de la culture in vitro permettrait de produire l’équivalent de dix hectares de soja planté en plein champ. « Cela signifie que les neuf autres hectares pourraient être rendus à la nature », avancent les chercheurs.
Produire de la nourriture à partir d’air et d’électricité
Mais qu’est-ce qui se cache au juste derrière cette nourriture 2.0 ? Il s’agit de produire des protéines monocellulaires (SCP) grâce à un processus de fermentation à partir de levures, bactéries ou microalgues, alimentées en eau, en dioxyde de carbone et en nutriments (méthane, éthanol, sucres…). Ces protéines monocellulaires vont ensuite servir à produire un aliment à haute teneur en protéines.
Plusieurs start-up travaillent déjà sur ce sujet, comme Deep Branch Biotechnology, qui produit des aliments pour le bétail ou l’aquaculture. La start-up finlandaise Solar Foods a, elle aussi, développé de la « Soline », une sorte de farine de blé riche en protéine obtenue en séparant les molécules d’air et d’eau grâce à l’électrolyse. Nourries avec du CO2 et nutriments, les microbes vont ensuite fabriquer des acides aminés et produire une protéine « ultra pure ». Selon l’entreprise, le procédé est 20 fois plus efficace que la photosynthèse et 200 fois plus efficace que la viande pour obtenir la même quantité de nourriture, et nécessite considérablement moins d’eau. La start-up californienne Air Protein, sur le même créneau, vient de lever 32 millions de dollars auprès d’investisseurs dont Barclays et Google Ventures.
Toutes ces start-up avancent le même argument : ce procédé est bien plus économe en ressources naturelles que l’agriculture classique. Et c’est ce que confirme aujourd’hui l’équipe de scientifiques dans la revue PNAS. « La production alimentaire occupe actuellement plus d’un tiers de la surface terrestre de la Terre et exerce déjà une importante pression environnementale », font valoir les auteurs. Et, avec la croissance démographique combinée à l’augmentation de la production animale, l’offre alimentaire pourrait vite atteindre ses limites. Selon la FAO, il faudra, d’ici 2050, augmenter la production de céréales de 43 % et la production de viande de 135 % pour répondre aux besoins, le tout sans augmenter de plus de 20 % les surfaces cultivées. Bref, le besoin de trouver des sources de nourriture alternatives apparaît plus que nécessaire.
Dix fois plus de calories et de protéines pour une surface équivalente
Alors, pour Dorian Leger et ses collègues, la protéine de synthèse apparaît comme une solution idéale. Pas besoin d’engrais polluants ni de pesticides nocifs, une occupation du sol réduite au maximum, et des protéines produites en quelques heures au lieu de plusieurs mois, sans risque de subir les aléas climatiques. Selon les calculs des chercheurs, la production de protéines via la fermentation bactérienne permet d’obtenir jusqu’à 10.000 calories, et 1.500 calories par mètre carré et par an (une surface dédiée notamment aux panneaux solaires nécessaires à la production d’électricité). Par comparaison, le rendement d’un mètre carré de soja est de 1.010 calories et 115 grammes de protéines par an, et celui du riz de 1.450 calories et 31 grammes de protéines par an.
La fin des haricots ?
L’élimination de l’agriculture n’est cependant pas pour demain. Car, si la technologie a fait ses preuves à petite échelle, nourrir le monde avec de gigantesques fermenteurs à bactéries reste assez incertain. De plus, la poudre obtenue, composée à 70 % de protéines, ne remplira pas tous les besoins nutritionnels. Quid des fibres, des vitamines, des glucides ou des matières grasses ? Il faudra bien compléter notre alimentation avec de bons vrais légumes et de l’huile de tournesol. Trouver des protéines alternatives, d’accord, mais nous priver de tomates et de hamburgers, bof !
Un article de Céline Deluzarche, retrouvez d’autres articles sur Futura.
6 commentaires
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Francis
Cet article est complètement bidon. Pour produire des acides aminés, il faut ajouter de l’ammonium (NH4OH) à un sucre . Pour synthétiser ces 2 matières premières, il faut beaucoup d’énergie. L’agriculture le fait avec de l’énergie solaire, y compris partiellement pour l’azote avec les légumineuses. Vouloir tout synthétiser en usine avec de l’électricité dans des cuves de fermentation est absurde, ça ne change rien en particulier pour le besoin en engrais azoté avec la synthèse de l’ammoniac par le procédé Haber-Bosch.
Cette industrie n’est légitime que pour le recyclage des déchets, ce qui est déjà pas mal.
Balendard
Il faut bien sûr faire attention lorsque l’on convertit les petites calories alilentaires en joules puis en kWh, mais sauf erreur de ma part, on consomme en France nettement plus d’énergie pour alimenter sa voiture et chauffer sa maison que pour se nourrir. Voir
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/2consommation.pdf
Mais il faut toutefois reconnaître que les performances de l’agriculture sont faibles.
Ceci en regard des surfaces au sol qui sont nécessaires pour assurer le besoin. Ceci aussi lorsque l’on observe les dommages qu’elle cause parfois sur l’environnement.
Il suffit par exemple d’observer ce qui se passe en Bretagne avec les algues vertes.
Pour cette raison je pense « peut faire mieux » et je regrette vos propos Francis.
Tenter de dominer le gâchis actuel par la chimie est une notion que l’on pourrait utilement tenter de mettre en œuvre en Bretagne en ce qui concerne l’agriculture.
Peut-être même dans cette région de France malgré tout moins ensoleillé pourrait-on envisager de combiner le voltaique et l’approvisionnement en eau. Ceci pour compenser les irrégularités actuelles du climat. Voir
http://www.infoenergie.eu/riv+ener/1l'eau.pdf
Rozé
Il s’agit d’industrie alimentaire laquelle a besoin d’énergie électrique pour produire une nourriture. Même si c’est possible demeurent au moins deux interrogations importantes: 1) comment va t on produire l’énergie électrique nécessaire et quelle est la quantité nécessaire rapportée à la qualité alimentaire ? 2) ces aliments artificiels seront ils adoptés par tous ou réservés aux plus misérables ? J’y vois ici quelque chose comme Soleil Vert !
Rappel: la nature produit des aliment par l’énergie du seul soleil avec un rendement fabuleux !
Maitei
des aliments sans minéraux???
Je ne donnerais pas de place à ces articles, sans accompagner d’une critique profonde et argumentée. Quels sont les risques de continuer à défendre le progrès??? à donner la parole AUX NÉGACIONNISTES…
Ici en amérique « latine » on le sait – l’europe va au tout électrique, d’o`viendront les minerais, combien de mines à ciel ouvert?????
C’est vraiment triste et préocupant.
Francis
Il existe effectivement une autre voie pour produire des protéines sans passer par la photosynthèse: ce sont les bactéries qui prolifèrent dans la m…. d’une fosse à lisier animal ou humain qui sont la nourriture des larves des mouches qui viennent pondre à la surface. Puis les larves s’extraient du lisier pour aller se métamorphoser en lieu sec. Elles peuvent être récupérées à ce moment là pour être transformées en aliment protéique. C’est exactement ce que font les poules et les oiseaux insectivores qui grattent la surface des tas de fumier. Nous mangeons ensuite les oeufs des poules, des protéines qui ne coûtent en énergie que le blé donné en complément aux poules.
A partir du moment où la matière première est un déchet récupéré, une filière industrielle est valable. Ou alors quand c’est l’énergie qui est gratuite parce que récupérée, comme la chaleur résiduelle d’un méthaniseur électrogène qui chauffe des piscines de culture de spiruline. Mais dans ce cas les minéraux et l’azote sont apportés sous forme d’engrais chimiques. Ils sont qualifiés de chimiques parce que obligatoirement solubles dans l’eau, mais ce sont les mêmes que ceux qui sont épandus sur les champs.
Méryl Pinque
Oui, le véganisme, et donc la végéculture.
A lire : http://www.veganisme.fr/Un%20Monde%20Vegan/Tiersmonde.html