Des technologies permettant de capter du dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère existent déjà, mais elles soulèvent des questions quant à leur efficacité puisque les procédés nécessitent de la chaleur, donc de l’énergie, pour fonctionner. Le captage direct du carbone dans l’air ambiant suivi de séquestration (ou DACCS pour direct air carbon capture and storage en anglais) a été passé au crible par les chercheurs de l’Institut Paul Scherrer (IPS) en Suisse qui ont mesuré son efficacité sur 8 sites différents dans le monde. Après analyse des résultats sur des sites au Chili, en Grèce, en Jordanie, au Mexique, en Espagne, en Islande, en Norvège et en Suisse où ces technologies sont expérimentées, ils ont publié leurs résultats de l’analyse de cycle de vie de cette technologie dans la revue Environmental Science & Technology, rapporte le site ScienceDaily. Ils affirment que « en termes d’efficacité et d’élimination effective des gaz à effet de serre grâce à l’utilisation de DACCS, les résultats présentent une énorme variation et vont de 9 % à 97 % ». Autrement dit, l’efficacité et l’intérêt d’une telle technologie dépendent du contexte, notamment des sources d’énergie qu’elle emploie.
Le captage direct du carbone dans l’air ambiant suivi de séquestration peut se révéler un outil dans la lutte contre les gaz à effet de serre à condition que le volume de gaz à effet de serre retiré de l’air dépasse celui des gaz à effet de serre rejetés durant tout le processus. « Pour que l’utilisation de cette technologie puisse être considérée comme raisonnable, il faut que les quantités de gaz à effet de serre qu’elle induit soient nettement inférieures aux quantités de CO2 qu’elle permet de séquestrer », souligne Tom Terlouw, chercheur au Laboratoire d’analyses des systèmes énergétiques du PSI et premier auteur de l’étude.
Les chercheurs de l’IPS rappellent le fonctionnement du procédé : « pour extraire du CO2 de l’atmosphère, il faut d’abord faire passer l’air sur ce qu’on appelle un absorbant à l’aide de ventilateurs. Cet absorbant fixe le CO2 jusqu’à ce que sa capacité d’absorption du gaz à effet de serre soit épuisée. Puis, lors de la deuxième étape dite de désorption, le CO2 est retiré de l’absorbant. Suivant les absorbants, le processus se déroule à des températures relativement élevées pouvant atteindre jusqu’à 900 °C, ou à des températures plutôt basses, aux alentours de 100 °C. Outre l’énergie nécessaire à la fabrication et à la construction d’une installation adéquate, ce sont surtout l’utilisation des ventilateurs et la production de la chaleur nécessaire qui induisent des émissions de gaz à effet de serre. »
Toutefois, si le captage direct du carbone dans l’air ambiant suivi de séquestration (DACCS) offre d’intéressantes perspectives, il ne doit pas faire oublier que la réduction des émissions de gaz à effet de serre demeure une priorité. Le dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) l’a rappelé sans ambiguïté au début du mois d’août, d’autant plus que les concentrations de CO2 dans l’atmosphère sont à des niveaux jamais vus dans l’histoire des civilisations humaines. En effet, la concentration de CO2 dans l’atmosphère dépasse les 410 PPM (parties par million). Disposer de technologies afin de réduire ces concentrations pourrait accélérer la lutte contre le réchauffement. Cependant, les experts du climat du Giec appellent à cesser au plus vite d’émettre des gaz à effet de serre afin d’empêcher le climat de se réchauffer de plus de 1,5 degré Celsius. Les chercheurs de l’IPS estiment également que la réduction des émissions reste une priorité, mais que le DACCS sera un des outils requis afin d’atteindre l’objectif zéro émission nette et la neutralité carbone. « Néanmoins, les technologies de captage du CO2 doivent être envisagées uniquement en complément d’une stratégie générale de décarbonisation, autrement dit de réduction des émissions de CO2, elles ne sauraient remplacer celle-ci, souligne Christian Bauer, lui aussi chercheur au Laboratoire d’analyse des systèmes énergétiques et coauteur de l’étude. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, elles peuvent s’avérer utiles. Car certaines émissions restent inévitables, comme celles issues de l’agriculture ».
Julien Leprovost
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Article édité le 7 septembre 2021 afin de corriger une erreur sur PPM
3 commentaires
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François TABOURDEAU
PPM, c’est partie par million, et non pas particule par million. QUI a relu?
Julien
Nous vous remercions. L’erreur a été corrigée.
La rédaction.
methanolenergy
Oui déjà commencer par le début d’un commencement de CCUS dans les centrales à gaz en France après on en reparlera..
http://www.methanolenergy.org/fr/node/8