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En 2020 déjà, une large partie de la Sibérie était partie en fumée. Et 2021 bat de nouveau des records en matière de feux de forêt. Aujourd’hui, les satellites montrent l’étendue alarmante des panaches de fumée et des impacts des incendies en cours, sur la région et au-delà.
Voilà maintenant plus de deux mois que des incendies majeurs ravagent la Russie. Et plus particulièrement la Sibérie. Actuellement, un incendie immense fait rage en République de Sakha, au nord-est de la Sibérie. Plus de 1,5 million d’hectares sont en feu. Quelque 400.000 hectares de plus et il deviendra le feu de forêt le plus étendu de l’histoire. Entre le début d’année et la mi-août, ce sont, au total, selon Greenpeace, presque 15 millions d’hectares de forêt et de toundra qui sont déjà partis en fumée en Russie. C’est plus que les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark réunis. Et aujourd’hui, l’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques (Eumetsat, Allemagne) fait le point sur la situation.
Rappelons d’abord que des études pointent clairement le réchauffement climatique anthropique comme responsable de la situation. Dans la région de Sakha, la température annuelle moyenne a augmenté de 3 °C depuis le début du XXe siècle. Alors que les feux de forêt sont habituels en Sibérie durant l’été, la hausse des températures a tendance à les rendre plus virulents et plus étendus. Et à les déclencher plus tôt dans l’année tout en leur permettant de s’entretenir jusqu’à plus tard.
Sur les images de la mission Copernicus Sentinel-3, les chercheurs ont pu observer des fumées issues des incendies en Sibérie, s’étirant sur plus de 3.000 kilomètres d’est en ouest et sur plus de 4.000 kilomètres du nord au sud. Jusqu’à atteindre le pôle Nord.
Contrairement à ce qui a d’abord pu être écrit ici ou là, ce n’est probablement pas la toute première fois que cela arrive. Car la région a déjà connu des épisodes de feux de forêt très intenses par le passé. Mais c’est certainement la première fois que des données exploitables par les chercheurs ont pu être enregistrées. « Il devient clair que de tels incendies sont maintenant la norme plutôt que l’exception. La tendance est profondément préoccupante », commente Federico Fierli, un expert de l’étude de l’atmosphère, dans un communiqué de l’Eumetsat.
Toujours plus de CO2 dans l’atmosphère
Entre autres parce que la fumée de ces feux de forêt a des effets néfastes sur les populations locales. Ce vendredi 13 août a ainsi été déclaré jour non travaillé du côté de la République de Sakha pour permettre aux habitants de se protéger en restant chez eux. Des vols ont été retardés ou tout simplement annulés, par manque de visibilité.
Le service européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus estime par ailleurs qu’entre le 1er juin et le 15 août de cette année, le dioxyde de carbone (CO2) émis par les feux de forêt dans la République de Sakha a atteint les 800 mégatonnes. Pour se faire une idée de ce que cela représente, il faut savoir que sur l’ensemble de l’année 2020, la même région n’avait pas émis plus de 450 Mt de CO2. Et c’est surtout, en deux mois et demi, plus que les émissions de l’Allemagne sur toute l’année 2019. Alors même que l’Allemagne arrive, selon les chiffres de Climate Trade, 6e au classement des pays les plus émetteurs de CO2.
Ce chiffre tient compte uniquement du carbone émis par la combustion de la végétation. Il pourrait encore augmenter si les incendies venaient à enflammer les sols riches en carbone de la région. Et c’est malheureusement ce qui semble être en train de se produire. Les couches de matière organique qui protègent le pergélisol brûlent. Le sol dégèle et s’assèche, ouvrant une porte de plus en plus profonde aux flammes. Le tout libérant un carbone retenu prisonnier depuis des siècles. Voire des millénaires.
Les modèles informatiques prévoient, de leur côté, qu’une partie de la suie transportée par les fumées de ces incendies se déposera à l’intérieur du cercle polaire arctique. Une mauvaise nouvelle pour la banquise dont la capacité à réfléchir le rayonnement solaire devrait s’en voir d’autant diminuée. Résultat : la fonte des glaces en Arctique pourrait s’accélérer encore un peu plus.
Et alors que les images satellites semblent montrer une légère amélioration de la situation depuis quelques jours. Ce n’est en revanche pas le cas aux États-Unis où le Dixie Fire, déjà le feu de forêt le plus important de l’histoire de la Californie – plus de 230.000 hectares brûlés – continue de faire rage.
Un article de Nathalie Mayer, retrouvez d’autres articles sur Futura.
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