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Notre Terre, comme toutes les planètes du Système solaire, réfléchit une partie de la lumière qui lui arrive du Soleil. Une partie de plus en plus limitée, selon des chercheurs. Notre Planète à tendance à s’obscurcir. Sous l’effet du réchauffement climatique anthropique. Et le phénomène a de quoi inquiéter. Car il pourrait… ajouter au même réchauffement climatique.
Si nous voyons la Lune, la nuit, c’est parce qu’elle réfléchit la lumière du Soleil. Idem pour les planètes du Système solaire. Et la Terre ne fait pas exception. Elle aussi réfléchit la lumière du Soleil. Pour désigner son pouvoir réfléchissant, les astronomes parlent d’albédo. Pour le mesurer, bien sûr, il faut prendre de la hauteur. C’est ce qu’a fait une équipe internationale de chercheurs. Elle nous livre aujourd’hui des résultats qui ne sont pas rassurants.
Au cours des 20 dernières années, les mesures montrent une baisse de l’albédo de la Terre qualifiée de significative par les chercheurs. Notre Planète réfléchit aujourd’hui un demi watt de lumière en moins par mètre carré qu’il y a 20 ans. C’est l’équivalent d’une diminution de son albédo de 0,5 %.
Mais qu’est-ce qui peut bien provoquer ce phénomène ? Il y a d’abord la possibilité d’une augmentation de luminosité du côté de notre Soleil, bien sûr. Mais les astronomes n’ont pas pu établir un tel lien au cours de ces 20 dernières années. Il leur a donc fallu chercher ailleurs. Et ils avancent une explication qui tient à la diminution de la couverture nuageuse au-dessus de l’océan Pacifique oriental. Les mesures du projet Ceres (Clouds and the Earth’s Radiant Energy System) le confirment. Il y a de moins en moins de nuages bas brillants et réfléchissants sur la région. Probablement le résultat du réchauffement climatique anthropique qui fait monter la température de surface de l’océan.
Pourtant, les chercheurs avaient espéré que le réchauffement climatique, justement, serait à l’origine d’un développement accru de nuages. Et d’un albédo dopé. Qui aurait aidé à limiter le réchauffement en renvoyant un peu plus d’énergie du Soleil vers l’espace. Mais ces résultats montrent le contraire.
Albédo et réchauffement climatique sont étroitement liés
Ainsi, si ces travaux sont importants, tout comme le seraient des mesures plus complètes dans les années à venir, c’est que l’albédo est l’un des déterminants du climat de la Terre. Sur notre Planète, les différentes surfaces — les nuages, l’eau, la glace, les déserts, les terres, les forêts — réfléchissent différemment la lumière du Soleil. Avec la possibilité de ralentir ou d’accélérer le réchauffement global en cours.
Rappelons par exemple que la neige et la glace des pôles reflètent à elles seules jusqu’à 85 % du rayonnement solaire qui arrive sur Terre. Aidant ainsi à maintenir à la surface de notre Planète, une température acceptable. Mais depuis quelques décennies, cette neige et cette glace fondent, au rythme du réchauffement climatique anthropique. Du côté de l’océan Arctique, notamment. Là, les températures augmentent deux à trois fois plus vite que sur le reste du globe. Alors qu’un cycle naturel a toujours existé, la glace fond désormais plus tôt et elle se reforme plus tard. Chaque année, la couverture diminue un peu plus. Exposant un océan sombre et beaucoup moins réfléchissant.
Alors que la Terre perd peu à peu une partie de son pouvoir réfléchissant, une dangereuse boucle de rétroaction se met en place. Le réchauffement climatique fait fondre la glace, découvrant des surfaces plus sombres, qui absorbent la lumière du Soleil au lieu de la réfléchir et qui amplifient le réchauffement. Pire, en se réchauffant, l’océan lui-même dégage du dioxyde de carbone (CO2) et de la vapeur d’eau, deux gaz à effet de serre eux aussi à l’origine d’un réchauffement supplémentaire.
Lorsque c’est la calotte glaciaire qui fond, ce sont des terres, elles aussi sombres qui sont mises à jour. Pire, là encore, le niveau des mers monte. Les eaux plus hautes et plus chaudes accélèrent encore la fonte de la glace. Une autre boucle de rétroaction qui s’active au détriment de notre climat.
Mais en réduisant nos émissions de GES, nous pouvons refaire baisser les températures, refaire tomber la neige et régénérer la glace des pôles. Et de fait, restaurer l’albédo de notre Planète. « Plus on attend, plus cela deviendra difficile à faire. Celui prendra quelques années. Mais c’est toujours possible », assure Don Perovich, géophysicien au Collège de Dartmouth (États-Unis), dans une série de courts-métrages sur l’urgence climatique. « Il est temps d’agir ! »
Un article de Nathalie Mayer, retrouvez d’autres articles sur Futura.
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