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Cap 2030 : comment 150 anonymes sont devenus « citoyens » de la Convention

cap 2030

Mercredi 8 décembre, la Chaîne Parlementaire (canal 13 de la TNT) diffusera le documentaire « Les 150 » qui donne la parole aux personnes ayant participé à la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC). La Fondation GoodPlanet leur avait aussi consacré un livre. À cette occasion, retrouvez un chapitre extrait de l’ouvrage consacré à la Convention Citoyenne pour le Climat Cap 2030, une décennie pour changer le monde de la Fondation GoodPlanet et Yann Arthus-Bertrand. Retour sur la manière dont les 150 ont découvert le projet et pour nombre d’entre eux le défi climatique sur lequel ils allaient devoir plancher des mois durant.

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Un démarchage commercial, un canular, une erreur…  Lorsqu’ils reçoivent l’appel téléphonique qui les informe qu’ils ont été tirés au sort pour participer à une grande rencontre sur le climat, la plupart des 150 futurs conventionnels ne prennent pas la mesure de ce qui les attend. « J’ai d’abord cru à une erreur, raconte Éloïse, 17 ans à l’époque, et j’ai cherché sur Internet. J’ai trouvé un seul lien évoquant la tenue de la Convention au Cese. Comme j’ai des activités militantes, j’ai d’abord cru qu’on me contactait à cause d’elles. Mais pas du tout. C’était juste le hasard. »

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Marie-Sylvie, elle, est une des rares citoyennes à avoir compris de quoi on lui parlait : elle avait vu un reportage annonçant la Convention Citoyenne sur France 3. « J’ai été agréablement surprise d’être contactée. » Pour tous, ce coup de téléphone bouleverse le quotidien : il va falloir passer plusieurs week-ends à Paris, vendredi inclus, ce qui signifie se mettre d’accord avec son employeur et sa famille.  Certains finissent par refuser.  Beaucoup acceptent, intéressés par la thématique mais aussi conscients de la chance qui leur est offerte de participer à un moment inédit dans la vie du pays. Un moment historique ?  Peut-être.  Parmi les « tirés au sort », tous   les profils existent.  Six d’entre eux sont mineurs et toutes les régions, toutes les catégories sociales, tous les âges sont représentés. Certaines personnes sont très engagées, comme Yolande Bouin, conseillère municipale d’opposition à Douarnenez. D’autres pas du tout, comme Benoît Baudry, agent de sécurité à Marseille, tout juste licencié lorsqu’on l’a appelé, et qui à l’époque ne votait plus depuis un bout de temps.

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Les règles du jeu

Le vendredi 4 octobre 2019, les 150 conventionnels arrivent à Paris. La plupart sont venus en train ou en avion, pour les personnes résidant outre-mer. Certains ont rejoint la capitale la veille. Les six adolescents sont pris en charge par des référents qui les accompagnent jusqu’à une auberge de jeunesse, dans le XVIIIe, quand la plupart des autres conventionnels logent à l’hôtel, dans le XVe arrondissement.  Ce matin-là, la foule se presse devant le palais d’Iéna, siège du Cese.

Manteaux, valises, regards écarquillés, certains sont élégants, la plupart décontractés.  Tous découvrent ce beau palais de la République édifié au milieu du XXe siècle et dont beaucoup ignoraient l’existence jusqu’ici. En forme de chapiteau, tout en colonnes et en lumière, c’est le siège du Conseil économique et social, (Cese) une assemblée consultative formée de membres désignés par les syndicats ou les associations qui agrègent parfois les citoyens à ses consultations, qui s’y installe en 1959. C’est la troisième assemblée de la République, après l’Assemblée nationale et le Sénat.  Son rôle est de favoriser le dialogue et d’évaluer les politiques publiques. Elle a vu ses compétences élargies à l’environnement en 2008 et a pris part, par exemple, à la loi de transition énergétique.

Tous ensemble dans l’hémicycle ou en groupes autour de petites tables entre les colonnes de la salle hypostyle, en haut de l’escalier monumental, les conventionnels vont passer presque trois jours, en cette première session, à mettre en route le premier exercice de démocratie participative nationale.  Le programme est lourd :  il va falloir faire connaissance, distinguer et comprendre les rôles des animateurs, du comité de gouvernance et des garants.  Mais aussi intégrer les règles du jeu. Ouf !

L’équipe

Les deux coprésidents de la Convention se présentent. Laurence Tubiana prend la parole. Les conventionnels ne savent pas encore qu’ils sont face à une pointure mondiale de la lutte contre le réchauffement.  C’est elle qui a représenté la France pour négocier l’Accord de Paris en 2015.  Elle dirige également la Fondation européenne pour le climat. Des sommets et des conventions, elle en a vécu des tas.  Mais se retrouver ainsi devant des citoyens, c’est nouveau pour elle.  Et Laurence Tubiana en est heureuse : « C’est une manière de casser les séparations entre les personnes, dit-elle aux 150. C’est très bien que les environnementalistes parlent ensemble, mais ça ne suffit pas. » Thierry Pech, le second coprésident, est directeur de Terra Nova, un tin tank qui fait des propositions de politiques publiques. Alors que les 150 ne savent pas encore vraiment ce qu’ils font ici, lui mesure très bien les enjeux de leur présence et de leur futur travail. Cette Convention regroupe les deux principaux enjeux du siècle, explique-t-il : « renouveler la vie démocratique », car le fonctionnement vertical ne suffit plus, et faire face au « défi de la transition climatique, car le péril est là ». Avec le comité de gouvernance, Laurence Tubiana et Thierry Pech ont préparé une base de travail pour les 150, un « socle d’informations » d’une cinquantaine de pages, synthèse des connaissances sur le dérèglement climatique.

Ensuite, les garants se présentent. Ils sont trois. Le plus célèbre d’entre eux est Cyril Dion, réalisateur avec la comédienne Mélanie Laurent du film césarisé Demain qui, en 2015, présentait déjà tout un tas de solutions mises en œuvre un peu partout dans le monde. Il est également écrivain et ancien dirigeant de l’association des Colibris, qui compte des dizaines de milliers de membres en France. C’est lui qui est allé discuter avec Emmanuel Macron et ses conseillers de la possibilité de la CCC. « J’ai longtemps pensé qu’ils ne seraient jamais assez fous pour abdiquer un peu de leur pouvoir et vous le donner à vous.  On y est, c’est déjà extraordinaire », dit-il avec son optimisme à toute épreuve avant de bien poser les enjeux : « Nous sommes sur une trajectoire qui nous amène à +5 et +7 °C à la fin du siècle dans les pires projections :  une partie de la planète sera inhabitable. »

Silence. Certains se demandent sans doute en quoi 5 ou 7 °C peuvent avoir tant d’impact. « Il faut des mesures tellement radicales que les hommes politiques n’ont pas le courage de les prendre. Il faut aller loin et que ce soit acceptable pour tout le monde. » C’est une énorme responsabilité mais aussi un rêve, conclut Cyril Dion : celui de « faire la démonstration que les solutions peuvent venir de la population, avant les catastrophes ».

Premier expert, première claque :  le climat se modifie dangereusement et très vite Installés autour de plusieurs tables, dans la salle hypostyle, entre les colonnes blanches qui tranchent avec la moquette bleu vif, les 150 font face à Valérie Masson-Delmotte.  Elle est paléoclimatologie.  Autant dire qu’elle a un certain recul sur la question climatique. Un recul qui remonte même aux glaciations. De cette femme pédagogue qui explique souvent à l’aide d’images simples, les conventionnels seront nombreux à dire qu’elle a été leur « premier choc ».  Ce sont les mots de William Aucant, architecte, qui a d’ailleurs fait référence à la présentation de Valérie Masson-Delmotte dans une tribune publiée en octobre 2020 dans Le Monde.  « Les deux premiers jours de la CCC ont suffi à nous donner le vertige du défi climatique. »

Extrait du livre la Fondation GoodPlanet (Julien Leprovost et Sophie Noucher) et de Yann Arthus-Bertrand, Cap 2030, une décennie pour changer le monde, éditions Michel Lafon

Les propositions de la CCC. L’ensemble des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat que nous vous invitons à retrouver sont détaillées sur le site de la CCC.
Sachez que plusieurs sites Internet proposent de s’informer de leur évolution :


 « CAP 2030. Une décennie pour changer le monde » le nouveau livre de la Fondation GoodPlanet et Yann Arthus-Bertrand

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