Le jeune photographe Aldi Diassé, 25 ans, souhaite, au travers de ses clichés, alerter sur le changement climatique et ses conséquences dans son pays, le Sénégal. Il expose son travail Séentu, The Chronicles à la Rare Gallery Paris jusqu’au 6 mars. Il veut rappeler les liens d’interdépendance entre la nature et l’humain.
« On a grandi en voyant la mer avancer »
Séentu est un mot wolof qui signifie chercher à apercevoir ou s’attendre à être le témoin d’un événement. Mais pour Aldi Diassé, cela résonne comme attendre avec beaucoup d’espoir. Il a grandi dans un village de pêcheurs près de Dakar, la capitale sénégalaise. Le photographe décrit l’eau comme sa principale source d’inspiration. En grandissant, il constate les répercussions de la montée du niveau de la mer et de l’érosion côtière à Saint-Louis. Cette proximité avec la mer a inspiré son œuvre Séentu, The Chronicles, récit en images d’un monde qui change. La série de clichés présente des moments précieux du quotidien, où l’être humain est au plus près de la nature. Du « daily art » comme Aldi le qualifie, puisque la nature est notre quotidien.
Il constate, comme de nombreux riverains, les conséquences du changement climatique sur le paysage sénégalais et les littoraux. Son cliché des pirogues vides en est l’une des œuvres phares de l’exposition qui témoigne des difficultés des pêcheurs locaux. « Un dimanche, j’ai décidé de lancer mon drone près de la côte de Mbour, et j’ai vu que les filets des pirogues étaient complètement vides, je n’avais jamais vu cela avant. De jeunes pêcheurs m’ont confié qu’il n’y avait plus de poissons dans la mer. Il leur faut aller jusqu’aux hautes mers pour pouvoir subvenir à leurs besoins », se désole-t-il.
Autre menace environnementale, l’érosion côtière, favorisée par la montée des eaux, n’épargne pas le Sénégal. L’une de ses photographies montre la distance entre la mer et les habitations, qui se réduit avec le temps. « Quand j’étais plus jeune, il ne fallait pas marcher autant avant d’atteindre l’eau. On a grandi en voyant la mer avancer. Aujourd’hui, beaucoup de gens ont dû quitter leurs habitations, sous peine de les voir submergées ou détruites. C’est désespérant. Cela me peine énormément, et c’est ce que j’ai voulu montrer grâce aux photos aériennes notamment. »
Aldi Diassé inscrit son travail de sensibilisation et le message qu’il veut passer dans la lignée de ceux de Yann Arthus-Bertrand, qu’il considère comme un modèle. « Yann Arthus-Bertrand fait un travail remarquable sur ces questions, je pense que chaque jeune devrait s’inspirer de son message et intégrer la conscience écologique dans ses activité. » conclue-t-il. De nombreux évènements dont l’entrée est libre sont également proposés autour de l’exposition, comme des concerts ou des débats, au Rare Gallery, 17 rue François Miron.
Romane Pijulet
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