La pollution de l’air réduit considérablement la pollinisation


Cambodge © Yann Arthus-Bertrand

En partenariat avec Futura

La pollinisation des plantes par les insectes est un service écologique gratuit et indispensable qui contribue au maintien de la biodiversité. Elle joue un rôle économique important pour la société en étant un acteur actif dans la production de nourriture. Cependant, la pollution de l’air en milieu rural ou urbain semble réduire ce processus naturel. Pourquoi ?

La pollinisation, qu’est-ce que c’est ? La reproduction sexuée des plantes angiospermes (plantes à fleurs) et gymnospermes (plantes à graines) se fait par le transport du pollen depuis les organes de reproduction mâles (étamines) vers les organes de reproduction femelles (pistil). Cette étape importante dans la fécondation s’appelle la pollinisation et est assurée majoritairement par les insectes, notamment les abeilles et les papillons. Cette interaction apporte des avantages aux deux parties : aux plantes qui vont se reproduire et bénéficier d’un meilleur brassage génétique, et aux insectes qui sont fournis en nectar et en pollen. Ce processus est indispensable et contribue au maintien de la biodiversité.

Lien entre pollinisation et pollution

Cependant, la pollution de l’air en milieu rural ou urbain semble réduire cette action de pollinisation par les insectes. Des scientifiques de l’Université de Reading, du UK Centre for Ecology & Hydrology et de l’Université de Birmingham se sont intéressés à l’impact de la pollution de l’air sur la pollinisation par les insectes, en particulier les abeilles, les papillons de nuit, les syrphes et les papillons.

Pour cette étude, publiée dans Environmental Pollution, les scientifiques ont effectué des tests sur des plantes sauvages et des plantes de sols cultivés avec des polluants atmosphériques que l’on retrouve proches du sol comme l’ozone et les oxydes d’azote (NOx — présents dans les gaz d’échappement du diesel). Pendant cette expérience, les quantités utilisées pour les NOx sont équivalentes de 40 à 50 % les quantités maximales autorisées, donc bien inférieures aux niveaux de pollution que l’on peut retrouver dans les villes.

Les résultats de cette étude ont montré jusqu’à 70 % de pollinisateurs en moins, jusqu’à 90 % de visites de fleurs en moins et une baisse générale de la pollinisation jusqu’à 31 %. Pour comprendre ces chiffres, les scientifiques se sont penchés sur une étude antérieure menée par les membres de l’Université de Reading qui a montré que les échappements diesel altéraient l’odeur émise par les fleurs. Face à ces nouvelles données, la théorie serait que les polluants réagissent avec l’odeur des plantes rendant leur localisation plus difficile pour les insectes pollinisateurs.

Les impacts négatifs

Cette découverte est inquiétante pour plusieurs raisons. Premièrement car la pollinisation joue un rôle économique important pour la société en étant un acteur actif dans la production de nourriture. En effet, la pollinisation rapporte des centaines de milliards d’euros en soutenant 8 % de la production alimentaire agricole dans le monde et 70 % de toutes les espèces cultivées (comme les pommes, les fraises et le cacao) en dépendent. Et deuxièmement, ces polluants qui altèrent l’odeur des plantes sont dans l’air que la majorité de la population respire tous les jours. En plus d’avoir des conséquences sur les écosystèmes naturels dont nous dépendons, ces polluants sont également nocifs pour notre santé.

La pollution de l’air réduit considérablement la pollinisation
Un article de Salomé Vercelot, retrouvez d’autres articles sur Futura.

Ecrire un commentaire