Sensibiliser à la protection du vivant et du non visible grâce à l’art, c’est le pari que se lance Florent Lamouroux. Cet artiste amoureux de la biodiversité repense le lien entre la nature et l’humain. À l’ère de l’anthropocène, Lamouroux alerte sur la manière dont les humains possèdent la nature. Présentée à l’exposition Vivant à la Fondation GoodPlanet, l’œuvre « Débordement » de Florent Lamouroux représente des corps humains à moitié submergés par du bitume. Voici quelques éléments d’explications et de compréhension de son œuvre.
L’artiste rappelle l’origine naturelle du bitume, ce matériau artificiel employé comme revêtement trouve son origine dans le pétrole, une énergie fossile dont il est un dérivé. Il provient désormais presque exclusivement de la distillation des pétroles bruts. Or, les énergies fossiles sont le résultat de la lente et longue dégradation dans les sols de la matière organique. Certains corps, fabriqués en céramique et parfaitement organisés, sont plus recouverts de ce goudron noir que d’autres.
Débordement propose ainsi une rencontre entre le biodégradable et la pétrochimie. Le tout est posé au sol sur un socle en bois. Un moyen de réfléchir à la profondeur, aux choses enfouies, celles que l’on ne voit pas mais qui symbolisent pourtant des millions d’années d’existence et de vie. « La biodiversité, c’est au-delà des apparences et du visible », affirme l’artiste Florent Lamouroux. Une manière pour lui de mettre en avant le lien entre l’humain et la terre, mais aussi le revers de la médaille : l’accaparement des ressources met l’humanité en danger.
« On regarde la nature sous le prisme de nos besoins de consommation, donc on exerce une espèce de contrôle sur elle » , dit Florent Lamouroux lorsqu’il parle de son travail.
L’exploitation de nos sols est un sujet politique du fait de son lourd impact écologique. En effet, les matières organiques à l’origine des énergies fossiles doivent être brûlées après leur extraction. Or, cette combustion génère environ 80 % des émissions mondiales du dioxyde de carbone, gaz à effet de serre au cœur de la problématique du dérèglement climatique.
L’exposition « Vivant, ce qu’on voit, ce qu’on imagine » met en lumière 13 artistes engagés, dont les arts diffèrent mais la vision est commune : imaginer notre relation au monde vivant et nos responsabilités face à celui-ci. À découvrir à la Fondation GoodPlanet jusqu’au 18 décembre 2022.
Romane Pijulet
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