Une déforestation même minime a des conséquences plus importantes que prévues sur la faune à des kilomètres à la ronde. Selon une étude publiée dans la revue Nature Communications Low level of anthropization linked to harsh vertebrate biodiversity declines in Amazonia, il ressort que, en Amazonie, une perte de moins de 11 % du couvert forestiers d’une zone sous l’effet des activités humaines entraîne le déclin de plus du quart des espèces de poissons et de mammifères.
Un des auteurs de l’étude, Sébastien Brosse, professeur à l’université de Toulouse et chercheur au Labo Évolution et Diversité Biologique du CNRS, résume : « il faut retenir de cette étude que la déforestation, qui est largement due à des activités minières, génère des déclins importants de biodiversité. Et ce, même si cette déforestation a lieu loin des sites d’inventaire de la faune. » En effet, la perte de la biodiversité a pu être observée jusqu’à 30 kilomètres en aval de sites où la forêt avait laissé place à d’autres activités.
Les résultats de cette recherche portent sur deux bassins versants, celui du fleuve Maroni et de l’Oyapock situés en Guyane française, au Brésil et au Suriname. Dans ces régions, le taux moyen de déforestation de la forêt amazonienne est inférieur à 3 %. Les singes araignées, les jaguars, les loutres géantes d’Amazonie figurent parmi les animaux terrestres et marins les plus connus dont la disparition a été constatée.
La déforestation et les répercussions des activités humaines
Le CNRS écrit dans un communiqué que « les résultats de cette étude alertent donc sur l’impact important de faibles taux de déforestation sur les écosystèmes encore peu anthropisés. » Il faut comprendre que les scientifiques ont retenu le critère de la déforestation pour évaluer l’impact des activités humaines sur l’environnement, mais que les causes de la destruction de l’Amazonie sont multiples. Parmi elles, l’orpaillage légal ou illégal a un impact conséquent sur la biodiversité.
« L’exploitation aurifère est certes un moyen de développement économique, mais elle une contrepartie extrêmement forte en termes de biodiversité », selon Sébastien Brosse.
En plus de transformer le paysage par l’extraction, l’activité « draine beaucoup de sédiments qui troublent l’eau, ce qui perturbe les écosystèmes aquatiques et terrestres ». Ce qui affecte donc les cours d’eau et les espèces qui y vivent ou en dépendent. « L’effet anthropique sur le milieu aquatique se répercute aussi sur le milieu terrestre. Un des résultats de l’étude a été de montrer qu’on a une confluence très forte entre le déclin aquatique et le déclin terrestre », affirme Sébastien Brosser.
Pour préserver la biodiversité, repenser les activités humaines
L’article est dans la continuité de nombreuses études scientifiques de ces dernières années qui montrent qu’un milieu naturel et sa faune peuvent être dégradés par des activités humaines sans que cela soit visible de prime abord.
Face à ce constat, qui ici concerne les impacts de l’orpaillage légal et illégal en augmentation avec la hausse du cours de l’or, Sébastien Brosse estime « il est urgent de se tourner vers des activités moins destructrices pour l’environnement, comme c’est le cas dans d’autres pays de la région comme le Costa-Rica. » Il mise sur l’éco-tourisme et l’observation de la faune et de la flore locale qui deviennent alors des ressources à préserver durablement.
Julien Leprovos
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