Malgré la crise climatique, les subventions aux énergies fossiles ont quasiment doublé entre 2020 et 2021

subventions energies fossiles

Mine de charbon à ciel ouvert, Arizona, Etats-Unis (32°21’ N - 111°12’ O). © Yann Arthus-Bertrand

Les subventions accordées aux énergies fossiles par 51 pays sont passées de 362.4 milliards dollars en 2020 à 697.2 milliards dollars en 2021, soit une augmentation de 92,4 %. C’est ce qui ressort d’une analyse de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publiée fin août 2022. Elle porte sur 51 pays qui représentent à eux seuls 85 % de la consommation d’énergie mondiale.

Cette analyse traduit à la fois la difficulté de sortir du soutien aux combustibles fossiles, qui repart à la hausse après deux années consécutives de réduction, et une forme d’addiction aux énergies fossiles que sont le pétrole, le gaz et le charbon dans de nombreuses économies. Or, celle-ci est incompatibles avec les ambitions climatiques pour limiter la hausse globale des températures sous la barre des 2°C d’ici la fin du siècle. Il faudrait en effet apprendre à se passer au plus vite des énergies fossiles. Or, en l’absence d’un prix élevé (basé sur le principe pollueur-payeur) qui prendrait en compte leurs impacts sur l’environnement, il est très difficile de parvenir à changer la donne. D’un côté, il y a une nécessité à renchérir le coût des énergies polluantes et, de l’autre, il subsiste une forte dépendance tant de l’économie à ces dernières tant pour les entreprises que pour de nombreux ménages dans leur vie quotidienne, ce qui conduit les pays à faire face à des contradictions. Les deux organisations (OCDE et AIE) appellent à la suppression d’une grande partie de ces aides à ces dernières et écrivent dans un communiqué que « de nombreux pays peinent à trouver un équilibre entre les engagements pris de longue date de supprimer les subventions inefficientes aux combustibles fossiles et les mesures visant à protéger les ménages de la flambée des prix de l’énergie ».

Selon les données, les pays du G20 ont accordé 190 milliards de dollars d’aides en 2021 (contre 147 milliards en 2020) sous forme de transferts budgétaires ou de dispositifs fiscaux. Dans le même temps, les États ont aussi aidé les producteurs à hauteur de 64 milliards de dollars en 2021 pour compenser partiellement « les pertes enregistrées par les producteurs du fait des contrôles des prix intérieurs pendant la flambée des prix mondiaux de l’énergie à la fin de 2021. » De plus, toujours selon l’OCDE, « le soutien aux consommateurs a lui été estimé à 115 milliards USD, contre 93 milliards USD en 2020. »

« La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a causé une flambée des prix de l’énergie et fragilisé la sécurité énergétique. Des hausses importantes des subventions aux combustibles fossiles favorisent néanmoins la surconsommation sans nécessairement aider les ménages à faible revenu », déclare Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE. « Nous devons adopter des mesures qui protègent les consommateurs des impacts extrêmes des fluctuations des forces du marché et des forces géopolitiques, et qui nous permettent tout à la fois de tenir le cap de la neutralité carbone, d’assurer la sécurité énergétique et de maintenir l’énergie à des prix abordables. »

En France, le coût du bouclier énergétique mis en place ces derniers mois face à la flambée des prix de l’énergie, notamment du gaz et du pétrole, est actuellement estimé à 24 milliards d’euros et fait débat sur son efficacité, rappelle le billet politique de Jean Leymarie sur France Culture.

« Les subventions aux combustibles fossiles sont un obstacle à l’émergence d’un avenir plus durable, mais les problèmes auxquels les pouvoirs publics sont confrontés lorsqu’ils tentent de les surmonter sont exacerbés en période de hausse et de volatilité des prix de l’énergie. Accroître l’investissement dans les technologies et les infrastructures des énergies propres est la seule solution durable à la crise énergétique mondiale actuelle, et le meilleur moyen de réduire l’exposition des consommateurs aux coûts élevés des combustibles », affirme le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol.

Julien Leprovost

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4 commentaires

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    • Balendard

    Le Président Obama avait raison lorsqu’il estimait qu’il faut rendre l’aide inutile.

    l’AIE agence créée par l’OCDE a raison de nous alerter : ce qui est rare fini un jour par manquer et devient cher.

    Nous sommes à un tournant et il va falloir se préoccuper rapidement de l’essentiel pour solutionner notre transition énergétique.

    Voir à ce sujet : http://infoenergie.eu/riv+ener/essentiel.pdf

    • Serge Rochain

    Une multiplication par 10 de la taxe carbone devrait être assez dissuassive puisqu’il n’y a que l’argent qui compte. Quand ce que coute le fossile sera devenu trop chere pour interesser le mercantilisme des professionnels de l’énergie, ils laisseront tomber.

    • Guy J.J.P. Lafond

    Quand la vie est en danger sur Terre, tous les pays membres de l’ONU devraient monter au front sans trop tarder, se concerter et adopter des lois contraignantes. Ensuite, les juges doivent faire respecter ces lois avec fermeté.
    @GuyLafond @Famille Lafond
    Un bon leader et un bon fonctionnaire fédéral du Canada qu’on a mis six mois en prison en Ontario parce qu’il s’inquiétait pour la sécurité et pour l’avenir de sa fille à Ottawa.
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329

    • Guy J.J.P. Lafond

    Voici ce qui se passe présentement dans une cour supérieure de l’Ontario, un province du Canada où l’industrie automobile joue un rôle clé dans sa croissance économique:
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1914438/changements-climatiques-effet-serre-ecojustice-ford-ontario
    À surveiller,
    @GuyLafond
    Montréal et Ottawa, Canada
    P.S. – Message aux jeunes de tous les pays membres de l’ONU: ici au Québec, nous sommes avec vous de tout coeur pour réduire rapidement les taux de cancer du poumon dans tous les grands centres urbains de la planète où la pollution de l’air par les véhicules à moteur thermique est devenue un problème criant et urgent.