La Commission européenne vient d’annoncer, jeudi 15 septembre, l’interdiction pour les engins de pêche de toucher le fond de 87 zones sous-marines connues pour la richesse et la vulnérabilité de leurs écosystèmes. En tout, ce sont 16 419 km² d’écosystèmes dans l’Atlantique au large des côtes de l’Irlande, de la France, du Portugal et de l’Espagne, qui seront dorénavant soustraits aux ravages de la pêche en eau profonde. Entre 400 et 800 mètres de profondeurs s’y trouvent des récifs coralliens d’eau froide, des agrégations d’éponges d’eau profonde, des stylos de mer et d’autres habitats des profondeurs.
C’est une victoire pour les ONG environnementales qui ont défendu cette mesure. Elle vise à préserver les fonds marins des dégâts provoqués notamment par le chalutage de fond. La mesure était portée par des ONG depuis plusieurs années et a fait l’objet d’oppositions du lobby de la pêche industrielle et de réticences de certains états-membres de l’Union européenne. Il a tout de même fallu 4 années de travail pour parvenir à ce résultat, rappelle Virginijus Sinkevičius, le commissaire européen à l’Environnement l’Océan et la Pêche. La mesure annoncée prolonge et renforce une réglementation adoptée en 2016. « Nous sommes heureux de voir que la Commission a pris des mesures fermes pour protéger ces écosystèmes d’eau profonde, qui auraient dû être adoptées depuis longtemps », a déclaré Mathew Gianni, conseiller politique de la Deep Sea Conservation Coalition.
La fondatrice de l’ONG BLOOM, qui lutte depuis des années contre les dommages causés aux fonds marins par la pêche industrielle, Claire Nouvian, salue cette victoire : « c’est un jour de joie. Les écosystèmes remarquables au-delà de 400 mètres de profondeur vont enfin pouvoir souffler et cesser de se faire broyer par des énormes engins industriels qui pulvérisent des coraux millénaires, des éponges et des requins centenaires, de fragiles poulpes à oreilles et des myriades d’espèces extraordinaires qui sont les victimes collatérales depuis plus de 30 ans de l’insatiable cupidité des navires industriels. »
Julien Leprovost
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