À quelques jours de la présentation du plan de sobriété par le gouvernement, l’association négaWatt liste une cinquantaine de mesures de sobriété afin de répondre à l’objectif gouvernemental de réduire de 10 % la consommation d’énergie en France. « L’objectif de moins 10 % est pleinement atteignable et peut être revu à a hausse », affirme le directeur de négaWatt Stéphane Chatelin. « Avec les 50 mesures proposées, on atteint 13 % de réduction des consommations françaises. La France peut entièrement prendre sa part dans l’objectif européen de réduire de 15 % la consommation de gaz ». Les propositions chiffrées concernent d’abord le secteur du bâtiment, du tertiaire et des transports. Il existe bien sûr d’autres viviers d’économies d’énergie, mais ceux retenus ont l’avantage d’avoir « des coûts faibles » et de pouvoir être rapidement déployés, selon l’association. Depuis 20 ans, l’association négaWatt travaille sur des scénarios de réduction de la consommation d’énergie et leur mise en œuvre en s’appuyant sur 3 axes majeurs : la sobriété, l’efficacité énergétique et les renouvelables. Forte de cette expertise, elle a aussi participé ces derniers mois au groupe de travail sur le sujet de la sobriété avec le ministère de la Transition écologique.
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Les répercussions de la guerre en Ukraine sur les prix de l’énergie et la crise climatique rendent nécessaire la réduction de la demande énergétique. Les efforts, qui doivent être autant collectifs qu’individuels, doivent être partagés. La sobriété implique de repenser les usages de l’énergie pour limiter le gaspillage. Charline Dufournet, porte-parole de négaWatt, précise que, face à la vulnérabilité du système énergétique, « la sobriété fait partie des forces d’action mobilisables à court terme. C’est un levier essentiel pour réduire les gaspillages d’énergie, lutter contre l’envolée des factures. Mais il ne faut pas associer sobriété et rationnement ». C’est que le succès d’une telle démarche s’obtient grâce à l’adhésion des consommateurs. Pour avoir leur soutien, il faut non seulement des exemples symboliques forts mais aussi une part de contrainte et d’obligation. C’est un savant dosage à trouver. Samuel Martin de négaWatt explique que « l’État a un rôle clef à jouer dans l’orchestration et le pilotage des plans de sobriété grâce à la communication, aux règlements et aux mesures d’accompagnement. »
Les propositions concrètes de négaWatt pour la sobriété
Les préconisations formulées par négaWatt s’avèrent somme toute assez classiques : limiter le chauffage, couper les appareils inutilisés, réduire l’utilisation de l’eau chaude… Ce sont « des mesures prêtes à l’emploi », selon Samuel Martin. Elles s’appuient néanmoins sur des retours de terrain afin de savoir ce qui fonctionne ou non concrètement. Ainsi, selon les experts de négaWatt : « dans les bâtiments résidentiels, respecter la consigne de chauffage à 19°C permet d’économiser 23,5 TWh, soit 13 % des consommations de chauffage. Couper les box TV et internet la nuit et lorsqu’on quitte son logement permet d’économiser plus de 3 TWh, soit 70 % des consommations liées à ces installations ». Aujourd’hui, par exemple, les logements sont chauffés en moyenne à 21°C en France. Diminuer la température représente un substantiel moyen de réduire la consommation de fioul, de gaz ou d’électricité. Idem pour les box, puisque les éteindre quand on ne s’en sert pas est possible dans 70 % des logements en France sans que cela ne pose aucun problème.
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Du côté des transports, la diminution de la vitesse autorisée sur les voies rapides est mise une nouvelle fois en avant par négaWatt. En effet, « limiter à 110 km/h la vitesse sur autoroute et 100 km/h sur voie rapide permet d’économiser 15 TWh, soit 20 % des consommations de carburant sur ces trajets. » L’association soutient la mesure qu’elle estime dorénavant socialement acceptable en raison du prix élevé du pétrole, des économies pour le porte-monnaie des conducteurs et du faible coût de mise en œuvre (changer le code de la route et les panneaux). De surcroît, de telles limites existent déjà en cas d’intempéries ou ailleurs en Europe.
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Instaurer une dynamique vertueuse de sobriété
La sobriété signifie changer les habitudes, revoir les comportements individuels ou collectifs. Elle passe par l’adoption de bons réflexes, les technologies peuvent y contribuer, en permettant par exemple aux appareils de s’éteindre plutôt que d’être mis en veille par défaut. Pour convaincre, les experts insistent sur l’importance des mesures, dont la portée est certes limitée, visibles de tous comme éteindre les monuments ou les écrans d’affichage (publicitaires et d’informations). « Éteindre les écrans publicitaires entre 23h et 7h du matin permet d’économiser le tiers de leur consommation », selon négaWatt même si celle-ci est minime à l’échelle du pays elle est très visible par tout le monde. Samuel Martin estime que de telles mesures ont « un fort aspect symbolique qui va entrainer un effet d’adhésion à la sobriété ». Car, « les petites mesures cumulées permettront d’engager la dynamique » et que « le succès des 5 plus grosses mesures dépend du taux d’adhésion » ; c’est-à-dire de la capacité des gens à réaliser l’effort requis.
Il faudra attendre les propositions concrètes du gouvernement dans les jours à venir pour voir quelles mesures y figureront et rester vigilant pour éviter les fausses bonnes idées ou les effets rebond inattendus. Puisque, comme le souligne Samuel Martin, « la sobriété va devenir bankable donc de nombreux équipements associés à la sobriété seront proposés Or, tous ne se montrent pas utiles. Il ne faut garder que ceux qui servent vraiment à comprendre et à réduire sa consommation. » Sans nul doute, l’impératif financier restera le plus puissant moyen d’inciter aux économies d’énergies, les entreprises, les collectivités et les particuliers le comprennent très bien. NégaWatt propose à chacun d’explorer des pistes pour y parvenir, à chacun désormais de se les approprier.
Julien Leprovost
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2 commentaires
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DENISE laurent
en produisant et consommant le plus local possible on peut réduire rapidement les transports de 50%
Marc
Quand je lis le tableau « adopter des vêtements chauds », je ne comprends pas les économies d’Energie que cela apporte, et surtout comment cela se superpose avec celles effectuées en baissant le chauffage . Adopter des vêtements chauds est un moyen de supporter la baisse de chauffage, pas une fin en soi…
Et pour réduire la consommation d’eau chaude, ils n’y a rien ? pas de préconisation de se laver au gant de toilette au lieu de prendre des douches? ou que tout le monde se rase la tête pour ne plus avoir a se rincer les cheveux ni se les faire sécher ?
Je n’ai rien contre la décroissance mais par moment les idées sont peu réalistes