« Focaliser l’attention sur les températures efface les autres conséquences concrètes du réchauffement climatique, comme la montée du niveau des mers, qui sont déjà ressenties partout dans le monde », résume Regine Spector, professeur de sciences politiques à l’université d’Amherst Massachusetts. Elle a participé à une étude publiée dans le journal Earth’s future. Cette dernière montre qu’une hausse des températures conformes à l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015 auraient d’importantes conséquences sur la montée du niveau des eaux ainsi que sur le contrôle même de l’élévation des températures.
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Une fonte des glaces qui atténue la hausse des températures mais pas les impacts du réchauffement
Les scientifiques se sont intéressés à l’impact de la hausse des températures sur la couche de glace terrestre antarctique. Des températures plus chaudes même de 1,5 degré, comme prévu dans l’Accord de Paris, entraineraient une fonte lente du glacier antarctique. Le phénomène perdurerait pendant des millénaires et contribuerait à élever le niveau des mers tandis que l’afflux d’eau douce froide dans les océans atténuerait la hausse globale des températures. Ainsi, l’augmentation réelle des températures provoquées par les émissions de gaz à effet de serre issues activités humaines serait en partie masquée. Le site Phys.org explique que : « il est concevable que la fonte de la couche de glace puisse contribuer à maintenir les températures globales à un niveau communément considérée comme « safe » [NDLR sure], qui dans le même temps autoriserait une montée du niveau des mers dévastatrice. »
Un sujet de justice climatique
La hausse du niveau des océans n’affectera pas de la même manière les régions du monde. Les États insulaires figurent parmi les plus exposés et les plus vulnérables. La hausse du niveau des océans sera entre 11 % et 33 % plus importante dans les pays de l’Alliance of Small Island States (« Alliance des petits États insulaires »), ou AOSIS que la moyenne mondiale, d’après cette étude. L’Alliance des petits États insulaires est une organisation intergouvernementale qui regroupe 39 États qui totalisent plus de 65 millions d’habitants. Ils figurent parmi les plus exposes aux risques liés à la montée des eaux. Ce qui conduit l’auteur principal de l’étude, Shaina Sadai doctorante en géosciences à l’université d’Amherst Massachusetts, à déclarer : « les températures ne sont pas le seul moyen de suivre l’évolution global du changement climatique. Mais, la température est devenue une métrique iconique dans l’Accord de Paris. Mais sachant que la fonte de l’Antarctique peut retarder la hausse des températures tout en augmentant l’élévation du niveau des mers. Je me demande ce que cela signifie en termes de justice climatique. La science seule ne peut pas apporter de réponses à la question de la justice climatique ».
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Julien Leprovost
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