Après leur première semaine de navigation, les membres de l’expédition Marins de Glaces livrent leurs impressions de voyage. Ils ont fait leur ultime escale avant de voguer plein sud vers l’Antarctique. Vie à bord, navigation, rencontre avec les baleines ou les colonies de manchots…
Cela fait déjà une semaine que nous naviguons à bord de L’Ile d’Elle. Les premières journées sur le canal de Beagle nous ont donné
de mauvaises habitudes : météo parfaite, navigation facile, observation de superbes colonies de manchots de Magellan, lions de mer, albatros… Sans oublier les somptueuses montagnes de Patagonie en arrière-plan. Nous sommes gâtés ! Après un dernier arrêt dans un petit port chilien – connu par tous les pêcheurs de centollas, la fameuse araignée de mer – nous continuons toujours plus au Sud, vers l’embouchure du canal. En quittant Puerto Toro, nous laissons derrière nous la civilisation. Et cela, pour deux mois ! Les prochains humains que nous croiserons seront très probablement des scientifiques travaillant sur des bases en Antarctique. Le Cap Horn, gros caillou noir qu’on devine dans la brume, est dépassé sans grandes difficultés. Place au passage du Drake ! D’après notre capitaine, Sir Drake était un pirate qui sévissait dans la région et fut anobli par les Anglais il y a fort longtemps. Quand ? Pourquoi ? Nous n’en savons rien, et peu importe : l’un des avantages des voyages comme celui que nous vivons réside dans l’impossibilité de chercher une information en ligne, faute d’accès à internet. On accepte ainsi que nos connaissances soient réduites à la somme de celles de l’équipage, et de tous les livres à bord. C’est largement suffisant, et bien plus reposant que ce qu’on imagine.[À lire aussi sur GoodPlanet Mag’ pour réfléchir à la déconnexion Arthur Grimonpont, auteur d’Algocratie : « la solution réside presque toujours dans l’action collective plutôt que dans des actions individuelles »] Malgré une météo houleuse – et quelques hauts le coeur – les 3 (ou 4 ?) journées qui nous séparent de la péninsule se passent bien. Elles sont rythmées par les repas (en bons Français, la cuisine reste un moment fort de la journée !), les quarts de nuit (qui n’ont de nuit que le nom car il fait dorénavant jour dès 3h du matin) et le maintien d’une position latérale nous permettant de ne pas trop subir notre état de marins d’eau douce ! Peu à peu, les températures diminuent (9 degrés Celsius la nuit dans le bateau), le ciel devient plus nuageux, chargé d’humidité. Les premières baleines pointent le bout de leur queue. Le temps s’écoule très lentement, au rythme de la découverte de nouveaux pétrels qui rendent visite à notre maison flottante. La prochaine étape ? Atteindre la péninsule Antarctique et découvrir un nouvel univers. Ai-je hâte ? Pas vraiment : chaque moment de ce voyage est unique et semble devoir se déguster pour ce qu’il est, non pour la promesse d’une aventure à venir.
Ingrid Vanhée, pour les Marins des Glaces
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Les marins des Glaces est une expédition conduite en partenariat avec la Fondation le Français, témoin des pôles.
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