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Sécheresse, incendies, tempêtes: en Californie, le calvaire climatique d’un petit coin de montagne

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Dans les rues inondées de Felton, au sud de San Francisco, le 9 janvier 2023 © AFP/Archives JOSH EDELSON

Boulder Creek (Etats-Unis) (AFP) – Chute d’arbres, glissements de terrain, inondations: dans la région montagneuse de Boulder Creek, la récente série de tempêtes qui s’est abattue sur la Californie n’a absolument rien épargné aux habitants, déjà meurtris par un vaste incendie il y a deux ans.

Jason et Shannon Phleger venaient juste de rebâtir leur maison dévorée par les flammes, sur une crête isolée de ce petit coin forestier du nord de la Californie, proche de la Silicon Valley.

Mais mercredi dernier, après plusieurs tempêtes consécutives, les rafales de 130 km/h ont eu raison d’un des séquoias qui avaient résisté au feu autour de leur propriété. Dans sa chute, l’arbre au tronc encore noirci a pulvérisé la toiture et la véranda.

« Lorsque j’ai appris la nouvelle, ça m’a brisé le cœur », confie à l’AFP Shannon Phleger. Après une interminable bataille administrative pour reconstruire, une dernière inspection devait avoir lieu en fin de semaine et permettre au couple d’infirmiers d’emménager avec ses deux fils.

« Pour moi, c’est une conséquence directe du changement climatique », lâche cette quadragénaire, dans son poncho coloré.

En août 2020, après des années de sécheresse et en plein milieu d’une vague de chaleur historique, le « CZU fire » a décimé 35.000 hectares de forêt dans la région, détruisant au passage plus de 900 maisons autour de Boulder Creek.

Auparavant, les kilomètres de séquoias environnant « nous fournissaient un rempart contre les vents extrêmes du Pacifique », résume Shannon Phleger. « Maintenant, quand le vent souffle ici, on voit les arbres ployer, (…), c’est beaucoup plus fort, beaucoup plus intense. »

Neuf tempêtes d’affilée

Face aux pluies torrentielles qui ont pénétré dans le salon, la famille doit notamment refaire l’isolation, remplacer les fenêtres, le sol et le système d’évacuation. Des travaux supplémentaires qui vont durer au moins quatre mois.

« Notre galère représente (…) ce à quoi la Californie et la côte Ouest vont ressembler dans le futur », soupire Jason Phleger, bien décidé à rester, malgré les alertes des scientifiques, qui prévoient une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes à cause du réchauffement climatique.

Le couple souhaite à tout prix offrir à ses enfants la chance de grandir parmi les majestueuses forêts de sequoias, avant qu’il ne soit trop tard.

La Californie vient d’être frappée par neuf tempêtes d’affilée en l’espace de trois semaines. Elles ont engendré des pluies diluviennes dans les montagnes environnant Boulder Creek, sept fois supérieures à la moyenne pour un mois de janvier, selon les données officielles.

Déversées sur un sol fragilisé par l’incendie de 2020, où la végétation n’a pas fini de reprendre racine, ces trombes d’eau ont augmenté le risque de coulées de boues.

Dans un hameau à l’entrée de ce village de 5.000 habitants, Whitney Wilde a échappé de peu à la catastrophe. Le soir du Nouvel An, un morceau de montagne s’est décroché devant la maison de son voisin du haut, emportant dans sa chute un 4×4 et une citerne de propane.

La terre s’est arrêtée à deux mètres à peine de sa caravane.

« Véritable raclée »

« Le glissement de terrain s’est produit à cause du feu », souffle cette retraitée de 68 ans, dont une dizaine de voisins ont perdu leur maison dans l’incendie. « Toutes les broussailles qui maintiennent la terre en place ont disparu. Je pensais que c’était revenu, c’était tout vert là-haut, mais ce n’était pas profondément enraciné. »

Entre le « CZU fire » il y a deux ans et la série de tempêtes de janvier, « la région a pris une véritable raclée », témoigne Ian Jones, le capitaine des pompiers du village voisin de Felton.

Depuis deux semaines, la caserne de son district déborde d’appels d’urgence.

« C’est incroyable que personne n’ait été blessé », se félicite ce pompier volontaire. Ailleurs dans l’Etat, les déluges successifs ont fait au moins 20 morts. « Si ces tempêtes avaient frappé à l’hiver 2020 ou début 2021 (juste après l’incendie, ndlr), cela aurait sûrement été bien pire ».

Dans son quartier, où la rivière San Lorenzo descend de la montagne, les pluies torrentielles ont provoqué trois inondations en deux semaines. Un record, selon les habitants.

« Des arbres entiers sont tombés dans le torrent, avec aussi tous les débris créés par l’incendie d’il y a deux ans », observe Nathalie Dervaux, une voisine chez qui l’eau est montée pour la première fois jusqu’à l’étage. De quoi créer des barrages qui ont « certainement contribué à l’élévation de la rivière », explique-t-elle.

Trop endommagée, sa maison a été déclarée inhabitable par les autorités. Mais comme la plupart des locaux, cette Française, accrochée à son bout de montagne depuis plus de 10 ans, n’envisage pas une seule seconde de déménager.

« Le réchauffement climatique n’aide pas, c’est sûr », reconnaît la quadragénaire. « Mais j’adore toujours la région. »

© AFP

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