Tandis que, à l’approche du cercle polaire, les réserves en produits frais s’amenuisent à bord du voilier L’Ile d’Elle, les rencontres avec la surprenante faune antarctique se multiplient. Dans cet épisode, l’équipage des Marins des Glaces a aussi suivi les traces d’un célèbre explorateur tout en se questionnant sur les contraintes des expéditions polaires du début du XXe siècle.

Cette semaine, nous avons eu la chance de marcher sur les pas du Commandant Charcot. Nous avons en effet mouillé à l’endroit précis où l’explorateur français a hiverné durant 10 mois, il y a 119 ans. Nous qui découvrons ce lieu en été, nous avons du mal à imaginer les conditions endurées par l’équipage durant l’hiver austral : obscurité totale pendant plusieurs mois, isolement absolu, températures extrêmes… Tout cela, sans les équipements dont nous bénéficions aujourd’hui. C’est très émouvant de découvrir l’environnement dans lequel ces hommes ont évolué durant quasiment un an.

Notre itinéraire nous a également menés vers la base ukrainienne de Vernadsky. Quatorze scientifiques étudient toute l’année la météorologie, la biologie et la géophysique. Ces travaux, initiés dans les années 1950 par les Britanniques qui ont d’abord opéré la base, alimentent nos connaissances des régions polaires.

Côté faune, les rencontres avec les phoques ponctuent toujours nos journées. Pas étonnant qu’on ait l’impression qu’ils passent leur journée à dormir : un plongeon de 45 minutes dans l’eau glacée sollicite tellement d’énergie qu’ils doivent ensuite se reposer durant presque 2 heures sur la glace pour retrouver leurs forces !

Hier, nous avons également eu la chance de découvrir une île où des pétrels géants nichent : voir ces oiseaux immenses de deux mètres d’envergure planer au-dessus de nos têtes était un spectacle magnifique. Aux jumelles, on identifie bien le petit tube sur leur bec qui leur sert à dessaliniser l’eau de mer.

Nous avons également fait la connaissance des manchots Adélie. Leur œil, cerné de bleu clair, attire le regard. Les observer évoluer dans la mer est fascinant : malgré leur petite taille (70 cm) ils sont capables de sauter sur des morceaux de glace de deux mètres de haut, en se propulsant hors de l’eau et se raccrochant avec leurs griffes. De vrais équilibristes !

Côté vie à bord, nous avons dégusté notre dernier melon hier. Les bananes commencent à montrer quelques signes de faiblesse mais les pommes et oranges sont toujours appétissantes ! La proportion de conserves et de légumineuses augmente au fur et à mesure des semaines dans nos assiettes…

Nous frôlons désormais le cercle polaire : les températures s’en ressentent, ainsi que les paysages, toujours plus hostiles. Nous devrions arriver en baie Marguerite d’ici une petite semaine. Chaque journée apporte avec elle son lot de découvertes et de magie !

Ingrid Vanhée, pour les Marins des Glaces

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Les marins des Glaces est une expédition conduite en partenariat avec la Fondation le Français, témoin des pôles.

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