Soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet en faisant un don !

Pour faire fi du Brexit, un confiseur devient végan

confiseur vegan brexit

Graham Kingston, dirigeant de Pecan Deluxe Candy, dans les bureaux de sa compagnie à Sherburn-in-Elmet, dans le nord de l'Angleterre, le 23 janvier 2023 © AFP Paul ELLIS

Sherburn-in-Elmet (Royaume-Uni) (AFP) – Depuis l’entrée en vigueur du Brexit, le confiseur Pecan Deluxe s’est heurté à toutes sortes de tracasseries administratives , particulièrement pour ses produits contenant des ingrédients d’origine animale, comme le lait ou les œufs. Ses dirigeants ont donc trouvé la parade: passer au végan.

« L’un des plus gros problèmes après le Brexit a été la mise en œuvre de contrôles aux frontières (…) ce qui a causé de nombreuses difficultés, avec des produits qui nous ont été renvoyés ou ont dû être détruits », explique à l’AFP Graham Kingston, directeur général de Pecan Deluxe Candy Europe.

La société familiale originaire du Texas et dont l’usine européenne se trouve à Leeds, au nord de l’Angleterre, fabrique toutes sortes de confiseries pour décorer ou enrichir pâtisseries et desserts: coulis, pralines, pépites de chocolat, brownies, cookies, vermicelles colorés en sucre, etc.

Avant le Brexit, 84% de sa production en Europe était destinée à être exportée hors du Royaume-Uni, et ce taux a chuté après la sortie effective du pays de l’UE il y a deux ans.

Le dirigeant déplore les innombrables difficultés auxquelles les entreprises sont confrontées en conséquence du Brexit, « sans qu’on puisse compter sur l’aide du gouvernement ».

Pecan Deluxe a réagi en parant aux multiples contrôles et formalités vétérinaires grâce à la reformulation de ses recettes pour les rendre totalement végétaliennes, en remplaçant les ingrédients dérivés d’oeufs ou de produits laitiers avec des équivalents à base de plantes.

En outre, cette gamme de produits aux ingrédients d’origine végétale « offre d’autres bénéfices, notamment des prix réduits, et nous permet de suivre des tendances du moment comme le véganisme », ajoute Graham Kingston.

[À lire aussi Antoine Hubert, fondateur d’Ynsect, l’entreprise qui veut vous proposer de manger des insectes : « un burger fait avec des insectes émet 200 fois moins de gaz à effet de serre qu’un burger fait avec du bœuf »]

« Les certifications sanitaires et les autres documents requis à la frontière nous ont coûté plus de 100.000 livres ces dernières années. Les changements que nous avons faits ont largement réduit ces coûts », poursuit-il.

« Dégâts immenses »

Pour se faciliter la vie, Pecan Deluxe a aussi décidé de faire de Calais son seul port d’entrée dans l’UE, pour organiser les passages en douane et les inspections vétérinaires au même endroit.

Le confiseur est loin d’être la seule entreprise britannique touchée par les retombées du Brexit. De nombreux secteurs sont notamment confrontés à un manque de main d’œuvre sévère, avec plus de 300.000 travailleurs européens qui manquent comparé à avant le Brexit et que ne compensent pas les recrues hors UE.

Et toutes les entreprises n’ont pas trouvé de manière d’éviter les retombées négatives, comme l’a fait Pecan Deluxe.

Eurostar déplore par exemple un embouteillage aux contrôles d’immigration et douaniers qui ralentit tellement le flux de voyageurs que les trains sont peu remplis aux heures de pointe.

Le maire de Londres Sadiq Khan, membre du parti d’opposition travailliste, a appelé il y a quelques jours les dirigeants conservateurs à reconnaître les « dégâts immenses » causés par un Brexit qui selon lui « ne fonctionne pas ».

Le soutien au Brexit n’a jamais été aussi faible outre-Manche: moins d’un tiers des Britanniques estiment que c’était la bonne décision, d’après un sondage mené en novembre par l’institut YouGov.

Mais pas question pour l’instant, dans le camp travailliste comme conservateur, d’inverser la vapeur après des années de tractations délétères qui ont profondément divisé le pays.

Alors Pecan Deluxe fait contre mauvaise fortune bon cœur et prévoit de doubler son chiffre d’affaires sur cinq ans.

S’il se prend à rêver à un improbable retour dans l’UE, son patron estime en attendant que si le gouvernement britannique donnait plus d’informations aux entreprises, qui en sont réduites à payer de coûteuses formations pour s’y retrouver, ou leur versait des aides financières, « cela aiderait déjà beaucoup ».

© AFP

Ecrire un commentaire