Paris (AFP) – En ville, la mésange charbonnière privilégie l’odorat pour trouver son alimentation, malgré la pollution, alors que celle des champs se repose plus sur la vision, selon une étude qui souligne la capacité d’adaptation de ce volatile à un milieu urbain.
« C’est l’inverse de ce à quoi nous nous attendions, une vraie surprise », dit à l’AFP Diana Rubene, chercheuse en écologie du comportement à l’Université suédoise des sciences agricoles d’Uppsala.
Parus major, la plus grande des mésanges, est aussi un des rares passereaux à avoir colonisé les villes, sans renier ses attaches champêtres.
L’oiseau utilise aussi bien la vue et l’odorat pour identifier une grande variété d’aliments – graines, vers de terre, toute une gamme d’insectes etc. Atout supplémentaire pour la scientifique: il apprend vite.
Comment cet oiseau utilise-t-il les signaux olfactifs et visuels pour s’alimenter, en les associant ou pas? Et l’environnement urbain, avec ses éclairages et sa pollution, affecte-t-il son comportement?
Une équipe de chercheurs des universités d’agriculture d’Uppsala et de biologie de Lund ont habitué treize mésanges charbonnières à chercher pitance, sous forme de petits morceaux de ver de terre, cachés dans un assemblage de perchoirs.
Disposé sur une perche, l’assemblage offrait à l’oiseau le choix d’un perchoir sans signe distinctif et vide, d’un autre doté d’une pastille de couleur, d’un troisième avec un sachet distillant une odeur, et d’un quatrième combinant couleur et odeur, avec par exemple la couleur bleue et une odeur de vanille.
Friand de petites chenilles, qui se repaissent de feuilles des arbres, Parus major utilise la vision, mais aussi son odorat exceptionnel pour les repérer. Il identifie les signaux chimiques – des composés volatiles – qu’émettent les arbres attaqués par la chenille.
« Nous nous attendions à ce que l’environnement urbain, avec beaucoup de pollution et d’autres odeurs qui ne sont pas naturelles, puisse troubler le sens de l’odorat des oiseaux, et rendre plus difficile son utilisation », explique Diana Rubene. « Mais la conclusion est à l’opposé ».
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« Plus malignes »
Les mésanges « urbaines », capturées dans deux quartiers de la ville de Lund, ont préféré les perchoirs munis d’un signal odoriférant. A l’inverse, les mésanges champêtres, capturées dans des forêts, ont préféré les signaux visuels.
L’étude, parue mercredi dans la revue Open Science de la Royal Society britannique, suppose, entre autres, que l’absence relative de végétation dans les villes permet à la mésange de distinguer plus facilement les signaux des arbres portant des insectes.
Cela reste une hypothèse, selon Diana Rubene, qui admet volontiers que le rôle de l’odorat dans l’arsenal sensoriel des oiseaux reste très largement à décrypter.
Justement, son étude visait initialement à mesurer si la mésange privilégie une association de signaux visuel et olfactif. En fait, elle révèle qu' »il n’y a pas de véritable preuve que cette solution soit plus attractive » qu’un simple signal, selon la chercheuse. Autrement dit, l’association de deux signaux n’apporte pas de véritable valeur ajoutée.
Mais cela est vrai uniquement sur l’ensemble de la population testée, parce qu’il existe une différence entre les sexes. Et c’est la troisième découverte.
Les femelles ont tendance à utiliser de préférence une association de signaux, sans négliger pour autant les autres. Pourquoi? Parce qu’elle sont « plus motivées et plus concentrées », selon la chercheuse suédoise.
Les femelles ont retenu pendant leur apprentissage que cette association de signaux était aussi la promesse d’une récompense. Alors elles s’appliquent, quand les mâles papillonnent d’un perchoir à l’autre.
Question de survie, plus faibles physiquement et chassées par les mâles quand elles sont en concurrence avec eux pour s’alimenter l’hiver, « les femelles doivent être plus malignes ».
© AFP
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