L’équipage de L’Ile d’Elle entame la route du retour. Alors que l’été australe touche à sa fin, les glaces de mer commencent à se reformer, complexifiant la navigation. Les Marins des Glaces doivent donc faire preuve d’une attention de tous les instants.

Nous avons beau explorer la péninsule Antarctique depuis un mois, toutes les îles devant lesquelles nous passons ou sur lesquelles nous posons le pied sont différentes : rocher, glace, neige, montagne, plage… Il y en a pour tous les goûts, du moment qu’on apprécie le froid ! 

Ici, chaque animal a son environnement de prédilection : alors que les otaries semblent trouver les cailloux douillets, les phoques ne jurent que par la glace. Les léopards de mer semblent particulièrement apprécier les gros glaçons. Nous préférons les admirer lorsqu’ils font la sieste que lors de nos sessions en packraft (sorte de kayak gonflable) : la toile de nos embarcations serait trop fine pour résister à leur coup de mâchoire et nous n’avons vraiment pas envie qu’ils nous prennent pour de gros manchots, dont ils ne font à l’ordinaire qu’une bouchée !

Revenant quasiment sur nos pas après notre descente jusqu’en Baie Marguerite, nous constatons déjà des changements : les jours raccourcissent – nous avons vu la lune pour la première fois la semaine dernière – et les quarts de glace la nuit se font maintenant dans la quasi-obscurité. L’été est très court dans la région et des zones qui étaient dégagées lors de notre premier passage sont recouvertes de frasil : pellicule de glace qui se forme sur la mer, avant de geler complètement. L’eau prend alors des teintes laiteuses, magnifiques.

Ainsi hier, après douze heures de navigation, nous avons dû continuer notre route durant une bonne partie de la nuit, le mouillage que nous visions étant déjà occupé par de nombreux glaçons et icebergs. C’est un vrai travail d’équipe qui s’impose alors : nous nous reposons et veillons à tour de rôle, en réduisant l’allure du bateau afin d’éviter tout accident. Le repos accumulé lors des quatre journées précédentes – durant lesquelles nous n’avions pas pu quitter notre crique, du fait d’un vent trop violent – nous permet ainsi de rester vigilants, avant une bonne grasse matinée bien méritée. 

Espérons juste que cela ne se reproduise pas trop souvent à l’avenir !

Ingrid Vanhée, pour les Marins des Glaces

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Les marins des Glaces est une expédition conduite en partenariat avec la Fondation le Français, témoin des pôles.

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