La Uribe (Colombie) (AFP) – Les touristes ont remplacé les guérilleros dans le canyon de Guape, merveille de la nature cachée dans le centre de la Colombie. Armes et caisses de munitions ont disparu au profit de grosses bouées multicolores.
Pendant des décennies, cet endroit reculé fut l’une des routes stratégique des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Mais avec l’accord de paix de 2016 signé avec cette guérilla marxiste, et le retour à la paix dans cette région du Meta, visiteurs colombiens et étrangers redécouvrent les eaux limpides de cette rivière dissimulée dans les méandres de falaises de plus de 35 mètres de hauteur.
Les parois à pic se touchent presque, ne laissant passer par endroits qu’un filet de lumière qui vient se poser avec délicatesse sur les flots transparents.
Parmi les innombrables curiosités naturelles et richesses touristiques de la Colombie, le canyon de Guape, près de la localité de La Uribe, en contrebas de la cordillère des Andes occidentale, est encore quasi inconnu des Colombiens eux-mêmes.
La beauté insoupçonnée de l’endroit comme sa géographie si particulière font désormais la joie de quelques amateurs de canyoning et autre « tubing », selon les anglicismes en vogue chez opérateurs de tourisme.
Chaque jour, des dizaines de touristes se lancent à l’aventure, se laissant glisser sur de grosses bouées au fil du courant sur des eaux tantôt turbulentes, tantôt calmes.
A 150 km à vol d’oiseau au sud de Bogota (mais à près de 7 heures de route), le canyon de Guape, noyé dans la jungle, était un axe de pénétration et un corridor de ravitaillement clé pour les guérilléros des FARC, infiltrés depuis les plaines amazonienne du Meta jusqu’en périphérie sud de la capitale.
« Avant, les gens passaient par ici armés de fusils (…) C’est impressionnant de voir la façon dont les choses ont changé », résume l’un des guides du site, avant d’entamer une visite organisée par la région.
La Uribe a accueilli une tentative de négociation de paix avec les FARC, qui a échoué. Elle a également été l’épicentre d’un assaut sanglant des rebelles qui y ont détruit des postes de police et de l’armée. En 2017, les guérilleros sont sortis de la brousse pour déposer les armes.
« Malgré toutes les vicissitudes et les problèmes depuis des décennies (…) aujourd’hui la nature elle-même se charge de faire renaître les communautés », se félicitent les autorités régionales. L’accord de paix a désarmé la majeure partie des FARC et pacifié certaines régions, mais de nombreux groupes armés continuent de sévir dans plusieurs régions du pays, s’affrontant pour le contrôle du trafic de drogue et l’exploitation minière illégale. En un demi-siècle, le conflit interne en Colombie fait plus de neuf millions de victimes.
© AFP
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