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En Hongrie, le retour à la maison en terre, écolo et pas chère

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Préparation de briques en argile pour rénover une maison en terre crue, le 25 novembre 2023 à Acs, en Hongrie © AFP ATTILA KISBENEDEK

Ács (Hongrie) (AFP) – Timea Kiss aligne les briques en paille argileuse: propriétaire d’une maison hongroise en terre crue, elle profite d’un stage pour apprendre à la rénover, en plein essor d’une méthode ancestrale longtemps méprisée.

« On y vit très bien niveau isolation », estime cette puéricultrice de 42 ans au bonnet en laine kaki, consciente qu’on associe encore ce type d’habitation à la misère des régions reculées.

« En hiver, on a bien chaud. Et l’été, les invités croient tous qu’on a installé la clim tellement il y fait frais », raconte-t-elle à l’AFP en marge de l’atelier qui se déroule dans la ville danubienne d’Acs, dans le nord-ouest de ce pays d’Europe centrale.

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Comme elle, ils sont une douzaine bottes aux pieds, à apprendre comment faire durer ces constructions tombées en désuétude après la Seconde guerre mondiale, mais qui parsèment encore les plaines et logent environ 15% des Hongrois.

Certaines ont des toits de chaume et pour les brochures touristiques, elles sont même devenues une signature de la Hongrie pittoresque.

 Une brique à la minute

Réchauffement climatique, inflation, quête de sens… face au béton triomphant de l’ère communiste qui a banni jusqu’en 1989 les modestes traditions paysannes, la crise a redonné ses lettres de noblesse à la bonne vieille bâtisse faite de briques en terre crue.

Fabriqués à la main avec un mélange de paille et de terre argileuse, ces habitats avaient acquis une mauvaise réputation parce qu’ils avaient été cimentés, ce qui avait piégé l’humidité, provoquant des maladies respiratoires.

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Au contraire, selon l’architecte organisateur du stage Adam Bihari, 33 ans, casque blanc vissé sur le crâne: la terre, réputée pour sa dureté, en plus d’être non traitée chimiquement, régule efficacement l’humidité et convient donc particulièrement aux asthmatiques.

« Je suis surbooké pour les trois ans à venir », sourit en s’essuyant le front son collègue Janos Gaspar, 48 ans et carrure imposante. Il en a déjà construite plus de 200!

Et pas besoin d’aller chercher le matériau bien loin: il est sous ses pieds. « Ce type de sol est parfait pour faire les 20.000 briques nécessaires » à la construction d’une maison, dit-il.

Avec un peu d’huile de coude et à raison d’une brique à la minute, il faut une quinzaine de jours environ, hors séchage obligatoire, pour obtenir de quoi entamer les travaux.

 L’argument du prix

« Ce mur a été monté il y a cent ans et il est toujours là », explique Adam Bihari, adepte d’un retour à cette technique en harmonie avec la nature, pratiquée depuis le néolithique.

Il montre un pan qu’il enduit d’une boue fraîchement préparée, de quoi « le faire tenir cent ans encore » car il est en plus ignifuge, avant qu’il ne se désintègre sans laisser de déchets au sol.

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L’empreinte carbone est négligeable, d’autant qu’on supprime le transport de matériaux venus souvent du bout du monde et qu’il n’y a pas besoin d’engins de chantier fonctionnant au diesel.

Tout faire avec ses mains, c’est d’ailleurs ce qui séduit Agnes Basti, traductrice qui suit la formation. « Même sans grand talent, tout le monde peut y arriver », dit-elle, enthousiaste.

Mais l’argument écologique ne fait pas le poids face à celui du prix, très dans l’air du temps… plusieurs participants ont expliqué ne plus pouvoir se loger dans du bâtiment conventionnel.

« On cherche une solution moins chère » notamment à cause de l’explosion des coûts de l’énergie, souffle Zsolt Cserepkei, un chauffeur routier de 31 ans. « Alors si en plus c’est bon pour l’environnement, c’est parfait! »

© AFP

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