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Quand notre attachement à l’ours en peluche en dit long sur notre représentation du vivant

ours en peluche attachement rapport au vivant

Des ours en peluche dans un café de Paris en 2021 © Anne-Christine POUJOULAT / AFP

Une récente étude scientifique française s’est intéressée au pouvoir réconfortant de l’ours en peluche. Publiée dans la revue The Journal of Positive Psychology, elle révèle que le lien émotionnel entre le possesseur de la peluche et cette dernière joue un rôle prépondérant dans son caractère réconfortant. Ces résultats ont été obtenus grâce à une démarche de sciences participatives et une enquête auprès d’un millier de personnes âgées de 3 à 72 ans. Mais, au-delà de leur dimension psychologique, les ours en peluche dévoilent autre chose de notre vision de la nature.

Lien émotionnel et ergonomie, les deux raisons du succès de l’ours en peluche

L’université de Montpelier explique la démarche : « des scores de réconfort ont ainsi pu être calculés pour chacun des ours, selon qu’ils aient été évalués par leur “propriétaire” ou bien par une autre personne. Les résultats montrent que les participants surévaluent le pouvoir réconfortant de leur ours illustrant le fort effet du lien émotionnel. En plus de cet effet les résultats montrent aussi un effet significatif de la douceur, du volume, du fait d’être agréable à manipuler et à regarder. »

Des peluches qui ne reflètent pas la diversité du vivant

L’étude interroge aussi sur la place du vivant et de ses représentations dans notre quotidien. Ainsi que sur ces effets dans la compréhension de l’écologie. En effet, l’ours représente près du tiers des peluches en France. « Les peluches sont un très mauvais indicateur de ce à quoi ressemble la biodiversité », explique Thierry Brassac, médiateur scientifique à l’Université de Montpellier. « Notre vision de la biodiversité est biaisée par les choix opérés. Dans le monde des peluches, les mammifères sont les rois alors que dans la vraie vie, ce ne sont pas les rois. » Une question demeure, qu’est-ce qui suscite ce lien affectif si particulier entre l’ours et l’être humain ?

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L’ours, roi des peluches et ancien roi des animaux

L’écologue Anne-Sophie Tribot, auteure principale de l’étude, travaille sur la perception esthétique de la biodiversité : « notre étude dit quelque chose de notre rapport aux ours qui est tumultueux et passionné. Il oscille entre attraction, admiration, affection, crainte et répulsion. On partage les mêmes habitats et on est en compétition pour l’accès aux ressources. De plus, l’ours peut aussi se déplacer sur ses deux pattes, de loin sa silhouette ressemble à celle d’un humain. »

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« Apparu au début du XXe siècle, l’ours en peluche est très occidental. Son essor va de pair avec le développement de la société de consommation », précise Thierry Brassac. Alors que l’Église a longtemps combattu l’ours car, comme d’autres espèces, il était un symbole associé à des cultes païens, l’ours connaît depuis 120 ans un retour en grâce spectaculaire. « L’ours fascine. Pendant longtemps, l’ours était le vrai roi des animaux, bien avant le lion », selon Thierry Brassac. Ce succès serait dû au fait que l’ours constitue « une des espèces les plus proches de nous dans l’arbre du vivant », ce qui en fait aussi « une espèce emblématique que beaucoup de monde veut protéger ».

Quelles leçons pour la conservation du vivant ?

L’érosion de la biodiversité concerne toutes les espèces. Toutefois, toutes ne bénéficient pas de la même visibilité ou attention. « Il a déjà été prouvé, en psychologie de l’environnement, qu’on a tendance à vouloir protéger ce qu’on aime et ce qu’on trouve beau », rappelle Anne-Sophie Tribot. « La question du rapport au vivant à travers la peluche n’est pas triviale, elle soulève de nombreuses questions et discussions sur la psychologie, le développementalisme et le rapport à la nature et au vivant. »

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Interrogé sur la place de l’ours dans notre quotidien et si cela donne envie ou non de le protéger, Anne-Sophie Tribot répond : « en fait, c’est un peu difficile de démêler qui de l’œuf ou la poule. Est-ce que c’est parce qu’on aime l’ours, que la plupart d’entre nous y est attaché, qu’on a envie que cette espèce soit protégée, et donc qu’il est beaucoup représenté en peluche ? Ou bien, est-ce parce que l’ours est beaucoup représenté en peluche qu’on y est attaché ? ». L’écologue souligne que : « c’est tout le temps les mêmes espèces auxquelles nous sommes exposés au quotidien via les objets et les représentations, notamment les peluches. Ces dernières occupent une place importante dans la vie des enfants, à un âge où se forme aussi le rapport à la nature. Il serait donc important que ce ne soit pas toujours les mêmes mammifères emblématiques qui soient représentés. On peut imaginer représenter tout l’ensemble du vivant, par exemple des poissons, des insectes, des micro-organismes, des végétaux, des fruits et des légumes… » Et donc, si on décidait de varier les peluches ? En développant la diversité et la bio diversité des jouets, des peluches, mais aussi des emblèmes et des logos des entreprises et des marques. Car, au fond, ils n’ont rien d’anodin.

Julien Leprovost

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3 commentaires

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    • Henri DIDELLE

    ON PARLE SOUVENT DU GENTIL NOUNOURS ET GRAND MECHANT LOUP
    En réalité on pourrait presque penser l’inverse. L’ours a pour habitude d’attaquer l’homme alors que le loup le fait très rarement. Et pourtant la légende populaire enseigne exactement l’inverse. C’est un fait que j’ai du mal à admettre…

    • Rochain Serge

    Le roi des animaux ne pouvait pas, hisoriquement être le Lion dans nos contrées septentrionales puisqu’il y était inconnu . Quel animal pouvait représenter la force, longtemps la premier qualité d’un roi sinon l’ours ?

    • JF Dumas

    L’art d’enfoncer les portes ouvertes : on a tendance à protéger ce qu’on aime et que l’on trouve beau ! Le contraire serait étonnant, sacrée découverte