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À l’occasion de la Nuit de la Chouette organisée par la LPO, un ornithologue nous explique pourquoi aller à la rencontre des rapaces nocturnes

LPO journée de la la chevêche d’Athéna

Une chevêche d’Athéna© Emile Barbelette preview/MLPO

Tous les 2 ans, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) propose la nuit de la Chouette. Grâce à plus de 300 événements prévus partout en France en mars 2023, chacun pourra aller à la rencontre des chouettes et des hiboux partout en France (consultez le programme sur le site de la LPO). À cette occasion, Théo Hervé, ornithologue à la LPO nous parle des rapaces nocturnes vivant en France, des animaux fascinants qui méritent d’être mieux connus.

Qu’est-ce que la Nuit de la chouette ?

Il s’agit d’un évènement ouvert à tous. Il est organisé par la LPO et les associations locales tous les deux ans, au mois de mars, pour mieux faire connaître les rapaces nocturnes. En général, cela se déroule en deux temps, d’abord une présentation des espèces en salle puis une sortie sur le terrain pour essayer de les voir.

Combien d’espèces de chouettes vivent en France ?

En français, le mot chouette désigne certains rapaces nocturnes. Les chouettes forment avec les hiboux ce qu’on désigne comme étant les rapaces nocturnes.

« Il y a 9 espèces de rapaces nocturnes nicheurs en France. »

 Il y a 9 espèces de rapaces nocturnes nicheurs en France. Pour les animaux qu’on regroupe sous l’appellation « chouette », on trouve 5 espèces en France : l’effraie des clochers, la chevêche d’Athéna, la chouette Hulotte, le Chevêchette d’Europe et la chouette de Tengmalm.

 

Pour les espèces désignées habituellement sous le terme « hibou », on en recense 4 : le hibou des marais, le Grand-duc d’Europe, le petit duc scops et le hibou moyen-duc.   

Justement comment distinguer la chouette et le hibou ?

Il faut comprendre que chouette et hibou sont deux mots employés en français dans le langage courant pour désigner les rapaces nocturnes en fonction d’un trait distinctif qu’est la présence d’aigrettes chez les hiboux et l’absence d’aigrettes chez les chouettes. En anglais, on les regroupe tous sous le terme « owl ». En effet, la distinction entre chouette et hibou est fausse d’un point de vue phylogénétique. La chouette hulotte s’avère, par exemple, plus proche génétiquement du hibou moyen-duc que de la chouette effraie. D’un point de vue scientifique, il est plus judicieux de parler de Strigiformes qui est le nom scientifique de l’ordre dans lequel les rapaces nocturnes sont regroupés.

« La distinction entre chouette et hibou est fausse d’un point de vue phylogénétique. »

Quel est globalement l’état de leurs populations dans notre pays ?

Cela dépend des espèces qui découle surtout de l’état de leur milieu. Le caractère nocturne de ces rapaces rend difficile leur décompte et leur suivi. Le recensement se fait ainsi beaucoup à l’écoute. La chouette Hulotte se porte a priori plutôt bien. C’est une espèce commune, assez généraliste, elle fréquente à la fois les milieux forestiers et des milieux plus ouverts. On estime le nombre de Hulottes entre 100 000 et 200 000 couples en France. Bien qu’il soit difficile de se faire une idée, on considère que cette population reste stable.

Quant à elle, la chevêche d’Athéna est un petit rapace nocturne qu’on trouve principalement dans les milieux agricoles et bocagers. Elle dépend de la qualité de ces paysages. Elle pâtit de la transformation des paysages agricoles et de l’évolution du bâti. Ainsi, la disparition des haies et l’essor de la monoculture affectent son accès à des abris et à de la nourriture, comme des insectes ou des petits mammifères. Or, ce rapace nocturne spécialiste du milieu agricole les trouve habituellement dans les paysages agricoles traditionnels.

Que faire pour aider ces espèces ?

Le maintien de la qualité des milieux est essentiel. Préserver les paysages agricoles en évitant de se tourner vers une production intensive se montrerait bénéfique pour la faune et la flore, autant pour les rapaces que pour leurs proies. Par exemple, pour aider les Strigiformes à trouver où nicher et où chasser,  il faut préserver les haies, laisser les vieux arbres ou les arbres morts dans les vergers. On peut veiller à laisser des micro-habitats pour les rapaces nocturnes en conservant des trous ou encore des endroits où nicher dans les bâtiments qu’on construit et rénove.

Les rapaces nocturnes souffrent également des collisions avec les voitures la nuit, lever le pied serait donc bien. Toujours la nuit, réduire l’éclairage artificiel permettrait de limiter la pollution lumineuse qui  peut désorienter les oiseaux et agir comme une barrière les éloignant de leur habitat.

Comme ornithologue et passionné des oiseaux, qu’est-ce qui vous plaît chez les rapaces nocturnes ?

Ces sont des oiseaux qu’on ne voit pas fréquemment. On sort le plus souvent le jour pour observer les oiseaux donc apercevoir une chouette ou un hibou reste un moment relativement rare et très gratifiant. L’année dernière, j’ai travaillé sur le hibou Grand-Duc, c’est un animal majestueux, le plus grand des rapaces nocturnes, et magnifique avec ses yeux oranges. Le hibou Grand-Duc se révèle aussi fascinant car il dispose d’une grande capacité d’adaptation. Il peut en effet nicher dans des milieux très différents. De plus, il chasse une gamme très variée de proies allant des insectes jusqu’aux mammifères de la taille du renard.

« Le hibou grand-duc est un animal majestueux, le plus grand des rapaces nocturnes, et magnifique, avec ses yeux oranges.»

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Un hibou Grand-Duc D’europe en forêt de Rambouillet en 2013 en Île-de-France. © AFP JOEL SAGET / AFP

 


 Avez-vous un souvenir marquant d’une rencontre avec un rapace nocturne ?

J’ai travaillé sur le hibou Grand-Duc dans l’est de la France, où il niche notamment dans la paroi des carrières où il retrouve un habitat proche des falaises. En observation au crépuscule, j’ai le souvenir d’un Grand-Duc qui vient se poser très près de moi. Il se pose sur une paroi à côté de moi pour chanter. En plus de le voir, j’ai découvert d’autres sons. Son chant porte très loin, pourtant, là, à proximité, j’ai découvert des cris et des gloussements qui ne portent pas très loin et ne sont donc pas audibles habituellement. Je ne les avais jamais entendus auparavant.

[À lire aussi À l’écoute du Vivant avec l’audio-naturaliste Marc Namblard : « si les animaux émettent autant de sons dans la nature, c’est que cela répond à des besoins vitaux »]

Propos recueillis par Julien Leprovost

Pour aller plus loin

Le programme de la Journée de la Chouette pour mars 2023 sur le site de la LPO

Toutes les fiches espèces de la LPO consacrées aux rapaces nocturnes à découvrir sur le site de la LPO pour mieux connaître chouettes et hiboux

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