TotalEnergies: la justice française déboute des opposants au mégaprojet en Ouganda et en Tanzanie

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Le groupe TotalEnergies est critiqué pour un mégaprojet en Ouganda et en Tanzanie © AFP/Archives Lou BENOIST

Paris (AFP) – Le tribunal de Paris a débouté mardi les opposants au mégaprojet pétrolier controversé de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, reprochant en creux aux ONG de ne pas avoir suffisamment exploré la voie du dialogue avec le géant pétrolier avant de saisir la justice.

Très attendue, la décision des magistrats constitue une première interprétation du « devoir de vigilance » des entreprises, créée en 2017 par une loi française pionnière, mais dont les magistrats pointent du doigt les lacunes.

Cette loi impose aux multinationales de prévenir les risques que font peser leurs activités sur les droits humains, la santé et l’environnement. Elle donne lieu à une dizaine de procédures en cours d’ONG contre des groupes français, mais elle n’avait encore jamais été appliquée devant la justice.

Le tribunal de Paris a toutefois jugé mardi « irrecevables » les demandes des Amis de la Terre, de Survie et de quatre ONG ougandaises. Celles-ci avaient assigné en 2019 le groupe pétrolier sur la base de cette loi en attaquant deux chantiers colossaux indissociables, dont elles réclamaient la suspension: le projet Tilenga, un forage en Ouganda empiétant sur le parc naturel des Murchison Falls; et le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline), un oléoduc chauffé de 1.500 km jusqu’à la côte tanzanienne.

Outre le péril pour des zones riches en biodiversité, les ONG ont documenté sur le terrain des atteintes aux droits humains: populations expropriées sans être indemnisées à temps ou suffisamment, voire empêchées de cultiver leurs terres avant de disposer d’une option alternative. Ce que conteste pied à pied le groupe pétrolier.

Cible de manifestations, de pétitions et de multiples protestations internationales, jusqu’au Vatican, le mégaprojet est par ailleurs devenu emblématique du choix controversé de TotalEnergies de poursuivre ses investissements dans les énergies fossiles malgré la crise climatique.

Dialogue

Mais le tribunal, qui a examiné l’affaire en décembre après trois ans de bataille procédurale, estime que les demandes et griefs des associations sont désormais « substantiellement différents » de ceux contenus dans la mise en demeure qu’elles avaient adressée à TotalEnergies en juin 2019, point de départ de la procédure.

Cette mise en demeure, selon la loi, ouvre un délai de trois mois à l’entreprise pour répondre et le cas échéant se mettre en conformité, avant une éventuelle saisine de la justice.

Pour justifier leur rejet, les magistrats défendent longuement cette étape de la procédure, garantissant la volonté du législateur « d’instituer une phase obligatoire de dialogue et d’échange amiable » et de garantir un « processus collaboratif d’élaboration du plan de vigilance » avant toute saisine de la justice.

Les ONG, qui contestent avoir modifié substantiellement leurs demandes, « n’ont fait que les préciser et consolider leur argumentaire avec plus de 200 documents de preuves à l’appui », a réagi Juliette Renaud, une responsable des Amis de la Terre contactée par l’AFP.

« On va se laisser le temps de digérer la décision » et échanger « pour voir si il est opportun de faire appel ou pas », a déclaré à l’AFP leur avocate Céline Gagey, saluant « la mobilisation citoyenne très forte sur ce projet » grâce à leur action qui « a obligé Total à améliorer la transparence de ses procédures et à faire quelques efforts » toutefois « encore très insuffisants ».

Le précédent Shell

Du côté de TotalEnergies, on refuse tout interview et on se borne à « prendre acte » de la décision.

Les magistrats déplorent aussi que la loi, faute de décret adapté, n’impose que des mesures de vigilances « générales et sans contours précis », sans « instruments de mesure » ni « organisme de contrôle », entre autres.

« Cette législation assigne ainsi des buts monumentaux de protection des droits humains et de l’environnement à certaines catégories d’entreprise précisant a minima les moyens qui doivent être mis en oeuvre pour les atteindre », regrettent les juges.

Leur lecture sera cruciale pour le devenir des procédures pour non-respect du « devoir de vigilance » déjà lancées contre des groupes tels que Casino, Suez, Yves Rocher ou encore BNP Paribas, mis en cause pour son soutien financier aux énergies fossiles… notamment au sein de TotalEnergies.

Dans une autre procédure, la major pétrolière française est encore assignée sur la base du « devoir de vigilance », cette fois accusée de sous-estimer les « risques d’atteintes graves au système climatique » de ses activités. Une audience est prévue à Paris le 22 mars.

En ligne de mire, les ONG espèrent obtenir un jour un équivalent français de la condamnation de Shell en 2021 aux Pays-Bas, quand un tribunal avait condamné le géant pétrolier à accélérer son plan de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

© AFP

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4 commentaires

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    • Balendard

    Pour comprendre la situation en Afrique en ce qui concerne l’énergie voir les pages 43 et 73 de
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/cartographie.pdf

    Vu la potentialité du solaire voltaïque en Afrique on peut sincèrement se demander s’il faut s’engager dans cette voie en raison du réchauffement climatique.
    Voir la page 113 de
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/7finance-acteurs.pdf

    Ceci en raison de l’urgence qu’il y a à agir dans le sens du renouvelable et même si l’on ne doute pas de la bonne volonté et de la sincérité de Total d’utiliser le potentiel financier énorme que va dégager la revente de ces produits fossiles.

    • Balendard

    Pour comprendre la situation en Afrique en ce qui concerne l’énergie voir les pages 43 et 73 de
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/cartographie.pdf

    Vu la potentialité du solaire voltaïque en Afrique on peut sincèrement se demander s’il faut s’engager dans cette voie en raison du réchauffement climatique.
    Voir la page 113 de
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/7finance-acteurs.pdf

    Ceci en raison de l’urgence qu’il y a à agir dans le sens du renouvelable et même si l’on ne doute pas de la bonne volonté et de la sincérité de Total d’utiliser le potentiel financier énorme que va dégager la revente de ces produits fossiles pour agir dans ce sens.

    • Balendard

    Le message qui vient d’être transmis sur Gooodplanet par Balendard porte parole du site sur l’énergie http://www.infoenergie.eu n’est pas passé

    Dommage

    • Guy J.J.P. Lafond

    Surprenant!
    Merci de nous informer!
    Indignons-nous partout sur Terre!
    Au Canada aussi, des pétrolières et de très puissantes banques continuent d’agir avec une insouciance totale quand il s’agit de mieux protéger l’avenir des enfants sur Terre:
    « RBC (Royal Bank of Canada) is putting 99% of its energy finance into fossil fuels: Here’s what they should fund instead » – Greenpeace.org (02 FÉB. 2023)
    Traduction:
    « RBC investit 99 % de ses financements énergétiques dans les combustibles fossiles : voici ce qu’elle devrait financer à la place. »
    Que font donc les juges des Cours supérieures?
    Et tenez-vous bien:
    La RBC me poursuit en cour civile en Ontario (Canada) car elle a vendu ma maison à Ottawa, ON, Canada, en pleine crise de la COVID-19 (cas de force majeure) et sans mon consentement alors qu’elle sait très bien que je suis en litige avec mon employeur, le gouvernent du Canada. Un arbitrage avait été déposé par mon association professionnelle (APASE/PAFSO) contre mon employeur à la Commission des relations de travail et de l’emploi dans le secteur public fédéral en mars 2018. Cet arbitrage n’a toujours pas été réglé. Vous imaginez un peu? La RBC a donc déposé une motion contre moi à la Cour supérieure de l’Ontario car je refuse de toucher le profit de la vente de ma maison à Ottawa. Cette maison m’appartient et personne ne me l’enlèvera, pas même une banque royale très puissante qui désire récupérer le montant de l’hypothèque sur cette maison.
    Pour en savoir plus:
    “RBC c. Guy Lafond” – Ontariocourts.caselines.com
    Il faudra sans cesse le rappeler aussi au roi Charles III sur le vieux continent, lequel déclare être pour une meilleure protection de la vie sur Terre. Est-il sincère comme moi?
    Autrement, je suis d’accord avec GoodPlanet.info et avec M. Jean Grossmann. Nous devons sans plus tarder développer davantage les énergies vertes (dont les thermopompes) partout sur cette si fragile planète bleue.
    @GuyLafond
    À nos vélos, à nos espadrilles de marches, à nos vêtements de plein air! Car le temps file et car les enfants comptent.
    Guy J.J.P. Lafond (VELO) / Linkedin
    Toujours en attente, avec ma famille, de retourner vivre dans ma maison à Ottawa, ON, Canada.