Sous pression, Biden à l’heure du choix sur un gros projet pétrolier en Alaska

Le président américain Joe Biden au Mexique

Le président américain Joe Biden au Mexique en janvier 2023 © AFP NICOLAS ASFOURI

Washington (AFP) – La décision est imminente: l’administration américaine doit se prononcer sur le sort d’un important projet pétrolier en Alaska, qui met Joe Biden sous pression, face notamment à une énorme campagne d’associations environnementales visant à le convaincre de ne pas donner son feu vert.

Le président démocrate était arrivé au pouvoir en promettant de ne pas autoriser de nouveaux forages pétroliers et gaziers sur les terres fédérales.

Mais il s’est retrouvé pris dans une bataille vieille de plusieurs années autour du projet baptisé Willow, du géant pétrolier américain ConocoPhillips.

Ce projet avait initialement été approuvé par l’administration Trump, avant d’être temporairement stoppé en 2021 par un juge, qui l’a renvoyé à un nouvel examen du gouvernement.

Etant donné que Joe Biden a reconnu la « menace existentielle » que représente le réchauffement climatique, et pris de nombreuses mesures en faveur du développement des énergies renouvelables, autoriser cette exploitation pétrolière serait pour beaucoup vu comme une trahison.

Symboliquement, les forages seraient effectués dans une zone sauvage du nord de l’Alaska, en Arctique, où les températures se réchauffent bien plus vite que sur le reste de la planète, subissant de plein fouet les effets néfastes des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine.

Mais les défenseurs du projet y voient une source d’emplois, une contribution à l’indépendance énergétique des Etats-Unis et, pour certains, une étape inévitable en période de transition vers d’autres sources d’énergies.

La riposte des associations environnementales a été massive.

« S’il est approuvé, le projet Willow deviendrait le plus grand projet d’extraction de pétrole sur les terres fédérales aux Etats-Unis », a souligné Greenpeace, le qualifiant de « bombe de carbone ».

« Nous ne pouvons pas nous le permettre, en tant que planète », a asséné l’organisation Earthjustice.

Une pétition en ligne sur Change.org a recueilli plus de trois millions de signatures.

Une vague de vidéos d’opposition au projet a également déferlé sur le réseau social TikTok. Le hashtag #StopWillow dénombrait plus de 150 millions de vues jeudi midi.

[A lire aussi Le Canada approuve un grand projet pétrolier offshore controversé ]

Projet réduit?

 

Début février, le Bureau de gestion du territoire avait publié son analyse environnementale, dans laquelle il avait détaillé une « alternative privilégiée ».

Cette dernière réduirait le projet à trois sites de forages au lieu de cinq, avec environ 219 puits. Ce qui permettrait la production de 576 millions de barils de pétrole sur environ 30 ans, selon les estimations du bureau.

Cela aurait pour conséquence l’émission de 9,2 millions de tonnes de CO2 par an. L’agence américaine note que cette quantité représente 0,1% des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis en 2019.

Un quatrième site de forage pourrait être ensuite ajouté, selon ce scénario.

ConocoPhillips avait « salué » la publication de ce rapport et estimé que l’alternative proposée était « un chemin viable pour le développement futur de (son) bail ».

Le ministère en charge des terres fédérales aux Etats-Unis avait, lui, déclaré avoir « d’importantes inquiétudes », y compris concernant cette « alternative privilégiée » et « les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre » qu’elle entraînerait.

La décision finale pourrait sélectionner une alternative encore différente, et réduire encore plus l’ampleur du projet, avait souligné le ministère.

Mais les enjeux économiques sont énormes.

Début mars, trois élus de l’Alaska au Congrès américain, dont la sénatrice républicaine Lisa Murkowski mais aussi une représentante démocrate, ont rencontré Joe Biden pour lui demander d’approuver l’exploitation pétrolière.

« Nous espérons que le président écoutera les voix des autochtones d’Alaska qui vivent sur le versant nord, les voix des responsables de syndicats et des travailleurs prêts à aider à renforcer l’économie de l’Alaska, les voix des responsables de la sécurité nationale soulignant l’importance de +Willow+ pour la sécurité énergétique des Etats-Unis », ont-ils déclaré dans un communiqué à l’issue de cette réunion.

Le projet couvrira, soulignent-ils, 0,002% de la réserve de pétrole de l’Alaska.

Joe Biden a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis de 50 à 52% d’ici 2030, par rapport à 2005. Un objectif pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, et qui doit permettre à la première économie mondiale d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

© AFP

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2 commentaires

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    • Patrice DESCLAUD

    Créer des emplois, oui; mais faire des malades et des morts par pollution environnementale, cela créé aussi des emplois, des malades et des morts sauf qu’aux USA il n’y a guère de couverture sanitaire et c’est du business pour les riches !

    • Guy J.J.P. Lafond

    Le président américain actuel est un homme svelte qui montre le bon exemple à sa population américaine en enfourchant parfois son vélo, en empruntant parfois les escaliers plutôt que l’ascenseur. M. Biden comprend que l’être humain a des énergies propres en lui et que tout son pays doit aussi changer lestement ses comportements afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
    Les nouvelles règles de l’ONU sont claires. Tous les pays doivent faire leur “effort de guerre” pour réparer le Climat.
    Si les É.U. décident d’aller de l’avant avec le projet +Willow+, alors ils doivent donner en échange à l’ONU quelque chose de très grand.
    Se retirer du Conseil de sécurité de l’ONU serait une belle initiative de la part des É.U.. Cela lancerait un message clair au reste du monde entier, et surtout à des pays comme la Russie et la Chine, que le monde a changé.
    Le Conseil de sécurité de l’ONU doit être réformé et nous devons avoir des pays membres permanents exemplaires dans ce Conseil de sécurité de l’ONU.
    Rappel:
    “Depuis le 4 mars 2016, 123 États sur les 193 États membres de l’ONU ont ratifié le Statut de Rome et acceptent la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) (dont tous les États de l’Union européenne). Trente-deux États, dont la Russie et les États-Unis, ont signé le Statut de Rome mais ne l’ont pas ratifié. Enfin, certains, dont la Chine et l’Inde, n’ont pas signé le Statut.” – Wikipedia.
    Autre rappel:
    Le Canada est devenu le premier pays au monde à incorporer les obligations du Statut de Rome dans ses lois nationales lorsqu’il a adopté la Loi sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.
    Toutefois, le Canada doit prendre bonne note – lui aussi – qu’il doit réduire considérablement ses émissions de gaz à effet de serre. Il tarde à le faire.
    Suggestion:
    Pour remplacer les É.U. au Conseil de sécurité de l’ONU, le moment serait bien choisi d’élire un pays de l’hémisphère sud comme un des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
    Si ensuite la Russie prend son courage à deux mains et décide de suivre l’exemple des États-Unis en se retirant, elle aussi, du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Assemblée générale de l’ONU pourrait procéder à l’élection d’un autre pays de l’hémisphère sud pour contrebalancer la surreprésentation actuelle de l’hémisphère nord dans le groupe des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
    Et la Chine y réfléchirait à deux fois avant de vouloir commettre des erreurs comme l’ont fait déjà les E.U. et la Russie.
    On jase, là.
    Cordialement et toujours raisonnablement,
    @GuyLafond
    Un bon papa en devoir bénévole pour le Climat qu’on continue de traîner dans la boue au Canada. Pas gentil ça, le gouvernement Canadien à Ottawa!
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329