Bordeaux (AFP) – La préfecture des Deux-Sèvres entend interdire les manifestations prévues le 25 mars contre les retenues d’eau à usage agricole, nommées « bassines » par les opposants, mais ces derniers ont prévenu vendredi qu’elles auraient « bien lieu ».
Après une manifestation de plusieurs milliers de personnes sur le chantier de construction d’une retenue à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) fin octobre, les opposants avaient annoncé un nouveau rassemblement au printemps dans ce département.
Ils avaient précisé jeudi soir qu’une manifestation aurait lieu samedi 25 mars au matin « à Sainte-Soline » « et/ou Mauzé-sur-le-Mignon », où une telle réserve fonctionne déjà.
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Vendredi dans un communiqué, la préfète Emmanuelle Dubée a dit avoir notifié « son intention » d’interdire de manifester aux organisateurs: le collectif Bassines Non Merci, le mouvement Les Soulèvements de la Terre et le syndicat Confédération paysanne.
Les Soulèvements de la Terre ont dénoncé cette « manoeuvre prévisible de la préfecture pour créer un climat anxiogène » et réagi en invitant « la population (…) à ne pas céder sur son droit fondamental à manifester ».
« Nous ne doutons pas un instant que nous parviendrons à nous rassembler, malgré d’éventuels obstacles policiers et contrôles », ont-ils ajouté dans un communiqué.
La préfecture a justifié « sa volonté d’interdire » les manifestations « par les antécédents de graves troubles à l’ordre public constatés à l’occasion des précédentes manifestations ayant entrainé des actes violents à l’encontre des forces de l’ordre et des actes de sabotage sur les installations agricoles ».
Mardi, la préfète avait demandé aux organisateurs d' »exprimer leur opposition au projet de façon pacifique et respectueuse ».
De premières manifestations avaient eu lieu dans le département à l’automne 2021, puis au printemps 2022, avant celle de fin octobre malgré d’autres interdictions préfectorales. Pour le dernier rassemblement, les autorités avaient mobilisé plus de 1.500 gendarmes pour protéger le chantier de Sainte-Soline.
Cette manifestation avait donné lieu à des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Cinq d’entre eux ont été poursuivis pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences » et condamnés à des peines de deux à trois mois de prison avec sursis.
Les « bassines » de Mauzé-sur-le-Mignon et Sainte-Soline sont les deux premières d’un ensemble de 16 retenues de plusieurs centaines de milliers de m3 prévues dans les Deux-Sèvres.
Au total 93 réserves de substitution sont en projet dans l’ex-région Poitou-Charentes et font actuellement l’objet de recours juridiques déposés par les opposants, selon un collectif d’associations d’opposants.
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Ces projets visent à stocker l’eau pour l’irrigation durant l’été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver.
Ses détracteurs dénoncent un « accaparement de l’eau » destiné à l' »agro-industrie », tandis que ses promoteurs promettent de diminuer les prélèvements et d’adopter des pratiques tournées vers l’agroécologie, alors que la sécheresse hivernale a ravivé le débat autour des usages de l’eau.
© AFP
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Bousquet
Qui que ce soit ne peut s’arroger le droit de réquisitionner l’eau pluviale qui, naturellement alimente les zones à faible rétention d’eaux du fait des sols perméables par absence prolongée d’irrigation naturelle. Que ce soient les pouvoirs publics, tout comme les agriculteurs.
Deux raisons s’opposent à celà :
Les pouvoirs publics sont face à des synergies citadines et campagnardes.
Or, les villes d’un côté ne sont dotées que de systèmes élaborés pour les arrosages de jardins publics et privés. Alors qu’il serait préférable de mettre en place des arrosages issus des toîts et judicieusement orientés vers les parcelles à arroser par goutte à goutte (moins dispendieux en m3).
Les systèmes campagnards sont, eux aussi à tempérer du fait des fortes chaleurs qui apauvrissent le cours des fleuves et autres rivières. Là encore, la récupération de toits peut aider à fournir toute ou partie des besoins. Tout en faisant les réserves nécessaires (à quantifier ) et remises des trop-pleins détournés et cumulés. A prendre en compte que la Beauce n’a pas les mêmes besoins que les territoires du Nord ou du Sud où les cours sont faméliques.