Soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet en faisant un don !

Les Pays-Bas sonnés après la victoire électorale surprise d’un parti d’agriculteurs

paus bas parti agriculteurs

La co-fondatrice du mouvement paysan BBB, Caroline van der Plas, à Colmschate aux Pays-Bas, le 16 mars 2023 © ANP/AFP Sem van der Wal

La Haye (AFP) – Les Pays-Bas étaient encore sonnés jeudi au lendemain de la victoire électorale surprise d’un parti rassemblant des agriculteurs, qui met en péril les ambitions environnementales du gouvernement.

Le « Mouvement agriculteur–citoyen » (BBB), fondé en 2019, a fait une entrée en force au Sénat à l’occasion des élections provinciales : il devrait devenir le plus grand parti de la chambre haute avec 16 voire 17 sièges.

Le parti a été l’un des principaux acteurs d’une vague de manifestations contre les plans de la coalition du Premier ministre Mark Rutte pour limiter les émissions d’azote, en réduisant notamment le cheptel et éventuellement en fermant des fermes.

Ces manifestations ont attiré l’attention du monde entier et recueilli notamment le soutien de l’ancien président américain Donald Trump et de plusieurs personnalités d’extrême droite.

« Les gens ont fait entendre leur voix, et comment! », s’est exclamée Caroline van der Plas, co-fondatrice du BBB et seule députée du parti.

Les élections provinciales, qui servent à désigner les sénateurs, ont vu le BBB remporter le plus de voix dans la majorité des 12 provinces du pays, selon les derniers décomptes, une « victoire monstre » aux yeux de la presse néerlandaise.

[À lire aussi Léo Cohen, auteur de 800 jours au ministère de l’impossible : « vous pouvez mettre Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou Greta Thunberg à l’Elysée, en réalité, la marge de manœuvre restera limitée pour l’écologie et le climat »]

 « Historique »

Le BBB a également récolté les voix d’électeurs déçus par les partis dits traditionnels et qui ont perdu confiance en Mark Rutte, en poste depuis 2010 et Premier ministre néerlandais à la plus grande longévité.

« Le gain historique du BBB est le résultat de nombreux votes protestataires », observe Marleen de Rooy, journaliste politique pour la télévision publique NOS.

Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie de M. Rutte (VVD) a dû se contenter d’une estimation de 10 sièges sur les 75 du Sénat.

« Ce n’est pas la victoire que nous voulions », a déclaré mercredi soir M. Rutte.

[À lire aussi Loi Climat: les engrais azotés minéraux sous la menace d’une redevance]

Déjà minoritaire avant les élections, la coalition quadripartite se retrouve encore plus loin d’une majorité au Sénat, divisé avec le BBB d’un côté et les écologistes (GroenLinks) et le Parti travailliste (PvdA) de l’autre, qui devraient obtenir ensemble 15 sièges.

La tâche s’annonce compliquée pour trouver le soutien nécessaire pour les plans environnementaux de l’exécutif : le BBB pourrait s’allier avec des partis de droite également opposés, tandis que GroenLinks et le Parti travailliste estiment que ces plans ne sont pas assez ambitieux.

« Concessions »

« Les électeurs ont donné au gouvernement un casse-tête politique complexe » à résoudre, car le BBB et le bloc de gauche vont exiger des « concessions substantielles » pour coopérer avec l’exécutif, estime le quotidien De Volkskrant.

[À lire aussi Nouvelle-Zélande: les éleveurs toujours asphyxiés par le plan de taxation des rots et pets de vache]

M. Rutte a indiqué auprès de la NOS, la radio-télévision pubique néerlandaise, qu’il allait analyser la situation « dans le calme » et que la coalition – majoritaire dans la chambre basse – chercherait ensuite une majorité « par dossier » au Sénat.

Caroline van der Plas, apparaissant bouché bée par les résultats en une de plusieurs journaux jeudi, a immédiatement souligné son engagement à défier les plans gouvernementaux pour l’environnement.

L’exécutif veut abaisser de 50% d’ici 2030 les émissions d’azote, un gaz à effet de serre émis notamment par les engrais et les effluents d’élevage.

Cette mesure est nécessaire, selon lui, pour résoudre la crise du logement. De grands projets de construction, qui émettent également de l’azote, ont été suspendus par la justice pour des raisons environnementales.

La Haye veut débloquer 25 milliards d’euros d’ici 2035 pour aider le secteur agricole à réduire ses émissions. Mais ce dernier se dit injustement ciblé par rapport à l’industrie et les transports.

© AFP

2 commentaires

Ecrire un commentaire

    • MULWA TANZI CELESTIN

    Nous saluons cette victoire comme celle du retour du Président Brésilien LULA. Cela prouve la force des agriculteurs s’ils sont unis. D’ailleurs, nous sommes plus nombreux sur cette planète. Encore, nos vives félicitations. L’agriculture familiale doit diriger cette planète.

    • Fouilloux

    Laissons les paysans bosser, leurs écoles sont au top…..
    Partout….et on le voit dans les pays Bas….. ils sont agressés.
    Les fonctionnaires regardent leur propre-carrière et n’ont pas le souci des agriculteurs, éleveurs maraîchers poissonniers ….etc
    ils n’ont pas l’expérience d’une journée de travail dans une ferme…qu’ils y fassent un tour..et là….ils pourront comprendre…que c’est un engagement de toute une vie pour fournir des produits d’exception !