Depuis décembre 2022, une campagne de recherche du chat forestier a été lancée en Ile-de-France. Son objectif est de confirmer la présence de ce félin sauvage en Seine-et-Marne (77) grâce à des pièges photographiques installés principalement en lisière de forêt.
Le chat forestier, dernier félin sauvage de la région
Le chat forestier (Felis silvestris silvestris) est l’un des derniers félins sauvages d’Europe. Cet animal sauvage d’une soixantaine de centimètres de long, au pelage rayé gris ou fauve, à la queue épaisse, pèse 5 kg. C’est l’unique représentant de la famille des félins à vivre dans la nature en Île-de-France. Son petit gabarit et la couleur de son pelage font qu’il se confond très facilement avec le chat domestique. Il est reconnaissable grâce à la présence d’une bande dorsale noire unique et fine s’arrêtant à la base de la queue.
Un petit félin sauvage victime de la chasse et de la dégradation de son milieu
Géraldine Véron, commissaire de l’exposition Félins qui a lieu en ce moment au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, explique : « le chat forestier est une espèce de chat sauvage, mais ce n’est pas l’espèce à l’origine du chat domestique. Le chat forestier fait partie de la faune sauvage française. Il a été beaucoup chassé entre le XVIIIe et le XXe siècle, mais il regagne du terrain à la faveur de sa protection ». Depuis les années 1970, sa chasse est interdite. Il avait disparu au siècle précédent de la région parisienne en raison de la chasse pour sa fourrure et de l’urbanisation pour subsister dans le nord-est de la France ou dans les Pyrénées.
[À lire aussi La nouvelle exposition du Muséum National d’Histoire Naturelle nous amène à la rencontre des félins]
Un retour dans la région francilienne favorisé par l’augmentation de sa population dans le nord-est du pays
L’Office français de la biodiversité (OFB), l’Agence régionale de la Biodiversité, ainsi que l’Office National des Forêts (ONF), le Conseil Départemental de Seine-et-Marne et l’Association de Gestion de la Réserve Naturelle de la Bassée (AGRENABA) travaillent à mieux connaître ce mammifère. Il semble revenir lentement dans la région. Elle se situe à la limite de son aire de répartition actuelle. Et, ce n’est qu’au début de la décennie 2010, qu’une précédente étude avait confirmé la présence de spécimens dans le massif de Fontainebleau.
L’OFB estime qu’au niveau de l’Île-de-France : « sa présence sur le territoire est assez mal connue. L’espèce étant en expansion lente, il est intéressant de préciser notre connaissance de sa répartition. »
Ophélie Ricci, chargée de mission naturaliste à l’Agence Régionale de la Biodiversité Île-de-France travaille sur la recherche et le suivi du chat forestier. Elle explique que les chats forestiers ont laissé des traces en Seine-et-Marne dès les années 1990. Les individus proviennent du nord-est de la France. La naturaliste explique ce déplacement de l’espèce : « la population augmente, les jeunes vont chercher des territoires plus loin ».
Géraldine Véron salue la démarche : « cette étude sur le chat forestier en Île-de-France est très importante. On a tendance à se focaliser sur les grandes espèces de félins, or les petits félins ont un rôle crucial dans les écosystèmes. »
Ophélie Ricci précise que le chat forestier est un carnivore qui se déplace beaucoup : « il dépend du milieu forestier pour la reproduction et la majorité de son cycle de vie. Il va toutefois aller chasser des petits mammifères, le campagnol ou le renard par exemple, en milieu prairial ou agricole. On le retrouve donc en lisière » C’est là que des caméras pièges ont été installées en Seine-et-Marne. Elles se sont déjà déclenchées, mais il faudra encore attendre quelques mois avant de consulter les images et d’avoir les résultats définitifs de l’étude.
Une espèce de félin sauvage dans les départements alentours de Paris
Le retour d’une espèce sauvage est une bonne nouvelle pour la biodiversité de la région la plus peuplée de France. Ophélie Ricci déclare : « c’est un bon signe pour la biodiversité qui témoigne des effets des actions menées au niveau régional pour avoir des milieux plus accueillants. De plus, c’est bien de montrer qu’il y a encore du sauvage même en Ile-de-France ». Néanmoins, ce retour de l’animal dans une région densément peuplée fait penser une nouvelle menace sur le chat forestier. Celle-ci est d’ordre génétique. Il s’agit de l’hybridation, c’est-à-dire du croissement de l’espèce avec le chat domestique. L’évaluation de l’importance du phénomène d’hybridation demeure pour l’instant assez mal connu au niveau régional. Mais, l’importance de la population de chat domestique, plus d’un million dans la région, augmente le risque que cette hybridation fait porter sur la conservation de l’espèce. Certaines études estiment qu’un chat forestier sur 5 serait déjà un hybride.
Si vous disposez de documents attestant de la présence du chat forestier, il vous est possible de les transmettre à l’ARB IdF. Les coordonnées se trouvent sur cette page.
Cet article vous a plu ? Il a été rédigé par un de nos rédacteurs, soutenez-nous en faisant un don ou en le relayant.
Vous êtes intéresse par d’autres articles sur l’écologie ? Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter hebdomadaire.
Article édité le 4 avril 2023 à 7h du matin afin de corriger une coquille dans le textre, d’ajouter une photo et la mention du fait qu’il est possible de transmettre à l’ARB IdF des photos et vidéos du chat forestier.
Pour aller plus loin
La page consacrée au sujet sur le site de l’Agence régionale de la Biodiversité Ile-de-France
La fiche consacrée au chat forestier sur le site de l’OFB
À lire également sur GoodPlanet Mag
L’intrigant « chat-renard » est bien un félin spécifique de Corse
Le rêve fou de Francis Hallé se concrétise peu à peu : une nouvelle forêt primaire en Europe
Comment se crée une nouvelle forêt en Île-de-France sur la plaine de Pierrelaye
4 commentaires
Ecrire un commentaire
Courant
A cesson on à des chat sauvages qui ressemble aux chats des forêts.
Nous avons des photos
Julien
Bonjour,
vous pouvez contacter l’ARB IdF, les coordonnées sont sur cette page –> https://www.arb-idf.fr/sur-les-traces-du-chat-forestier-en-ile-de-france/ et leur transmettre vos documents.
Bien à vous
la rédaction
Francis
Une bonne nouvelle ? alors qu’on lui reproche de décimer les oiseaux !
Danielle
Vu en Essonne (Verrières-le-Buisson) cet été 2024.
A probablement dévoré un petit lapin blanc domestique.
Photos et vidéos disponibles.