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L’orange de Floride, fruit emblématique en crise

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Un tracteur dans un verger d'orangers à Arcadia, en Floride, le 14 mars 2023 © AFP CHANDAN KHANNA

Arcadia (Etats-Unis) (AFP) – Dans la famille de Vernon Hollingsworth, la culture d’orange se transmet de père en fils depuis plus de 150 ans et sa ferme, dans l’est de la Floride, est à la fois motif d’orgueil et d’inquiétude depuis le passage de l’ouragan Ian, en septembre, qui a lessivé sa récolte.

En cette matinée de début mars, l’agriculteur de 62 ans parcourt ses vergers sur son camion, indiquant ici ou là les dégâts provoqués par la tempête.

« J’ai perdu la quasi-totalité de ma récolte », explique-t-il. « Il va falloir que nous replantions, mais nous avons besoin d’aide pour le faire ».

L’ouragan est le dernier coup en date porté à un fruit emblème de la Floride, qui s’affiche sur les plaques d’immatriculation de ses habitants.

L’Etat du sud-est des Etats-Unis est le deuxième producteur mondial de jus d’orange, après le Brésil, mais se bat depuis 17 ans déjà avec un autre problème: la maladie du dragon jaune, ou Huanglongbing (HLB).

Cette bactérie se transmet par un insecte, le psylle asiatique des agrumes, et verdit les fruits de l’arbre touché, qui deviennent impropres à la consommation. Le plus souvent, l’arbre meurt en quelques années.

La maladie puis les dégâts provoqués par Ian ont mis à genoux l’ensemble de l’industrie: cette saison, la production devrait être de 16,1 millions de cagettes (41 kilos chacune), soit 60% de moins que l’année dernière.

Il s’agit d’une des pires récoltes depuis les années 1930, selon le ministère américain de l’agriculture.

Une étude de l’Université de Floride a estimé à 1,03 milliard de dollars les pertes provoquées par l’ouragan pour le secteur agricole de l’Etat, dont 247,1 millions uniquement pour les agrumes.

La situation est d’autant plus difficile pour M. Hollingsworth que cette saison s’annonçait prometteuse, avant l’arrivée de Ian.

Le producteur venait par ailleurs tout juste de traiter ses arbres au traitement anti-bactérien recommandé par les autorités afin de lutter contre le HLB.

« Avec le nouveau traitement, j’ai constaté que les orangers pouvaient fleurir et les fruits grandir normalement. Nous en étions là quand l’ouragan a frappé.Il ne pouvait pas tomber à un pire moment pour les agrumes de Floride », regrette l’agriculteur.

Son exploitation, qui compte une cinquantaine de salariés à temps complet en plus des saisonniers, s’attend désormais à des mois compliqués.

Habituellement, les revenus générés par une récolte permettent de financer la suivante. Mais cette année, il n’a quasiment aucune rentrée d’argent, et son assurance n’a pas totalement couvert les dégâts.

Par ailleurs, chaque arbre replanté mettra quatre ans à produire ses premiers fruits.

« C’est vraiment difficile. J’essaye de faire au mieux mais ce serait génial d’obtenir une aide » de la part de l’Etat de Floride ou du gouvernement fédéral, « nous en avons réellement besoin », assure Vernon Hollingsworth.

L’agence de Floride pour les agrumes, chargée de la régulation du secteur, réfléchit à la manière de venir en aide aux producteurs qui doivent replanter, assure Marisa Zansler, qui en dirige la division de la recherche économique.

Une initiative essentielle pour soutenir un secteur qui pèse 6,9 milliards de dollars, rien qu’en Floride, et qui emploie 32.500 personnes, précise-t-elle.

En attendant la mise en place de cette aide, le prix du jus d’orange s’est envolé dans les supermarchés américains, et le Brésil profite de la situation.

Le géant sud-américain a ainsi exporté 240.000 tonnes d’oranges vers les Etats-Unis ce trimestre, en hausse de 82% sur un an, selon des données officielles.

Dans son exploitation, M. Hollingsworth ne perd cependant pas espoir. Il est même convaincu que, s’il réussit à franchir cette étape, l’avenir s’annonce radieux, en particulier avec les traitements contre le HLB.

De toute façon, « je suis obligé de continuer, je ne sais faire rien d’autre ».

© AFP

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