Les capacités mondiales de production d’électricité à partir du charbon ont augmenté de moins de 1 % en 2022. Cette faible croissance du secteur du charbon traduit un recul de cette énergie presque partout dans le monde alors qu’on aurait pu craindre, en raison de la guerre en Ukraine et de son impact sur les prix de l’énergie, un retour en force du charbon.
Seule une quinzaine de pays ont continué à installer de nouvelles centrales au charbon. En outre, à elle seule, la Chine représente plus de la moitié (59 %) des nouvelles capacités de production électrique à partir du charbon. Ainsi, selon le rapport annuel du Global Energy Monitor publié le 6 avril 2023, elles ont progressé de 19,5 gigawatts dans le monde en 2022. En tout, ce sont 45,5 GW de nouvelles centrales à charbon qui ont été mises en service dans le monde tandis que 26 GW ont été arrêtés.
En dehors de la Chine, le charbon connaît un recul avec le décommissionnement de centrales et l’annulations de projets de nouveaux projets. Bien que souvent en pointe dans la sortie des énergies fossiles et la décarbonation, l’Union européenne a été moins ambitieuse en 2022. L’Europe n’a retiré du service que 2,2 GW de centrales thermiques en 2022 contre 14,6 HW en 2021. C’est donc en Amérique du Nord, aux États-Unis que le recul du charbon a été le plus marqué pour l’année 2022, puisque le pays a perdu 13,5 GW de capacités de production d’électricité à partir du charbon.
Les auteurs du rapport voient s’amorcer une tendance positive de recul de l’usage du charbon un peu partout dans le monde. Cependant, ils soulignent qu’il faudrait faire 5 fois plus d’efforts pour sortir du charbon d’ici 2040 afin de préserver le climat. Atteindre cet objectif nécessiterait de fermer 117 GW de capacités de production électriques à partir du charbon chaque année.
Flora Champenois, auteure principale du rapport et cheffe de projet suivi des centrales à charbon pour Global Energy Monitor déclare : « au rythme actuel, la transition pour sortir du charbon ne se produit pas assez vite pour éviter le chaos climatique. Pourtant, le Giec et l’ONU ont tous les deux renouvelés leurs injonctions à sortir du charbon partout dans le monde. » Quant à elle, Lauri Myllyvirta, analyste au centre de recherche pour l’énergie et l’air propre estime que : « les progrès dans la fermeture des centrales à charbon dans les pays riches et les annulations de projets dans les pays en développement sont des signes encourageants malgré la flambée des prix du gaz qui a secoué le marché de l’énergie en 2022. En dehors de la Chine, la réponse à la crise énergétique a été dominée par des investissements dans les énergies propres. Il faut de tout urgence accélérer ce processus. La Chine a pris une autre direction en augmentant les projets de centrales à charbon. »
Julien Leprovost
À lire aussi
Que retenir de la synthèse du 6e rapport d’évaluation du GIEC ?
Déclin du charbon en Occident, poursuite de son essor en Chine
Ecrire un commentaire