Indio (Etats-Unis) (AFP) – Rassemblant des centaines de milliers de spectateurs autour de scènes musicales avant-gardistes, au beau milieu du désert Californien, le festival musical de Coachella génère des conséquences nettement mois reluisantes: d’énormes quantités de déchets.
Et, en plus des gobelets en plastique jonchant le sol et des montagnes de bouteilles d’eau abandonnées à la fin de chaque journée, les dispositifs d’éclairage et de son consomment énormément d’énergie.
Selon une étude sur la ville de Indio, où se déroule le festival, seulement 20% des déchets sont recyclés à Coachella, tout comme dans les autres festivals tels que Stagecoach organisés par la société Goldenvoice.
Mais cela n’est pas le plus grave, loin de là. En termes d’empreinte carbone, le pire est dû aux déplacements du public, des artistes et des professionnels, explique à l’AFP Kim Nicholas, une professeure spécialisée dans le climat à l’université suédoise de Lund.
« Je pense que la première mesure à prendre pour rendre les festivals vraiment plus durables et à faible coût en carbone est de réduire les distances et l’intensité carbone des voyages », dit-elle.
De ce point de vue, Coachella est un mauvais exemple: le festival se déroule dans un site à l’écart, à trois heures de route de Los Angeles.
Ailleurs aux Etats-Unis et dans le monde, dans de nombreux autres festivals plébiscités par les spectateurs et gérés avant tout dans un objectif de retour sur investissement, l’écologie ne semble pas être une priorité.
Certes, des efforts existent: Coachella a lancé une initiative encourageant le covoiturage et récompensant les participants arrivant en groupes.
Malgré cela, les champs environnants sont transformés en parkings donnant lieu à des scènes dantesques et à des embouteillages inextricables.
Et les rares sommets enneigés des montagnes voisines de San Jacinto rappellent de façon inquiétante l’hiver californien au climat déréglé qui, ces derniers mois, a vu s’enchaîner des phénomènes atmosphériques inhabituels, allant de la sécheresse à des précipitations de neige frôlant des records, des inondations, et bien d’autres catastrophes.
Mme Nicholas insiste sur le fait que les festivals devraient se tenir dans des zones accessibles aux transports publics.
A New York, le « Governors Ball Music Festival », qui se déroulait sur une île peu facile d’accès, a ainsi été relocalisé dans un stade du Queens, à l’origine à cause de la pandémie de Covid-19, mais surtout pour être à portée du métro.
« Réduire notre empreinte »
Pour Kim Nicholas, c’est également aux artistes de prendre des initiatives pour « promouvoir des tournées locales, et de rendre les déplacements à faible intensité carbone désirables, sexy et cool ». « C’est un peu l’inverse des vols en jet privé, à considérer comme un objectif social ou une aspiration relevant du passé ».
Certaines formations musicales ont pris des mesures concrètes. Le groupe de rock britannique Coldplay a durant un temps interrompu sa tournée mondiale en citant des raisons environnementales. Le trio anglais de Massive Attack a appelé à une « réorganisation urgente et conséquente » de l’industrie musicale après avoir commandé une étude portant sur l’impact de cette dernière sur le climat.
Le gros des efforts à Coachella se concentre sur la vente de boissons dans des canettes en aluminium au lieu d’emballages plastiques, ainsi que sur l’installation de fontaines d’eau dispersées sur le site.
Mais des milliers de bouteilles d’eau en plastique continuent d’être distribuées aux fans devant les scènes pour éviter tout risque de déshydratation sous le soleil brûlant. Et beaucoup de cocktails sont également servis dans des gobelets en plastique.
Conor McCauly, 23 ans, fait partie d’une organisation caritative, Global Inheritance, venue à Coachella pour inciter au recyclage en récompensant, avec des produits dérivés et autres prix, les spectateurs qui déposent leurs déchets recyclables.
« On est là pour écouter de la musique incroyable », confie-t-il. « Mais cela n’empêche pas qu’il est important de prendre soin de l’environnement, et de s’assurer que nous réduisons notre empreinte – même si nous sommes dans un contexte festif ».
© AFP
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