A l’occasion de la nouvelle exposition de la Fondation GoodPlanet, « A la rencontre du vivant », nous avons discuté avec Nicolas Davy, photographe de nature dans Paris et ses alentours.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Nicolas Davy, j’ai 39 ans et cela fait une quinzaine d’années que je me consacre à la photographie d’animaux et de nature à Paris et aux alentours. Avant cela, je faisais de la photo de street art, de graffiti. Un jour, j’ai découvert que l’on pouvait facilement faire de la macro et j’ai commencé à prendre des photos d’insectes. De fil en aiguille, j’ai eu envie d’élargir ma palette à tous types d’espèces.
En parallèle de cet intérêt grandissant pour la photo d’animaux et de nature, je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de quitter Paris ou d’aller trop loin, car il y a déjà plein de choses autour de nous, même en ville (bien qu’on puisse penser le contraire !). Je me suis donc spécialisé dans le but de montrer à travers la photographie ce qu’il y a autour de nous.
Pouvez-vous nous expliquer votre processus de création, notamment le choix des sujets et des animaux à photographier ?
Quand on débute, on a tendance à sortir se balader tôt le matin ou tard le soir et espérer avoir de la chance pour tomber sur ce qu’on peut. Mais je pense que si on veut obtenir des images qui nous correspondent et qui nous satisfassent, il faut que je me concentre sur un sujet en amont. Par exemple, à une époque, j’ai beaucoup photographié les mantes religieuses et depuis un peu plus d’un an, je me focalise sur les renards au Bois de Boulogne. J’organise mon emploi du temps de photos en fonction des périodes et des horaires auxquels ils ont l’habitude de sortir, je vais dans des zones où je sais qu’il y en a, quitte à voir peu d’autres animaux.
Je pense qu’en étant concentré sur un sujet, c’est là où on arrive à faire les meilleures choses, car on peut s’améliorer en répétant. Il faut prendre des milliers de photos avant d’avoir la bonne. Je préfère donc me concentrer sur une espèce en particulier.
Quelle est la mission de votre travail et la sensibilisation qui se cache derrière vos photos ?
Après quelques années, j’ai commencé à vouloir parler de ce que je voyais, de ce qui m’entourait. À mon petit niveau, je me suis impliqué dans la vidéo. Mon compte Instagram est très axé sur les sujets environnementaux. J’essaie à chaque fois de contextualiser les photos que je publie. Lorsque j’ai commencé à faire quelques expositions, je me suis rendu compte que les gens, même si ce ne sont pas des ours blancs, des éléphants ou d’autres animaux spectaculaires que l’on voit souvent photographiés, étaient intéressés, car ils se rendaient compte que toute cette biodiversité était à côté de chez eux.
Le but est de montrer à toutes et tous que même en bas de chez eux, pour les Parisiens et les habitants des villes en général, en prenant le temps de se balader, d’ouvrir l’œil, on peut voir ces photographies en vrai.
Quand j’arrive à capturer des moments sympas à travers ma photographie, je me sens privilégié, car ces scènes se déroulent à seulement 10 minutes de chez moi en vélo. Par exemple, observer les grenouilles au Jardin des Plantes, un parc situé en plein cœur de Paris, avec son aspect minéral et ses cailloux et poussières partout, me procure beaucoup de plaisir.
Je pense aussi qu’il y a un phénomène qui fait que nous sommes plus facilement sensibilisés par ce que nous voyons et ce que nous avons déjà vu, plutôt que par des choses qui sont au bout du monde. Par exemple, la disparition des moineaux, une espèce commune dans nos villes, ou la diminution des insectes sur nos pare-brises de voiture, sont des choses concrètes auxquelles nous sommes confrontés. Étant proches de nous, ces réalités nous touchent davantage et nous rendent plus sensibles.
Votre rapport au vivant a-t-il évolué au fil du temps ?
Comparé au Nicolas d’il y a 15-20 ans, mon rapport au vivant a beaucoup évolué. À l’époque, en tant que citadin, je n’étais pas vraiment intéressé par la nature. Cependant, maintenant, c’est une relation constante pour moi. La photographie de nature est souvent une activité solitaire, même à Paris lorsque je sors à 5 heures du matin, je suis seul, mais il existe de nombreux groupes, associations et clubs qui regroupent des photographes de nature . Cela m’a permis de rencontrer des gens, de m’informer, d’apprendre de nouvelles choses et de me sensibiliser.
La photographie est pour moi une porte d’entrée vers la reconnexion à la nature. Même dans mon entourage, certaines personnes voient désormais des choses qu’elles n’auraient pas remarquées auparavant. J’ai découvert de nombreuses petites espèces, même à l’intérieur de chez moi, comme les arachnides. En prêtant simplement attention et en faisant preuve de patience, des qualités que nous avons souvent perdues dans nos vies urbaines, on peut découvrir de nombreuses espèces.
Y-a-t-il une ligne directrice dans les photographies que vous avez choisi d’exposer dans l’exposition A la Rencontre du Vivant ?
J’ai choisi de présenter un panel varié de ce que l’on peut observer dans la nature, en mettant en avant des animaux tels que les rats, qui ont une mauvaise réputation, mais qui sont également importants pour la biodiversité, ainsi que les araignées, souvent craintes mais essentielles. Les photos sélectionnées ont été prises de manière à minimiser la présence de l’environnement urbain.
Avez-vous des projets en cours ou futurs ?
En ce qui concerne mes projets futurs, je reste concentré sur la photographie des renards et j’ai prévu des sorties pour les mois à venir. Cet été, j’aimerais également photographier des éperviers, et j’envisage de faire davantage de photos de rats au cœur de la ville, car cela m’intéresse beaucoup de capturer des animaux dans un environnement urbain.
Propos recueillis par Luna Camilleri
Un commentaire
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dominique perotin
Un peu frustrée de ne pas voir qq photos de ce photographe !