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Inquiétudes dans les fermes de l’Ouest canadien prises dans les feux

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Enclos vidé de ses boeufs en raison des feux dans l'ouest du Canada, le 11 mai 2023 © AFP Anne-Sophie THILL

Shining Bank (Canada) (AFP) – « Impossible de baisser la garde »: BJ Fuchs, agriculteur dans l’ouest du Canada est encore marqué par la lutte de ces derniers jours contre le feu qui a épargné sa propriété mais pas les champs et forêts alentours.

Tous les enclos destinés à ses vaches sont vides et plongés dans une épaisse fumée. On ne voit pas à cinq mètres.

« Le feu était vraiment puissant, c’est assez effrayant quand les flammes sont si près de vous », raconte l’homme, chapeau de cowboy sur la tête et qui porte une barbe de quelques jours. Peu de temps avant l’arrivée des flammes, il a réussi avec son fils à évacuer tout son troupeau de près de 1.000 têtes.

Sur son terrain, près du fumier épandu pour arrêter le feu, de la fumée s’échappe encore d’un tas de bois d’épinette et de peuplier brûlés.

La province de l’Alberta est touchée depuis début mai par des feux d’une ampleur sans précédent, qui ont déjà brûlé plus de 400.000 hectares. La province a déclaré l’état d’urgence et a demandé l’aide du gouvernement fédéral.

Quelque 70 feux étaient toujours actifs vendredi, dont 20 hors de contrôle.

« Ca va être une bataille permanente jusqu’à ce que nous ayons beaucoup plus de pluie, c’est certain », ajoute-t-il disant craindre le retour de températures élevées prévues pour ce weekend.

Comme ses voisins, il est en alerte et ne cesse d’arpenter les champs pour surveiller les reprises de feux. Il se désole de l’état de sécheresse de toute la nature autour.

La province, l’une des plus grandes régions productrices de pétrole au monde, est aussi une zone rurale qui compte de nombreuses fermes.

Près de la moitié sont des élevages bovins comme celui de BJ Fuchs mais la province produit également beaucoup de blé, de céréales et d’oléagineux. Le Canada est un grand exportateur agricole.

« Ce sont littéralement des centaines de milliers d’animaux qui sont potentiellement touchés en raison de l’immensité de la superficie » des feux, a expliqué Danielle Smith, Première ministre de l’Alberta.

 « Désespérant »

Arroser les bâtiments, installer d’immenses piscines d’eau, couper les broussailles pour tenter de faire des barrières coupe-feu… tous les agriculteurs sont à pied d’œuvre.

« C’est désespérant, on ne sait pas où ça va s’arrêter, ni si ça va s’arrêter », confie Jessee Crowther, également éleveur bovin qui a vu une partie de la ferme de son voisin partir en fumée.

« Il y a toujours quelque chose », déplore-t-il évoquant les catastrophes naturelles qui frappe la région à répétition, au milieu des tracteurs et engins agricoles incendiés.

« La sécheresse, la grêle, les fortes pluies –on prend ce qui vient et on continue », ajoute l’homme à la large carrure, casquette noire sur la tête.

Cette saison de feux sans précédent arrive en effet après des années difficiles marquées notamment par une grave sécheresse en 2021, qui a fait chuter la récolte un peu partout dans le centre et l’ouest du Canada, réduisant les rendements agricoles de 40%.

Cette année-là, un dôme de chaleur « historique » avait fait des centaines de morts et avait été suivi par d’importants incendies.

Depuis quelques années, l’ouest du Canada est frappé par des événements météorologiques extrêmes, dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le changement climatique.

Pour les feux, pas d’autre choix que d’être « préparés », explique Trent Stanley parce que « les pompiers locaux, qui sont des volontaires, mettent une demi-heure pour arriver à la station et une autre demi-heure pour arriver ici, mais le temps que cela se produise, votre propriété a disparu ».

L’aide des habitants est donc parfois cruciale. Les autorités ont notamment demandé aux agriculteurs cette année de défricher et d’ensemencer au maximum car cela permet en effet d’enterrer les sources de combustibles et donc de ralentir la propagation des incendies.

Mais pour le bétail, il n’y a parfois rien à faire.

« C’est impossible pour moi » de les déplacer. « Ce printemps, j’ai 850 vaches bovines. Ce n’est pas comme si on pouvait les charger en quelques minutes », déplore ce fermier au large chapeau de cowboy.

« J’imagine que le plan pourrait être d’ouvrir les clôtures et peut-être que le bétail saurait par où passer, mais j’en doute », relève-t-il.

© AFP

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