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Brésil : les députés approuvent un projet limitant la démarcation des terres indigènes

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Une indigène participe à une manifestation contre un projet de loi limitant la démarcation des terres indigènes, à Manaus, au Brésil, le 30 mai 2023 © AFP MICHAEL DANTAS

Brasilia (AFP) – Les députés brésiliens ont voté mardi un projet de loi limitant la démarcation des terres indigènes, un revers pour le président Luiz Inacio Lula da Silva qui avait relancé la politique de protection des peuples autochtones et de l’Amazonie.

Ce texte, approuvé par 283 voix contre 155, établit que les autochtones n’ont droit qu’aux terres qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution de 1988.

Une thèse rejetée par les autochtones, qui arguent qu’ils n’occupaient pas certaines terres en 1988 parce qu’ils en avaient été chassés au fil des siècles, notamment pendant la dictature militaire (1964-1985).

Le projet de loi, qui doit encore être soumis au Sénat avant d’entrer en vigueur, était promu par des députés favorables à l’industrie agro-alimentaire et par d’autres groupes d’opposition.

Son approbation par la chambre basse constitue un revers pour Lula. Revenu au pouvoir au début de l’année, le président de gauche s’est engagé à faire de la préservation de l’environnement une priorité, après quatre années marquées par une forte hausse de la déforestation sous son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).

L’approbation du projet « met fin à l’espoir pour l’avenir », a déploré mardi la ministre brésilienne des Peuples indigènes, Sonia Guajajara.

« Il s’agit d’un génocide contre les peuples indigènes, mais aussi d’une attaque contre l’environnement », a-t-elle ajouté.

Selon les scientifiques, la démarcation des terres indigènes est une barrière essentielle contre la déforestation de l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde.

Le Brésil compte au total 764 territoires de peuples indigènes, mais environ un tiers d’entre eux n’ont pas encore été délimités, selon les chiffres de la Fondation nationale des peuples indigènes (FUNAI).

En avril, le gouvernement de Lula a reconnu six nouveaux territoires, les premiers depuis cinq ans.

« Guerre contre les peuples »

Le vote des députés a déclenché des manifestations au Brésil, et attiré l’attention d’organisations écologistes et de militants internationaux, dont les acteurs américains Leonardo DiCaprio et Mark Ruffalo.

« Il y a une guerre contre les peuples indigènes et les forêts. Notre planète est en danger. Lula, sois le héros que ton peuple a élu, empêche (le projet) d’avancer », a tweeté Ruffalo à la veille du débat.

Avant le vote, une centaine d’indigènes ont momentanément bloqué une route à la périphérie de Sao Paulo tôt mardi matin, avant que la police ne les disperse à l’aide de gaz lacrymogènes, selon des images diffusées par la télévision locale.

« La Chambre des députés a envoyé un message au pays et au monde: Bolsonaro est parti, mais l’extermination continue (…) Le Sénat a l’obligation de revenir sur les absurdités approuvées », a déclaré l’organisation de défense de l’environnement Observatorio do Clima dans un communiqué.

Les députés ont adopté le projet de loi selon une procédure d’urgence, en vertu de laquelle il pouvait être voté directement en séance plénière, sans passer au préalable par des commissions.

Le parlement brésilien pourrait infliger une nouvelle défaite à Lula plus tard cette semaine, s’il approuve un projet de modification des attributions de plusieurs ministères, au détriment notamment de ceux de l’Environnement et des Peuples indigènes.

Le texte prévoit notamment de retirer au ministère de l’Environnement des compétences sur le cadastre des terres rurales et sur la gestion des ressources en eau. Quant à la ministre des Peuples indigènes Sonia Guajarara, dont le portefeuille a été créé par Lula, il perdrait la responsabilité de la démarcation de nouvelles réserves indigènes, qui reviendrait au ministre de la Justice.

© AFP

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