Le secteur du bio confronté à une période difficile en France

france marché du bio passe difficile

Paysage de champs colorés près de Sarraud, Vaucluse, France (44°01’ N – 5°24’ E). © Yann Arthus-Bertrand

Le 1er juin 2023, l’Agence BIO a dévoilé les chiffres de la filière pour 2022.  Ces derniers livrent un état des lieux contrasté de l’agriculture biologique en France. Le secteur traverse une période difficile en raison de l’inflation. Le marché du bio pèse 12,076 milliards d’euros. 70 % du bio consommé en France est produit dans le pays. La majorité de ces ventes (92 %) concerne les produits bio consommés à domicile, c’est-à-dire la vente aux particuliers. Elle reste le premier moteur du bio. Or, l’an dernier, ces ventes ont connu un repli de 600 millions d’euros.

Du côté de la production, un essor du bio qui ralentit

La France a dépassé le cap des 60 000 exploitations labellisées Bio. Entre 2021 et 2022, les surfaces agricoles cultivées en bio sont passées de 10,44 % à 10,7 % du total des surfaces cultivés dans le pays. Les exploitations en bio sont plus petites. 14,2 % des fermes françaises sont en bio et représentent 16,3 % de l’emploi agricole. Même si la France possède en Europe la plus grande superficie cultivée en bio, elle ne se classe qu’au 13e rang européen en pourcentage des surfaces allouées au bio.

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Des contradictions témoignant d’un modèle qui séduit de plus en plus les agriculteurs mais peine à s’imposer

L’agence Bio écrit que : « les producteurs candidats au bio sont, selon les régions, entre 1 sur 4 et 1 sur 2 à souhaiter faire le choix du bio lors de leur installation. Il est clef de pouvoir assurer des débouchés à ces aspirants au bio car la France a besoin de ces talents pour assurer le remplacement des 20 000 agriculteurs qui partent en retraite chaque année. » Pourtant, paradoxalement, si le bio semble séduire et être attractif, l’engagement reste délicat. L’agence Bio note à ce sujet que : « face à la baisse de la demande, les surfaces en 1ère année de conversion sont en baisse de 41%. ».

La FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) a réagi dans la foulée de la publication de ces chiffres avec un communiqué déplorant la division par 3 du nombre de conversion en bio. La FNAB écrit : « en effet, avec seulement 75 000 hectares agricoles de plus sous label AB en 2022, on assiste à un ralentissement historique de la dynamique de conversion.  Le gouvernement et tous les acteurs actifs dans le développement de l’agriculture biologique doivent réagir en urgence pour ne pas assister les bras croisés à l’enterrement de la transition agro-écologique de la France. »

L’agence Bio tire la conclusion de ses chiffres 2022 que : « l’envie de bio est toujours là chez les agriculteurs, mais que la demande manque pour accueillir leur production. »

Un marché en recul, avec des gagnants et des perdants

L’Agence Bio constate que : « la part des produits bio dans les courses des Français baisse de 6,4 % en 2021 à 6 %  [en 2022]». L’inflation et la réduction du pouvoir d’achat sont en cause. L’agence explique cependant que les produits bio ont connu une inflation de 4 % sur un an, soit une hausse moins rapide que celle de l’ensemble des prix alimentaires évaluées à 6,7 % sur la même période, selon le cabinet Nielsen.

Côté demande des particuliers, le bio affiche donc des résultats mitigés puisque le chiffre d’affaires des enseignes spécialisés diminue de 8,6 %, celui des ventes dans la grande distribution baisse de 4,6 % et les ventes chez les artisans de 2,9 %.

Le journal Le Monde est revenu plus précisément sur la situation des détaillants dans un article du 1er juin L’expansion terminée des magasins bio, partout en France (accès payant réservé aux abonnés). Il rapporte la situation difficile de nombreux acteurs du secteur, certains fermant pour la première fois des enseignes après des années d’expansion du marché. Le quotidien écrit : « même les leaders du marché, habitués à des croissances à deux chiffres pendant des années, ont vu leur chiffre d’affaires chuter en 2022 : – 5,6 % à près de 1,5 milliard d’euros pour Biocoop (765 magasins en France), et – 7,8 % à 355 millions d’euros pour Naturalia (245 magasins). »

L’avenir du bio sera-t-il la vente locale en direct auprès des producteurs ?

Toutefois, les 26 000 fermes bio pratiquant la vente directe sur le territoire français ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 3,9 % en 2022. Le bio local en vente directe représente désormais 13 % du marché.

Côté demande toujours, le bio consommé hors-domicile s’en sort mieux avec une croissance du chiffre d’affaires de 17 %. Il s’agit principalement de la restauration. Le marché atteint les 715 millions d’euros, porté par le fait que la restauration collective effectue désormais 7 % ses achats e, bio, contre à peine 1 % pour la restauration commerciale.

Julien Leprovost

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