Paris (AFP) – Les températures moyennes mondiales relevées début juin ont été les plus chaudes jamais enregistrées pour cette période par le service européen Copernicus, battant les précédents records avec une « marge substantielle », probable avant-goût du phénomène El Niño.
« Le monde vient de connaître son début juin le plus chaud jamais enregistré, après un mois de mai qui était seulement 0,1°C plus frais que le record », a souligné jeudi dans un communiqué Samantha Burgess, directrice adjointe du service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S).
Copernicus, qui ne précise pas la valeur de ces températures moyennes mondiales, souligne toutefois qu’elles ont dépassé les niveaux pré-industriels de plus de 1,5°C.
L’accord de Paris, conclu en décembre 2015 à l’issue de la COP21, visait précisément à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2°C » au cours de ce siècle et à poursuivre les efforts pour la limiter plutôt à 1,5°C.
Or, la température quotidienne moyenne dans le monde a d’ores et déjà atteint au moins 1,5°C supplémentaire par rapport à l’ère pré-industrielle entre le 7 et le 11 juin, atteignant même 1,69°C supplémentaire le 9 juin, a précisé à l’AFP un porte-parole de Copernicus.
C’est la première fois que la barre de 1,5 °C a été franchie pendant cette période de juin même si elle l’a déjà été à plusieurs reprises en hiver et au printemps ces dernières années.
« Les températures moyennes de l’air à la surface de la planète pour les premiers jours de juin ont été les plus élevées enregistrées dans le jeu de données ERA5 (données climatiques mondiales enregistrées depuis 1979, NDLR) pour un début juin, et par une marge substantielle », spécifie Copernicus, qui travaille sur des données qui remontent pour certaines à 1950.
« Ce n’est pas surprenant parce qu’il y a une tendance à l’augmentation » des températures, a commenté François-Marie Bréon, directeur adjoint du Laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement (LSCE), interrogé par l’AFP. « Lorsqu’un événement El Niño se développe ça a tendance à faire monter les températures de quelques dixièmes de degrés », explique-t-il.
Ces nouveaux records de chaleur interviennent en effet alors que le phénomène El Niño, généralement associé à une augmentation des températures mondiales, a officiellement commencé, rappelle Copernicus, qui a par ailleurs annoncé récemment que la surface des océans venait de connaître son mois de mai le plus chaud jamais enregistré.
« Tendance lourde »
« Si une année est particulièrement chaude, ce n’est pas forcément significatif, mais ce qui l’est bien sûr c’est cette tendance lourde qui montre une augmentation des températures d’à peu près 2 dixièmes de degrés par décennie », souligne François-Marie Bréon.
« Chaque fraction de degré compte pour éviter des conséquences encore plus graves de la crise climatique », insiste Samantha Burgess.
Copernicus est basé à Bonn, à l’endroit même où se tiennent actuellement des négociations internationales sur le climat sous l’égide de l’ONU, avant la grande COP28 prévue à Dubaï en fin d’année. La question de l’utilisation par l’humanité des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), principales causes du réchauffement climatique, sera vivement débattue à cette occasion.
« Les années El Niño ont toujours été chaudes mais elles arrivent maintenant dans un contexte de réchauffement alimenté par l’utilisation des énergies fossiles, décennie après décennie, qui a rendu les températures extrêmes plus probables », avertit Richard Hodgkins, professeur de géographie physique à l’université britannique de Loughborough.
Les épisodes de chaleur « ont pour effet des feux de forêts, la fonte de la glace aux pôles ou une augmentation de la demande d’électricité pour la climatisation » qui « ne font que rajouter au réchauffement », conclut-il, alors que la sécheresse frappe l’Europe et que des incendies monstres ravagent le Canada en ce moment.
Autre sujet de préoccupation pour les spécialistes : un phénomène de températures « exceptionnellement élevées » sur l’Atlantique nord, indique François-Marie Bréon.
© AFP
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Jean-Pierre Bardinet
Une mesure de TMAG (température moyenne annuelle globale) sur une durée courte n’a aucune signification. Selon l’OMM, il faut 30 ans pour apprécier une tendance lourde d’évolution de la TMAG. Le fait de faire un fromage de cette mesure de température procède donc de la propagande réchauffiste et non de la raison.