Paris (AFP) – La dissolution des Soulèvements de la terre est présentée mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement reprochant des violences au collectif écologiste, qui dénonce pour sa part une décision « très politique », également critiquée par une partie de la gauche.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a confirmé mardi qu’il présenterait bien le décret de dissolution, attendu depuis plusieurs semaines.
Le gouvernement avait en effet engagé une procédure de dissolution dès le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d’eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) dont il avait imputé la responsabilité au mouvement.
La procédure, restée bloquée pendant plus de deux mois, est finalement sur le point d’aboutir après une nouvelle manifestation soutenue par SLT ce weekend, contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, marquée par des échauffourées.
La manifestation samedi en Savoie était « interdite » et cette interdiction avait été « confirmée à deux reprises par la justice de notre pays », a souligné M. Darmanin. « Aucune cause ne justifie qu’on blesse des policiers et des gendarmes », a-t-il fait valoir à l’Assemblée.
Le mouvement a aussitôt dénoncé « une dissolution très politique et particulièrement inquiétante réclamée directement au chef de l’Etat par l’agro-industrie et la FNSEA ». « Essayer de faire taire les Soulèvements de la terre est une vaine tentative de casser le thermomètre plutôt que de s’inquiéter de la température », a déploré SLT, né en janvier 2021 dans l’ex-ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes.
Quatorze personnes ont aussi été placées en garde à vue mardi dans l’enquête sur l’action menée contre une cimenterie Lafarge de Provence par des activistes écologistes fin 2022. Ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique et notamment à Notre-Dame-des-Landes, où divers militants écologistes ont élu refuge au sein de l’ex-ZAD, selon le parquet d’Aix-en-Provence, mais également dans la région marseillaise.
« Criminalisation »
Ces arrestations sont vues comme « une opération de communication et d’intimidation contre le mouvement social dans son ensemble » par le mouvement, qui appelle à des rassemblements mercredi en début de soirée devant les préfectures. Des personnalités doivent aussi venir exprimer leur soutien devant le Conseil d’Etat à Paris.
« Nous irons devant la justice et croyons dans la possibilité d’une victoire juridique pour casser cette décision inique, comme ce fut le cas pour d’autres dissolutions pour motif politique des dernières années », assurent les Soulèvements.
La dissolution et les arrestations ont été dénoncées par une partie de la gauche. Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a défendu « des citoyens pacifistes et inquiets des conséquences terribles de l’inaction climatique ».
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a regretté que les activistes soient « réprimés comme des terroristes qu’ils ne sont pas » jugeant qu’ils devaient être « écoutés ».
La cheffe des écologistes Marine Tondelier a estimé de son côté qu’il s’agissait « d’une décision politique » s’inscrivant « dans un mouvement plus large de criminalisation des écologistes ».
La Confédération paysanne a pour sa part jugé que la dissolution représentait « une attaque directe à la liberté d’expression, d’opinion, d’association, de manifestation, aux droits humains, aux droits à l’eau et à l’alimentation et aux droits de l’environnement ».
Les Soulèvements revendiquent une base « extrêmement variée ». Une soirée de soutien en avril a attiré diverses personnalités politiques, artistiques et scientifiques, dont la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte – qui a cependant manifesté sa « complète incompréhension » en juin après une action visant des maraîchers.
Un ouvrage collectif (« On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la terre ») a récemment réuni les signatures de l’anthropologue Philippe Descola ou encore les écrivains Virginie Despentes ou Alain Damasio.
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