Chemillé (France) (AFP) – Depuis une plateforme surélevée, un jeune lapin observe ses congénères qui bondissent, se mettent debout sur les pattes arrière ou filent vers un refuge. Ils passeront la moitié de leur vie dans ce parc aménagé, plutôt que tassés dans une cage.
Sevrés depuis peu, ils sont plus de 7.800 lapins à la fourrure d’un blanc immaculé à s’égayer dans des enclos en courant, ou à se dresser pour ronger un bloc de nourriture.
Tous ces mouvements leur auraient été interdits s’ils avaient passé leur courte existence – ils seront abattus au bout de 72 jours – dans une cage grillagée de 30 cm de hauteur, ce qui est le sort de l’immense majorité (plus de 90%) des lapins d’élevage dans le monde.
Depuis peu à la tête de sa propre exploitation dans le sud du Maine-et-Loire, Guillaume Godard, 37 ans, voulait être « au top dès le début » en matière de bien-être animal.
Et aussi devancer la révision de la réglementation. La Commission européenne devrait annoncer en fin d’année ses propositions pour améliorer les conditions d’élevage des animaux. L’autorité sanitaire européenne Efsa a recommandé en 2020 d’agrandir les cages pour les lapins, tandis que l’exécutif européen s’est déjà prononcé en faveur de la fin progressive des cages.
Installer des parcs plutôt que des cages, « je me suis dit +C’est l’avenir+ », résume Guillaume Godard.
« Rupture complète »
Dans son bâtiment neuf, sans accès à l’extérieur, les lapins à l’engraissement disposent de 80% d’espace en plus par rapport au système conventionnel. Les enclos de plus de 15 m2 sont au ras du sol, et non à hauteur d’homme comme les cages.
Ils sont tapissés de caillebotis en plastique, plutôt que de grilles métalliques, pour améliorer le confort. L’espace au-dessus des animaux est dégagé. « Quand on les voit bondir, courir vers nous… C’est hyper agréable », remarque Guillaume Godard, qui décrit une « rupture complète avec le modèle conventionnel ».
Dans chaque enclos, une partie « nuit », « refuge », est censée reproduire un terrier dans la nature. Des lapins dorment au sol, blottis les uns contre les autres, ou s’isolent dans deux mezzanines juste au-dessus.
De l’autre côté d’une cloison, les lapines qui leur ont donné naissance, à nouveau gestantes, demeurent dans des cages pendant toute leur « carrière » – qui consiste à enchaîner les portées pendant un an.
Leurs cages sont toutefois plus spacieuses que pour la plupart des reproductrices: elles sont surélevées et dotées d’une petite mezzanine, ce qui leur permet notamment de se redresser.
« Révolution »
L’élevage de Guillaume Godard intègre la démarche « Éleveurs & Bien », issue de l’association en 2017 des deux principaux groupements de producteurs français de lapins (coopératives Cavac et Terrena) et Loeul & Piriot, leader européen de la transformation de lapin, qui abat, découpe et vend leur viande.
« On était des pionniers », affirme Matthieu Loeul, le patron de l’entreprise. « Dix à 12% de l’activité » relève désormais de l’élevage hors cage.
Chez ses fournisseurs, l’engraissement en cage est voué à s’éteindre au fil des départs à la retraite des producteurs. Quand un bâtiment d’élevage est créé ou rénové, c’est forcément avec le nouveau système, dit Matthieu Loeul.
Ces professionnels du lapin anticipent l’interdiction des cages et cherchent à recruter de nouveaux adeptes, alors que la consommation ne cesse de décliner. La France produisait 26.000 tonnes (équivalent carcasse) de lapin en 2021 contre 73.000 en 2000, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture.
Pour définir les critères « Éleveurs & Bien », ils ont été conseillés par l’association de protection des animaux d’élevage CIWF.
Le résultat est « très intéressant », estime la responsable des affaires agroalimentaires de CIWF France, Lucille Bellegarde, qui parle même de « révolution pour l’élevage de lapin ». Elle émet un bémol: « Il n’y a malheureusement aujourd’hui en France pas d’alternatives à la cage pour les reproductrices. »
Les producteurs préfèrent continuer à isoler les lapines qui peuvent devenir agressives à l’égard des autres femelles et leurs lapereaux, jusqu’à les tuer. « Ce serait de la maltraitance de les mettre ensemble à ce stade », estime Matthieu Loeul, « alors on améliore les cages ».
© AFP
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Un commentaire
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Revel 74
Est-on oblige de manger du lapin ? C est la question à se poser.
Il me semble que la consommation est très faible ce qui pourrait favoriser ce type d élevage rapidement . L exécutif européen est déconnecte de la réalité. Heureusement que des initiatives sont prises indépendamment de bruxelles