Houston (Etats-Unis) (AFP) – Une vague de chaleur frappe durement le sud des Etats-Unis, en particulier le Texas et la Louisiane, avec des températures « dangereuses » qui devraient durer encore plusieurs jours et dans lesquelles les experts pointent le rôle du réchauffement climatique.
Alors que l’été vient à peine de commencer, des millions d’Américains sont sous le coup d’alertes à la chaleur extrême, avec des températures dépassant souvent les 40°C.
L’épisode touche également une partie du Nouveau-Mexique, de l’Arkansas, du Mississippi, de l’Alabama et le nord de la Floride.
Le réchauffement climatique est responsable de la multiplication et de l’intensification des vagues de chaleur dans le monde, martèlent depuis des années les scientifiques.
« Cette vague de chaleur est plus intense, plus étendue, et probablement aussi plus longue » que ce qu’elle aurait été sans l’impact des activités humaines, a déclaré à l’AFP Andrew Pershing, vice-président en charge de la science pour l’ONG Climate Central.
Une analyse préliminaire menée par cette organisation a déterminé que les températures actuelles étaient rendues au moins cinq fois plus probables par le changement climatique.
S’hydrater
A la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, une alerte à la chaleur a été émise de 10H00 à 20H00 locale.
A Houston, la quatrième plus grande ville du pays avec 2,3 millions d’habitants, des centres de rafraîchissement ont été ouverts pour que les personnes fragiles puissent s’y réfugier.
Des routes ont été endommagées à cause de la chaleur, et des ouvriers s’activaient mardi pour les réparer.
« On n’arrive pas à suivre », a déclaré à Houston l’un d’eux, Victor Hugo Martinez, 57 ans. « Il y en a trop, on a 10 ou 12 endroits comme ça » actuellement, a-t-il dit à l’AFP.
Lui et ses collègues font attention à bien s’hydrater et faire régulièrement des pauses, a-t-il expliqué.
« Certains endroits au Texas ont une température qui a dépassé les 37°C durant plus de deux semaines, ce qui est très inhabituel pour cette période de l’année, même dans une région habituée à la chaleur », a souligné Andrew Pershing.
« Ce qui nous inquiète particulièrement, c’est que comme cela a commencé si tôt, la physiologie des gens ne s’était pas encore adaptée », a ajouté le scientifique, relevant que les premières vagues de chaleur de l’année sont généralement les plus mortelles.
Insolations
« Buvez beaucoup d’eau, restez dans des pièces avec climatisation, à l’ombre, et vérifiez comment vont votre famille et vos voisins », ont déclaré les services météorologiques américains (NWS), en qualifiant les conditions de « dangereusement chaudes ».
Ils ont également conseillé de porter des vêtements légers et de reprogrammer les activités fatigantes en début ou fin de journée. « Toute personne souffrant de la chaleur doit être transportée vers un endroit frais et ombragé. Les insolations sont des urgences! », ont-ils ajouté.
Ces températures extrêmes durent déjà depuis des jours mais s’étendent peu à peu vers l’Est, et devraient perdurer jusqu’au week-end.
La petite ville texane de Del Rio, à la frontière avec le Mexique, a battu durant huit jours consécutifs son record de chaleur, atteignant environ 43°C dimanche, selon les services météo locaux.
En fin de semaine dernière, dans le sud de l’Etat, le parc national de Big Bend a annoncé la mort de deux personnes parties randonner alors qu’il faisait 48°C. Un adolescent de 14 ans a perdu conscience et est décédé, ainsi que son père, victime d’un accident de voiture alors qu’il était parti chercher de l’aide.
Les animaux aussi souffrent: douze chats et un chien ont été retrouvés morts dans un appartement abandonné, selon l’organisation Houston Humane Society.
Cercle vicieux de la « clim »
L’organisme en charge de la gestion de la majeure partie du réseau électrique au Texas, Ercot, a prévenu que la demande en énergie était plus forte en raison de la chaleur, mais a dit s’attendre à pouvoir faire face.
« La climatisation peut littéralement sauver des vies », a souligné auprès de l’AFP Kristina Dahl, de l’Union des scientifiques préoccupés (UCS). « Mais si nous ne faisons pas marcher cette climatisation avec des énergies renouvelables, on contribue à relâcher davantage d’émissions dans l’atmosphère, ce qui va encore accentuer la chaleur ».
Il s’agit d’un vrai « défi », a-t-elle jugé, d’autant que peu de gens sur la planète sont aujourd’hui équipés de climatisation, mais que son usage devrait « grimper en flèche dans les prochaines décennies ».
Selon elle, la vague de chaleur actuelle dans le sud du pays est emblématique: « c’est exactement ce à quoi il faut s’attendre dans un monde qui se réchauffe. »
© AFP
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