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Les conseils de l’océanographe Tristan Hatin d’Océanopolis pour aller à la rencontre du vivant sur le bord de mer en Bretagne

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L'estran en Bretagne © Thierry Joyeux/Oceanopolis

L’océanographe Tristan Hatin est responsable de la médiation à Océanopolis à Brest. Alors que les congés estivaux débutent, ce spécialiste des océans nous donne quelques conseils pour des « vacances apprenantes » au bord de la mer. L’occasion d’aller à la rencontre du vivant et de découvrir quelques-unes des espèces marines qui peuplent les côtes bretonnes. Un moyen, pour les grands et les petits, de faire un peu de science tout en se reconnectant à la nature. Une interview pour donner à toutes et tous l’envie d’être curieux.

Comment profiter des vacances à la mer pour découvrir ou faire découvrir aux enfants la biodiversité marine ?

C’est très simple puisqu’il suffit juste de parcourir le bord de mer à marée basse. Il faut bien sûr faire attention au coefficient de marée. En marchant sur l’estran, cette zone de balancement des marées, sableux ou rocheux, on découvre d’incroyables organismes, animaux comme végétaux. On a tenance à oublier qu’ils vivent pourtant dans un milieu extrême.

Quelles espèces peut-on facilement observer sur le bord de mer breton ?

Sur les côtes bretonnes, au niveau de l’estran rocheux, on peut rencontrer le crabe vert, bien à l’abri sous certains rochers. On peut aussi voir des animaux qui vivent fixés sur les roches. Il y a les balanes, de petits crustacés qui forment de petits picots blancs bien visibles. Les balanes font partie du même groupe que les crevettes et les crabes. On peut aussi évoquer les anémones et les différentes variétés d’algues.

« En marchant sur l’estran, cette zone de balancement des marées, sableux ou rocheux, on découvre d’incroyables organismes »

Enfin, même s’il reste d’innombrables espèces à découvrir, il y a bien évidement la patelle, appelée aussi le chapeau chinois en raison de la forme de sa coque. Il s’agit d’un gastéropode qu’on retrouve beaucoup sur les rochers de bord de mer.

Justement, à propos de la patelle, il y a beaucoup à raconter, quelles sont leurs caractéristiques les plus étonnantes ?

La patelle a plusieurs incroyables pouvoirs. Ce mini-gastéropode se déplace uniquement à marée haute, c’est-à-dire quand elle est sous l’eau, pour brouter les algues qui se trouvent sur son rocher. Quand la marée descend, la patelle doit se refermer hermétiquement pour rester humide. Elle retourne mouler à un endroit précis du rocher, toujours le même, là où elle a grandi et s’est développée. En se fermant hermétiquement quand la mer descend, elle garde l’eau jusqu’à la prochaine marée.

patelle
Des patelles © T Joyeux/Oceanopolis

« La patelle a plusieurs incroyables pouvoirs »

Son autre pouvoir est d’utiliser une langue spécifique munie de dents, la redalla, pour brouter les algues. Il faut savoir que les dents de la radula sont le matériel biologique le plus résistant au monde. Les minuscules dents de la radula sont extrêmement solides. Les patelles émettent du bruit quand leur langue râpeuse broute les algues.

« Son autre pouvoir est d’utiliser une langue spécifique munie de dents, la redalla »

Un conseil pour les apprentis observateurs ?

Il faut être attentif et ne pas hésiter à regarder de plus près. Avoir le nez presque sur le sable ou les rochers permet de découvrir plein d’animaux qu’on ne voit pas à première vue. En prenant le temps d’observer un trou d’eau, on verra plein d’espèces différentes. Enfin, il convient de bien faire attention à bien remettre à sa place un rocher si on en déplace un parce que ce dernier peut être le milieu de vie de nombreuses espèces, comme la patelle dont on parlait précédemment. Bouger un rocher peut donc avoir de nombreux impacts.

« Ne pas hésiter à regarder de plus près »

Qu’est ce qui vous marque dans les observations que vous faites en bord de mer ? Qu’en retenez-vous ?

Au niveau personnel, je constate que quand je me balade je découvre toujours des espèces. Par exemple, j’arrive face à un trou d’eau dans un coin où je crois bien connaître les espèces qui y vivent, et je tombe sur quelque chose d’extraordinaire. Je n’avais jamais vu auparavant cette chose. Finalement, il y a toujours cette sensation intéressante de se dire que j’ai vu quelque chose que je ne connais pas, de prendre des photos puis d’effectuer mes recherches. Ainsi, on découvre des espèces, des groupes qu’on ne connaissait pas ou encore des choses bizarres dont on réalise par la suite que ce sont des pontes d’animaux de bord de mer. On se trouve alors dans une zone de nurserie. Se rendre compte de tout ça donne envie de protéger ce milieu. 

« Toujours cette sensation intéressante de se dire que j’ai vu quelque chose que je ne connais pas, de prendre des photos puis d’effectuer mes recherches. »

Quel guide à avoir sur soi ou quelle appli recommandez-vous pour aider à découvrir la faune et la flore du littoral breton ?

Je recommande Bernic&Clic, une application pour smartphone qui permet, à l’échelle de la Bretagne, de reconnaître, d’identifier ce qu’on voit en bord de mer. L’appli, développée par un réseau de partenaires locaux, est gratuite. Elle donne ainsi le nom des espèces, des petites informations et des « fun facts ».

[Le site Internet de l’appli Bernic&Clic]

Et pour les personnes qui n’ont pas la chance d’aller à la mer mais s’y intéressent, que leur suggéreriez-vous ?

Il existe plein de beaux livres sur le milieu marin avec de magnifiques illustrations et photographies. Je conseille aussi de voir ou revoir le film Océans de Jacques Perrin car il retranscrit très bien la beauté de l’océan. Son réalisateur était un amoureux de l’océan, nous avons eu la chance de l’accueillir à Océanopolis pour qu’il prenne quelques images du film. On peut y admirer la diversité qui peuple l’océan à toutes les échelles, des petits organismes, qui font partie du plancton, jusqu’aux plus grands mammifères marins comme la baleine à bosse.

Avez-vous un dernier mot ?

Ce milieu, l’océan et l’estran, que certains côtoient toute l’année et que d’autres ne voient qu’à l’occasion des vacances, est un lieu très sensible. Il faut garder en tête que l’estran reste fragile. Bien observer les animaux et les végétaux qui y vivent aide à comprendre pourquoi et comment le protéger.

Propos recueillis par Julien Leprovost

Pour aller plus loin

Le site Internet d’Océanopolis à Brest, ouvert tout l’été

L’application Bernic&Clic

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